« Désormais nul ne pourra dire : « Là où je suis, il n’est pas venu ; il n’est pas descendu assez bas pour me rencontrer. » Car il n’y a ni déchéance ni abandon qu’il n’ait connu et dont il n’ait fait par sa présence le lieu privilégié de la proximité de Dieu. Oui, il fallait que lui, le Fils bien-aimé, mourût dans la nuit des grands délaissements, pour que sa résurrection fût vraiment la résurrection de tous. Jamais il ne fut si proche de l’homme. Jamais non plus aussi proche de Dieu. Jamais il n’a rendu Dieu si proche de l’homme » (Éloi Leclerc).
« Quand je l’ai rencontrée pour la première fois, j’ai ressenti, en la voyant, une étrange sensation. Ce ne fut point de l’étonnement, ni de l’admiration, ce ne fut point ce qu’on appelle le coup de foudre, mais un sentiment de bien-être délicieux, comme si on m’eût plongé dans un bain tiède. Ses gestes me séduisaient, sa voix me ravissait, toute sa personne me faisait un plaisir infini à regarder. Il me semblait aussi que je la connaissais depuis longtemps, que je l’avais vue déjà. Elle portait en elle quelque chose de mon esprit. Elle m’apparaissait comme une réponse à un appel jeté par mon âme, à cet appel vague et continu que nous poussons vers l’Espérance durant tout le cours de notre vie » (Guy de Maupassant).
I see your true colors. And that’s why I love you. So don’t be afraid to let them show. True colors are beautiful, Like a rainbow…
You with the sad eyes Don’t be discouraged Oh I realize It’s hard to take courage In a world full of people You can lose sight of it all And the darkness inside you Can make you feel so small
But I see your true color Shining through I see your true colors And that’s why I love you So don’t be afraid to let them show Your true colors True colors are beautiful Like a rainbow (Cyndi Lauper, True Colors).
« Derrière ces parts écrasées, se cache un désir, comme le soleil derrière de gros nuages épais et sombres. Fais ressortir ce désir, exprime-le, expose-le devant le Seigneur, fais le luire en sa Présence. Lui accomplira le désir le plus profond de ton cœur » (MJC).
« Je vous aime, pas d’un amour de vacances, d’un amour d’un instant. Je vous aime d’un grand amour dont je veux les tristesses comme les joies, d’un amour où je suis engagée corps et âme, si lourd, si précieux que parfois j’en ai le souffle coupé » (Simone de Beauvoir).
« Quand tes yeux sont fatigués, le monde l’est aussi. Lorsque ta vision a disparu, rien en ce monde ne peut te trouver. Il est temps d’aller dans l’obscurité où la nuit a des yeux pour reconnaître les siens. Là, tu peux être sûr que tu n’es pas au-delà de l’amour. L’obscurité sera ton refuge ce soir. La nuit te donnera un horizon plus lointain que ce que tu peux voir. Tu dois apprendre une chose : le monde a été créé pour y être libre. Abandonne tous les autres mondes, sauf celui auquel tu appartiens. Parfois, il faut l’obscurité et le doux confinement de ta solitude pour apprendre que tout ce qui ne t’apporte pas la vie est trop petit pour toi » (David Whyte, Sweet Darkness, dans Poetry of Presence, 2017, p. 152).
« En chinois, « prendre le temps » s’écrit avec le caractère qui désigne la porte ou la fenêtre. À l’intérieur de cette porte ou fenêtre, il y a le caractère de la lune. Cela signifie qu’il faut vraiment être libre pour prendre le temps de voir la lune et de l’apprécier. Aujourd’hui, la plupart d’entre nous ne dispose pas d’un tel luxe. Nous avons plus d’argent et de confort matériel mais nous ne sommes pas vraiment plus heureux, parce que nous n’avons simplement pas le temps d’apprécier la compagnie de ce qui nous entoure » (Thich Nhat Hanh, La terre est ma demeure).
« Le vin qui coule dans ma veine A noyé mon cœur et l’entraîne Et je naviguerai le ciel À bord d’un cœur sans capitaine Où l’oubli fond comme du miel.
Mon cœur est un astre apparu Qui nage au divin nonpareil Dérive, étrange devenu! Ô voyage vers le Soleil Un son nouvel et continu Est la trame de ton sommeil.
Mon cœur a quitté mon histoire Adieu Forme je ne sens plus Je suis sauvé je suis perdu Je me cherche dans l’inconnu Un nom libre de la mémoire » (Catherine Pozzi, Scopolamine).
Catherine Pozzi, dont l’art poétique séduisit et émoustilla Paul Valéry, nomme ce poème « scopolamine » : c’est une substance chimique qui cause des pertes de conscience et de mémoire !
Je participe à une session IFS à La Rouvraie, en Suisse. Ma chambre a vue sur le lac de Neuchâtel et, derrière lui, sur tout son long, s’alignent des monts enneigés de la chaîne alpine, dont sa Majesté, le Mont Blanc, qui culmine à 4808 mètres. Ils sont 72, d’après les noms fournis par la plaque « panorama des Alpes » : la cour des grands !
6 heures et quelques, un chocolat bien chaud à la main et dans la gorge, quel bonheur de prendre part à cette liturgie en l’honneur de Sire, Soleil levant. Merci pour ces laudes de lumière, oiseaux aux gazouillis de feu, montagnes dans les airs, lac et mer sortis des Jupes-y-terre. À tout seigneur, tout honneur : les rayons de soleil touchent d’abord la couronne et la tête du Mont Blanc. Dans le même temps qu’ils le font frissonner de haut en bas, ils répandent leur chaleur dorée à la Cour royale : tous ces grands sages immobiles qui l’entourent, encore tout ennoblis par leur manteau blanc au point d’ignorer royalement les signaux de vie qui viennent du peuple en bas, enivré par les parfums de printemps qui se répandent, en cette fin mars, partout autour du lac… Vivent les basses-cours dont la vie bêle, des poubelles (courtisées par tant de bêtes à ailes) aux plus belles (courtisées par tant de bêta-L Lambda) ! Lamb da / oui : bientôt Pâques, l’exécution de l’Agneau, ayo…
« Le miracle de l’humain peut ennoblir n’importe quel endroit. Bien sûr, les buildings avec leurs yeux aveugles, les grands magasins avec leurs fanfaronnades écrasent davantage le passant qu’un marché sur une place ensoleillée. Un quignon de soleil, un petit verre de paroles claires, simples, pures suffisent pour traverser beaucoup de choses, peut-être même la totalité de la vie » (Christian Bobin, lors d’un entretien).