agréable à table

Bel exemple de l’art de mettre les pieds dans le plat
(ou de glisser sur les mots comme on marche sur une peau de banane) ?
C’est l’histoire d’un mec, non, d’un autre mec, j’en connais plusieurs, à qui on a raconté une histoire et qui l’a très bien comprise, lui, mais qu’au moment de la raconter il était bien emmerdé avec. Et l’histoire qu’on lui a raconté au mec, c’est l’histoire d’un éléphant qu’est dans la jungle.
Un éléphant normal, blanc, y s’approche de la rivière pour boire parce que là-bas y a pas de bistrots. Y va à la rivière,
y met un pied dans l’eau,
y met deuuuuuux pieds dans l’eau,
y met sa trompe dans l’eau,
et à ce moment-là, y a un crocodile qu’arrive et qui lui mange la trompe.
Et l’éléphant y s’relève et y dit : « Et fous trouffez cha trôle ! »

Et le mec à qui on a raconté l’histoire, un jour y se trouve invité à dîner chez des amis, et vous savez comment c’est, souvent les mecs y s’invitent à dîner et y n’ont pas grand-chose à se dire.

  • —Alors et toi ça va, oui ben ça va, et toi ça va ?
  • —Oui, moi, ça va et toi ?
  • —Ben, ça va et toi ?
  • —Oui ça va, et toi ça va ?
  • —Oui, ça va et toi ?
  • —Ben, ça va et toi ?
  • —Ça va, et à part ça ?
  • —Ben, ça va…
    Oui, ben deux heures ça fait long.
    Et, au bout de deux heures, y a un mec qui fait à l’autre :  » Hé, dis donc, toi qu’es rigolo, t’as qu’à nous raconter une histoire, toi qu’es rigolo. »
    Bon… Et le mec y se lève et y fait :
     » Ben voilà, c’est l’histoire d’un éléphant qu’est dans la jungle qui va au bord de la rivière pour boire, y met un pied dans l’eau, y met deuuuuuux pieds dans l’eau, y met… »
    Et, à ce moment là, y a la maîtresse de maison qui revient de la cuisine avec un clafoutis, et la maîtresse de maison a un bec de lièvre en plus du clafoutis, elle a un bec de lièvre qui part d’ici et qui finit comme ça…
    Elle arrive et elle dit :
     » Qui ch’est qui feut du chlafoutis ? »
    Alors le mec il est bien emmerdé avec son histoire.
    « Alors l’éléphant y met troiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis pieds dans l’eau, tout ça, ceci, cela et puis à ce moment-là, y a un crocodile qui arrive, tout petit, et y lui mord la queue, tiens. »
    Et la maîtresse de maison, elle fait :
    « Et fous trouffez cha trôle ? »

L’inénarrable Coluche

Inénarrable = adjectif

  1. Sens ancien :
    qu’on ne peut raconter ; inexprimable.
  2. Sens moderne :
    dont on ne peut parler sans rire.

requin qu’est ?

« J’aime me promener dans les bois, sur les sentiers,
le long des plages. J’aime faire partie de la nature.
J’aime marcher seule. C’est une thérapie.
Il faut être seul pour se ressourcer »
(Grace Kelly).

Que dit un crayon à un taille-crayon surbooké ?


« Prends ton temps,
je ne voudrais pas que tu te blesses
quand tu te tailles ou tu te pointes ! »

Ne regardez pas le renard qui passe

Qui ne connaît pas ce jeu en groupe : tous assis par terre en cercle, tournés vers l’intérieur, en chantant « Ne regardez pas le renard qui passe mais regardez-le quand il est passé ». Sauf un (le renard) qui en fait le tour extérieur et lâche son mouchoir le plus discrètement possible dans le dos d’un du groupe. Tant que le marcheur ne m’a pas dépassé, je n’ai pas le droit de regarder dans mon dos. Si j’ y trouve le mouchoir, je le saisis, me lève au plus vite pour rattraper le marcheur devenu coureur, lequel relève son défi s’il parvient à faire le tour et à s’asseoir à ma place vacante ; je suis alors bon pour le remplacer. Sinon il reste le porteur du mouchoir à larguer. Le top du top pour lui est de parvenir à faire le tour complet à son aise, sans que je n’ai remarqué le mouchoir dans mon dos.

Quand j’étais petit, j’adorais ce jeu où plus on est nombreux, mieux c’est !

Aujourd’hui, quand je suis à l’étranger, j’aime demander aux gens s’ils connaissent ce jeu. Et je suis impressionné par le nombre de variantes : la clé de Saint Georges (« Je porte, je porte, la clé de Saint Georges ; quand je l’aurai assez portée, je la laisserai tomber au pied d’un rocher ») ; le jeu du facteur (la clé est un colis postal : « Le facteur n’est pas passé, il ne passera jamais, lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche ») ; « Train, train, train balai » ou « Traîne-traîne, mon balai » ; « À la une, à la deux, à la trois dans la boîte à chocolat » ; « À la quatre, à la cinq, à la six… mangez un petit suisse… ».

Version anglophone : duck, duck, goose : pas de mouchoir mais celui qui court est le picker qui pointe chacun de ses camarades comme duck (canard), jusqu’à ce qu’il choisisse the goose (l’oie) qui doit lui courir après…

Bonnes digestions de ce passage 2024 – 25 !

La vieillesse pour sortir de la vanité

« Pourquoi un dattier perd-il ses feuilles en automne ?
Pourquoi chaque beau visage devient-il dans la
vieillesse ridé comme le dos d’un lézard lybien ?
Pourquoi une tête chevelue devient-elle chauve ?
Pourquoi est-ce que la force du lion
faiblit jusqu’à disparaître ?

Ils ont mis des robes empruntées
et prétendu qu’elles étaient les leurs.
Dieu reprend les beaux vêtements,
pour qu’ils apprennent la fugacité
de la robe de l’apparence.
Leur lampe est allumée par une autre lampe.
Il est temps de le reconnaître et d’en
rendre grâce avec gratitude »
(Rûmi, La vieillesse).

« Souviens-toi de ton Créateur avant que s’obscurcisse le soleil, au jour où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les personnes vigoureuses qui cessent, l’une après l’autre, de moudre, quand s’éteint la voix de la meule, quand s’arrête le chant de l’oiseau, et quand se taisent les chansons, lorsque l’humain s’en va vers sa maison d’éternité et que les pleureurs sont déjà au coin de la rue, avant que le fil d’argent se détache, que la lampe d’or se brise, que la cruche se casse à la fontaine, que la poulie se fende sur le puits et que la poussière retourne à la terre comme elle en vint, et le souffle de vie à Dieu qui l’a donné. Vanité des vanités, tout est vanité ! » (Qohéleth, 11).