« La tristesse enveloppe, l’ennui pénètre » (Henri de Régnier, Donc, 1927).
« La gaieté comme la tristesse se lèvent comme un grain noir au fond de mon horizon » (Henri-Frédéric Amiel, Journal intime, 26 janvier 1853).
« Douceur du monde : la tristesse qu’on partage ; les larmes qui se mêlent à d’autres larmes sont un baume pour la douleur » (George Sand, Jacques, 1834).
Il était une fois, dans un royaume lointain, un grand bal où se rencontrèrent de nobles Comtes défaits, ruinés, fuyant leurs comptables & comptes des faits, au point de se plonger dans leur propre conte de fées.
Ils choisirent ensemble une retraite : vivre très simplement à la campagne sans dettes. Ils apprirent à faire sans grande dépense la fête. Enfin, ils eurent de bons comptes sans défaite. Ils vécurent heureux, dans le respect de la planète. Vive la simplification de vie, prophète !
D’où vient l’alternance des saisons stérile et fertile ? La mythologie romaine l’explique par cette histoire : alors qu’elle cueillait des fleurs au pied du volcanique Etna, la très belle Proserpine fut enlevée par Pluton (le dieu des enfers) qui voulut en faire sa reine. Cérès, la mère de Proserpine, la chercha pendant neuf jours et neuf nuits sans manger ni boire, un flambeau allumé dans chacune de ses mains. À bout et furieuse, elle rendit la terre stérile et déclencha une famine. Après une médiation compliquée de Jupiter (le frère de Cérès et de Pluton), Proserpine passera dorénavant 6 mois avec sa mère Cérès (mère heureuse => terre fertile) et 6 mois avec son mari Pluton (mère portant le deuil => terre stérile & livrées en mode hiver).
Étymologiquement, « février » signifie « purification ». À l’approche du temps des semailles, nos ancêtres fêtaient ce temps de renouvellement où l’on termine la farine de la saison passée (vivent les crêpes) et où l’on espère les fruits de la saison qui vient. À la Chandeleur qui vient du mot « chandelle », les Romains organisaient des processions aux flambeaux et des cérémonies aux bougies qui avaient pour but de purifier les habitations et les espaces sacrés. Ce mois de février, charnière entre l’hiver et le printemps, célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres et l’espoir du renouveau, ce qui résonne aux oreilles chrétiennes avec la présentation de Jésus au Temple quarante jours après sa naissance (conformément à la tradition juive pour tout premier-né).
Guérir d’un traumatisme, c’est pouvoir refaire un geste simple et naturel qui a été interdit depuis ce traumatisme et qui semble être devenu impossible depuis lors.
Plus décisif qu’un enjeu de compréhension, la guérison, ça marche par un geste approprié, une action qui rouvre une porte bloquée.
Quel est le geste qui modifie la configuration ? Il suffit d’un simple geste fait en sécurité et enveloppé d’amour !
Il se tordait, pensait de travers, voyait de travers, avait une posture physique tordue. « Ce n’est pas vous cette torsion ! » Et, tout à coup, désidentifié, il lâche le geste interdit, décharge les blocages qui y sont liés, fait le geste libérateur et se retrouve dans son axe naturel ; il redevient vivant simplement.
« Madame, vous êtes beaucoup plus que le drame que vous avez vécu ». Cessant d’être réduite à sa part prisonnière de ce drame, la voilà en train de vivre un désamalgamage et ressentir dans ses tripes de la compassion pour cette part coincée. Ça s’élargit en elle… Et voilà que les symptômes disparaissent… Et voici que sa part recroquevillée (racrapotée, dit-on encore mieux en Belgique) peut enfin se déployer et redevenir pleinement elle ; je dirais même plus : déployer ses ailes à elle !
« Arrêtez de parler, d’expliquer, de penser, de vous plaindre… et faites quelque chose, asseyez-vous convenablement, changez de position ! » (François Roustang, La Fin de la plainte, Il suffit d’un geste).
« Le thérapeute incite simplement le patient à l’action, ne sachant souvent pas ce que cette action sera » (Milton H. Erickson, Hypnoticpsychotherapy, in The medicalclinics of North America, 1948).
« Ce sont les réponses physiologiques, plutôt que l’événement traumatique lui-même, qui déterminent la gravité de l’impact du trauma » (Stephen Porges, Polyvagal Theory NeurophysiologicalFoundations of Emotions, Attachment, Communication, and Self-Regulation).
Aller dans ce sanctuaire intérieur où la sécurité et l’amour m’autorisent à me laisser à nouveau être moi, en laissant venir à moi ce geste (qui peut être métaphorique ou imaginaire) par lequel je me remets simplement à ma place : cercles vertueux entre le Self, mes parts et mon corps qui me ramènent au bon endroit, c-à-d au centre de ma vie, là où jaillit l’étincelle de la Vie, qui me font revenir au coeur de mon existence, là où je suis force douce et tranquille, lumière intacte et intègre.
Le thérapeute n’est pas un guide qui devance la personne, mais un accompagnateur qui reste côte-à-côte, à l’écoute de ce qui est vivant ici et maintenant en elle.
« Se connaître est la démangeaison des imbéciles » (Georges Bernanos).
« Le ténia vit en parasite de l’homme. De même, l’humanité vit en parasite de la vache, en se collant à ses pis comme une sangsue » (Milan Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être).
« Ne pas faire quelque chose, voilà le vrai luxe » (Herman Melville).
« Dans l’urgence et la précipitation, nous perdons de vue ce qui est essentiel. Le calme et le repos sont les vraies sources de notre créativité » (Eknath Easwaran).
« Le silence et la tranquillité apportent la sagesse, comme une mer calme reflète la beauté du ciel » (Thich Nhat Hanh).
Savez-vous que faire de courtes siestes dans la journée protège la bonne santé du cerveau ? C’est ce que montre une étude scientifique de l’University College London, parue dans la revue Sleep Health en juin 2023.
Le cerveau rétrécit naturellement avec l’âge et s’atrophie en fin de vie. Or, ces chercheurs affirment avoir établi un lien entre les siestes diurnes habituelles et un volume cérébral total plus important : les personnes adeptes des petites siestes finissent par avoir un cerveau plus grand de 15 centimètres cubes et donc plus jeune de 2,6 à 6,5 ans.
Les siestes régulières ralentissent la neurodégénérescence et le déclin cognitif !
« Quand je danse, je danse. Quand je dors, je dors » (Montaigne).
Marianne Aya Omac chante ‘Je reviens’ : https://www.youtube.com/watch?v=sSr1JZNprlw
Oui, je reviens de guerre. Je ne suis pas blessé. J’ai traversé l’enfer et je m’en suis tiré. Mais j’ai sauvé ma vie au prix de tellement d’autres Que j’éprouve un remord d’être parmi les vôtres. J’ai lancé des grenades, vous me lancez des fleurs et, pour avoir tué, m’accueillez en vainqueur. Quand je vois cet enfant qui m’apporte une gerbe, je pense que là-bas d’autres dorment sous l’herbe.
Oui je reviens de guerre, Mais, je vous en supplie, ne me demandez pas d’être fier d’être ici. J’ai fait comme les autres, je me suis défendu. Je ne voulais pas mourir, mes adversaires non plus. Ce n’est pas la violence qui nous faisait agir mais une peur immense de ne plus revenir. Pour vous, c’est terminé, vous chantez la paix. Moi, je pleure ces morts qui ne m’avaient rien fait.
Oui, je reviens de guerre ; on dit qu’on a gagné… Mais, pour l’amour de Dieu, cessez de m’acclamer, car, si je suis ici, c’est que d’autres sont morts. Et leurs cris d’agonie me poursuivent encore. Qu’on ne me dise pas que j’ai des ennemis. Je n’ai vu que des hommes transformés en soldats qu’on obligeait à faire ce qu’ils ne voulaient pas.
Oui je reviens de guerre, mais vos chants de victoire n’effaceront jamais l’horreur de ma mémoire. Je crois entendre un bruit, celui du corps d’un homme qui tombe. Et le dernier soupir de celui qui succombe, et le dernier regard de ceux que j’ai tués m’a placé pour toujours au banc des accusés. Arrêtez la fanfare, rangez tous vos drapeaux ; je suis un criminel, je ne suis pas un héros.
« Il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures » (Luc 24, 45). Il ne s’agit pas ici de l’intelligence des Q.I. élevés, des sachants et des érudits, c’est l’aptitude à recueillir ce qu’offrent les temps de recueillement, l’habilité à ouvrir les yeux du cœur et de l’âme qui se laissent toucher par les présences invisibles (aux yeux de chair), la capacité à reconnaître la Présence de Qui se révèle dans le bruissement de la Vie…
Voici un modèle de recueil raffiné né de recueillements cueillant : Marie-Christine Hazaël-Massieux, À la lumière de Dieu, en chemin dans l’intelligence du cœur, Desclée de Brouwer, 2024, qui aide à ouvrir peu à peu les yeux à Plus grand que nous dans ses clins d’yeux d’instant en instant.
« Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (Alphonse de Lamartine, L’isolement dans Méditations poétiques).
Poème complet :
Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil, tristement je m’assieds. Je promène au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ; Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ; Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.
Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Le crépuscule encor jette un dernier rayon, Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.
Cependant, s’élançant de la flèche gothique, Un son religieux se répand dans les airs, Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente N’éprouve devant eux ni charme ni transports, Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante : Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.
De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant, Je parcours tous les points de l’immense étendue, Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.
Que le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un œil indifférent je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.
Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière, Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ; Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire, Je ne demande rien à l’immense univers.
Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ; Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !
Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore, Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi ! Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ? Il n’est rien de commun entre la terre et moi.
Quand la feuille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !