Le feu dans l’éruption, et l’eau dans l’érosion

Peut être une image de plein air et texte qui dit ’Le feu dans L'éruption, et 'eau dans L'érosion, ainsi en να la vie, qui danse, elle qui jaillit des tréfonds de la terre et éclate dans les airs Etienne Ctome’

Magnifiques entrailles de l’île de La Réunion labourées de part en part par la dense danse entre la lave magmatique qui édifie des terres volcaniques et l’eau qui les use et les ramène à la fluidité de l’océan. « Dans ce face-à-face entre eau et lave, les cirques majestueux et les vallées de La Réunion sont le témoignage de ce tour de force des eaux vives qui ont su tracer leur chemin dans la roche. Sur les pentes du Piton de la Fournaise, les champs de lave gagnent du terrain jusqu’à l’océan. La toute-puissance des eaux est déjà à l’ouvrage… Dans cette confrontation grandeur nature entre érosion et éruption, La Réunion est un laboratoire à ciel ouvert. Chaque jour, se rejouent les scénarios millénaires de l’évolution des reliefs terrestres. Et tant que les nuages venus de l’océan montent irrésistiblement à l’assaut des pentes, cette histoire d’eau et de feu restera toujours intense » (Philippe Allante, La Réunion, au cœur des rivières).

La mort fin de vie et faim de Vie

« La mort n’est pas une fin, elle peut-être un commencement, une naissance ou un voyage » (Marguerite Yourcenar, Le mystère d’Alceste).

« Il n’y a rien de plus significatif que la Mort, soit qu’elle ferme l’horizon de l’homme, soit qu’elle le rouvre » (Edmond Thiaudière, La soif du juste).

« Prendre appui sur ce qui nous enferme pour devenir libre ! » (Coline Billen, proposant des exercices physiques de conscience corporelle, qui font vivre cela).

A tombeaux ouverts

« La mort est une formalité désagréable, mais tous les candidats sont reçus » (Paul Claudel, Journal, Tome II).

« Morgue : refuge très frais où les pensionnaires le sont moins » (Philippe Bouvard, La belle vie après 70 ans).

« La mort, sans la honte, est aussi bien venue que l’enfant nouveau-né » (Shûdraka, Le chariot d’enfant).

Confiance dans ce qui nous a suscités puis ressuscité

« Le christianisme, durant des siècles, a popularisé la foi en la résurrection de la chair. Mais, pour beaucoup aujourd’hui, cette foi résonne comme un déni de la raison. […] Alain Comte-Sponville nous avertit dans son livre L’esprit de l’athéisme : « Il n’y a pas à espérer au-delà de ce qui nous est possible. C’est l’amour, non l’espérance, qui fait vivre ». Et si nous changions de regard ? En fait, ce n’est pas la résurrection qui est incroyable. En réalité, l’étonnant, l’improbable, l’incroyable est déjà arrivé.  Il réside dans notre « surrection » elle-même, celle que nous éprouvons aujourd’hui dans notre existence relationnelle et désirante, plongés que nous sommes dans un univers fantastique que les sciences ne cessent de découvrir avec émerveillement depuis l’infiniment petit jusqu’à l’infiniment grand. Qu’il y ait quelque chose plutôt que rien, que nous soyons ainsi jetés dans l’existence est un mystère qui ne souffre pas d’explication. De ce point de vue, la perspective d’une résurrection n’est pas moins étonnante, n’est pas moins impossible ou incroyable que la vie elle-même qui nous est donnée aujourd’hui. Pourquoi moi, avec le corps qui est le mien, puissance de désir et de relation, serais-je rejeté dans le néant alors que j’en ai été tiré ?  Pourquoi la vie physique, une fois épuisée, ne serait-elle pas « relevée » de la même manière qu’elle a été suscitée. Au nom de quoi, par quel goût de mort, pourrions-nous prétendre, a priori que la vie suscitée en nous ne pourrait être ressuscitée à nouveau dans une nouvelle donation aussi étonnante que la première. L’étonnement d’exister que nous pourrions éprouver alors ne serait pas moindre que celui d’exister aujourd’hui. […]

La résurrection envisagée dans cette perspective n’invite pas à croire en  un autre monde qui doublerait le nôtre, qui serait comme un arrière-pays, inaccessible à nos sens. La question n’est pas de « croyance » en un autre monde caché derrière le nôtre, mais de « confiance » dans ce qui nous a suscités à l’existence, dans l’espérance que nous ne serons pas abandonnés dans le néant dont nous avons été tirés. En d’autres termes, la foi en la résurrection n’est pas autre chose que la confiance en la puissance qui nous tient en vie aujourd’hui. […]

Selon le témoignage des Évangiles, Jésus était un homme de désir animé, de part en part, par une confiance radicale en la puissance bienveillante qui engendre à la vie.  Il osait l’appeler et la prier familièrement en disant « Notre Père ». C’est d’ailleurs cette foi qui l’a conduit à adopter une manière d’être et à tenir des propos d’une nouveauté si radicale qu’elle réveillait la vie en chaque rencontre. Condamné injustement par les religieux de son temps, crucifié dans la plus extrême violence, fallait-il qu’il en restât là ? Fallait-il donc que les choses s’arrêtent là pour sceller définitivement la victoire du mal et de la mort ? À moins que la puissance de qui nous tenons la vie lui ait rendu justice et témoignage en le ressuscitant. C’est en tout cas le témoignage qui court à son propos. Pas de preuve. Juste une faille, une trouée, une trace, un tracé… Incroyable la résurrection ? En tout cas, il serait déraisonnable de n’en point garder l’espérance » (André Fossion).

Vieillir = renaître

« Janvier » vient de Janus, le dieu romain des  commencements et des fins, des choix, du passage et des portes. Comme une porte ouvre sur deux possibilités, Janus a deux visages : l’un tourné vers l’avant, l’autre vers l’arrière !

« Un homme âgé n’est qu’une chose misérable, à moins que son âme chante » (Frère Luc, moine trappiste de Tibhirine, chanté par Michael Lonsdale).

« Si un homme ne naît de nouveau,

il ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jean 3,3).

« Tomorrow, from time’s belly, a new year will arise / Demain, du ventre du temps, surgira une année nouvelle » (Njabulo Ndebele).

Deuil

« Tu es parti et tu resteras toujours présent dans ma vie avec ce que tu m’as donné.

Rien, non rien ne peut altérer ce que nous avons vécu de beau ensemble.

Les relations sont comme des rêves : elles meurent seulement le jour où on les abandonne.

Tu es parti et tu habites pourtant ce que je suis devenue…

Et je garde au fond de mon cœur l’espérance de tes bras dans notre ultime rencontre » (auteure anonyme).

The lovers together for ever

« Ceux qui s‘aiment par l’Esprit ne cesseront jamais de s’aimer. […] Ainsi, le sentiment de l‘amour, au lieu de s’arrêter en eux et de s’y endormir, ne fait que s’accroître et embraser leur cœur d’une flamme nouvelle. Ils s’élèvent toujours en s‘aimant jusqu’à Dieu » (Antoine Blanc de Saint-Bonnet, De l’unité spirituelle, 1845).

L’heure de la mort = un crible qui retient l’essentiel

L’heure de la mort  tamise ce que tu as vécu.

 Ne traverse le portail que l’amour échangé.

C’est le temps de lâcher ce que tu as bloqué,

c’est le temps d’emporter ce que tu as donné.

surtout de découvrir ce que tu as reçu,

bien au-delà de ce que tu avais perçu.

« La mort est le plus grand de tous les maîtres.
Plus grand que toutes les philosophies.
Plus vrai que toutes les religions.
La mort nous dépouille des mensonges, des faux-semblants.
La mort se moque de notre ressentiment. Elle consume notre avidité, notre rancune et nos griefs. La mort nous invite à être complètement présents, à lâcher prise, à pardonner, à nous rejoindre, sans histoire.
La mort nous fait comprendre que seul l’amour compte, que seul l’amour fait que la vie vaut la peine d’être vécue, et que tout le reste est poussière.
La mort est un portail impitoyable. Les richesses du monde ne peuvent rien contre elle. La haine ne peut lui survivre. Seul l’amour peut le franchir. Nous retournons à notre Vraie Nature.  Le cycle est terminé » (Jeff Foster).

L’amor trompe la mort

« Quand vient la mort,
tel l’ours affamé en automne,
Quand vient la mort

et qu’elle puise dans sa bourse
toutes ses pièces étincelantes pour m’acheter
puis referme cette bourse d’un coup sec…

Je veux passer cette porte,
emplie de curiosité en me demandant :
à quoi donc va ressembler cette demeure d’obscurité ?

C’est pourquoi je regarde toutes choses
comme une fraternité et une communauté…
Je pense à chaque vie comme à une fleur aussi commune
qu’un champ de marguerites et aussi remarquable.
Chaque corps est un lion de courage,
quelque chose de précieux pour la Terre.

Quand ce sera la fin, je veux pouvoir dire :
toute ma vie j’ai été l’épouse mariée à la stupeur ;
j’étais le marié prenant le monde dans mes bras »

(Mary Oliver).

L’amour, au creuset de mille morts, devient or

« Celui pour qui le temps est comme l’éternité et l’éternité est comme le temps, celui-là est libéré de toute lutte » (Jacob Boehme, L’Aurore Naissante, 1612).

« Le temps, tout le consume. Et l’amour seul l’emploie » (Paul Claudel).

J’aime le positionnement spontané de ma maman (85 ans)
fin mars dernier, en plein confinement :
« Si mon heure est venue, je suis prête.
Et si mon heure n’est pas venue, t’inquiète ;
je préfère que tu viennes me rendre visite… ».
Nous avons respecté les gestes-barrières, sans pour autant laisser l’ambiance anxiogène de crise généralisée nous affecter et nous mettre elle-même en danger.
Veiller à éviter l’infection, oui, sans pour autant sacrifier notre affection
car elle aussi est importante pour notre santé !

La confiance ne nous donne pas d’échapper à la mort, elle nous donne de la recevoir, quand notre heure est venue, comme un ange qui nous conduit encore plus à l’intérieur de la maison…