Que serais-je sans toi ?

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu’un cœur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J’ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j’ai vu désormais le monde à ta façon
J’ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J’ai tout appris de toi jusqu’au sens du frisson.

J’ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu’il fait jour à midi qu’un ciel peut être bleu
Que le bonheur n’est pas un quinquet de taverne
Tu m’as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l’homme ne sait plus ce que c’est qu’être deux
Tu m’as pris par la main comme un amant heureux.

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N’est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre, terre, voici ses rades inconnues.

(Louis Aragon, Que serais-je sans toi,
dans le recueil : Le roman inachevé, 1956).

À quoi je vois que je suis amoureux de toi ?

À quoi je vois que je suis amoureux de toi ?

Je te souhaite sincèrement le meilleur, je te désire heureuse.
Je t’encourage à te donner les espaces à toi, pour être pleinement toi.
Je respecte la distance que tu prends et qui concourt à une relation saine, une présence non emmêlée, une connivence renouvelée.
Je peux bien vivre seul, à distance, mais l’alliance entre nous deux reste un socle. Elle est comme une base fondamentale en moi. Lorsque je respire et me pose dans le Souffle, lorsque je prie le Père qui est aux cieux et la Mère qui engendre la Terre, lorsque le Ciel et la Terre se marient en moi, tu restes cette convive qui participe à titre essentiel avec moi à ce moment de Création et récréation dans l’amour…

À quoi je vois que je suis amoureux ?

Tu es unique pour moi, tu es la seule personne sur cette terre que je reçois à un certain niveau de moi. Seule toi peux pénétrer dans cet espace intérieur intime, dans ce sanctuaire consacré. Et quel cadeau précieux que tu m’offres la réciproque !

À quoi je vois que je suis amoureux ?

Quand tu me dis que tu ne m’aimes plus, plusieurs membres de mon équipe intérieure perdent leur élan spontané de vie, leur spitant. Le plus déboussolé est le créatif qui est en deuil de sa muse.

Quand tu me dis que tu m’aimes, aussitôt tous font la fête et retrouvent cet alignement essentiel à ma vie d’époux. L’instant d’avant, un élément essentiel ne tournait pas rond ; l’instant présent est une fête d’éternité sans nulle fin, un faîte d’Eternit & ondulant de mille gourmandes faims …

À quoi je vois que je suis amoureux ?

Un sourire de toi me fait danser de joie.
Un simple et bref mot d’amour de toi allume en moi un feu près duquel il fait si bon vivre, avec cette bonne chaleur qui pénètre les recoins de mon cœur et s’y s’attarde…
Un geste de tendresse de toi et c’est tout mon corps qui se relâche.

À quoi je vois que je suis amoureux ?

Quand je suis stressé, agité, guerrier alerté, dans sa phase retranchée ou à l’assaut au lasso, j’ai une profonde gratitude de pouvoir compter sur ta capacité d’ancrage, de prise de recul, de sagesse, de paix, de douceur. Je mesure le trésor sans prix d’être épousé dans mes failles, mes défaillances, mes errances.

Quand toi, tu es au fond de ton trou, emberlificotée dans tes failles, tes défaillances, tes errances, je suis capable de ne pas t’y enfermer, de ne pas t’y réduire. Je garde une connexion à ton Essentiel, à ta beauté magique, à ton axe de lumière. Je suis là, je reste là, je prends des coups et je tends l’autre joue, en prenant des initiatives, du mieux que je peux, pour que tu puisses sortir de ton trou et à nouveau danser la vie avec légèreté, comme tu en es capable lorsque tu es alignée à l’Amour, qui coule en nous comme une source inépuisable et surabondante…

Une seule personne sur cette terre compte essentiellement pour moi, l’adulte que je suis, et cette personne, c’est toi.

« Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent », comme le clame si justement Paul Baudiquey dans Rembrandt, Le retour du prodigue (DVD de la CCN, Lyon, AME, 2014).

Je t’aime, Christine, telle que tu es, avec tous tes nœuds et tes passages de mort. Et je prie le Ciel et la Terre tout entiers de venir te remplir de cet Amour qui ne finit pas, pour que tu puisses m’aimer tel que je suis, avec toute ma fougue et mes gestes/paroles de mort.

Misericordias Domini in aeternum cantabo
in generationem et generationem annuntiabo veritatem tuam in ore meo.

Amour vulnérable

« Je vous aime, pas d’un amour de vacances, d’un amour d’un instant. Je vous aime d’un grand amour dont je veux les tristesses comme les joies, d’un amour où je suis engagée corps et âme, si lourd, si précieux que parfois j’en ai le souffle coupé » (Simone de Beauvoir).

« Le mariage, paradoxalement, est à la fois le lieu des liens les plus forts et le lieu de manifestation de nos plus grandes vulnérabilités » (Xavier Lacroix, Le mariage comme projet de vie, dans FAMILLE ET CONJUGALITÉ (dir. Nicole Deheuvels, Christophe Paya), p. 59).

Le trésor de l’amitié

Merci, Julos Beaucarne, pour tes cadeaux éternels,
dont la chanson des vrais amis :
https://www.youtube.com/watch?v=zlR57_sVM4g0
Comme tu nous manques…

« Si l’amour est la suprême friandise du cœur,
l’amitié est le pain de tous les jours » (Victor Cherbuliez).

« L’amitié, lorsqu’elle est bien sentie, est de toutes les jouissances du cœur la plus précieuse et la plus délicate. C’est une aimable sympathie qui nous porte l’un vers l’autre par une pente douce et naturelle. Cette passion (car pour les bons cœurs c’en est une), exempte des chagrins de l’amour, garde toujours les charmes de l’amour naissant. Elle est la compagne de l’innocence, l’appui de la raison, le soutien de la vie et le premier aliment du cœur. Le lait ranime un corps épuisé ; l’amitié seule ranime un cœur languissant » (Charles-Albert Demoustier).

Le pardon ne change pas le passé mais bien l’avenir

Mon mari et moi étions mariés pendant 46 ans. À toutes les Saint-Valentins, il m’envoyait un bouquet de fleur contenant une note avec 5 mots simples: « Mon amour pour toi grandit ». Quatre enfants, 46 bouquets et toute une vie d’amour étaient son héritage quand il nous a quittés il y a deux ans. À ma première Saint-Valentin seule, dix mois après l’avoir perdu, je fus étonnée de recevoir un magnifique bouquet destiné à moi. J’ai appelé le fleuriste pour lui dire qu’il s’agissait probablement d’une erreur. Le fleuriste répondit : « Non madame, ce n’est pas une erreur. Avant de mourir, votre mari a prépayé des années de bouquets et nous a demandé de lui garantir que vous alliez continuer de recevoir un bouquet à chaque Saint-Valentin ». Avec le cœur tremblant, j’ai raccroché et lu la carte attachée au bouquet. Elle disait : « Mon amour pour toi est éternel ».

Même si l’on vient à tout perdre, Dieu seul suffit

« Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante.
Tout passe, Dieu ne change pas, la patience obtient tout.
Celui qui possède Dieu ne manque de rien : Dieu seul suffit.
Élève ta pensée, monte au ciel, ne t’angoisse de rien, que rien ne te trouble.
Suis Jésus-Christ d’un grand cœur, et quoi qu’il arrive, que rien ne t’épouvante.
Tu vois la gloire du monde ? C’est une vaine gloire ;
il n’a rien de stable, tout passe.
Aspire au céleste, qui dure toujours ;
fidèle et riche en promesses, Dieu ne change pas.
Aime-Le comme Il le mérite, Bonté immense ;
mais il n’y a pas d’amour de qualité sans la patience.
Que confiance et foi vive maintiennent l’âme :
celui qui croit et espère obtient tout.
Même si lui viennent abandons, croix, malheurs,
si Dieu est son trésor, il ne manque de rien.
Allez-vous-en donc, biens du monde ; allez-vous-en, vains bonheurs :
même si l’on vient à tout perdre, Dieu seul suffit »
(Sainte Thérèse d’Avila).

Quand ta grâce m’a effleuré…

J’ai rêvé tellement fort de toi,
J’ai tellement marché, tellement parlé,
Tellement aimé ton ombre,
Qu’il ne me reste plus rien de toi.
Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres,
D’être cent fois plus ombre que l’ombre,
D’être l’ombre qui viendra et reviendra
Dans ta vie ensoleillée.           
(Robert Desnos, Domaine public,
poète français mort en déportation).

Toutes les œuvres du Créateur vont deux par deux, l’une révélant l’autre

« Considère bien toutes les œuvres du Créateur, elles vont deux par deux, l’une révélant l’autre. Ainsi, la mort face à la vie » (Siracide 33,15 ; livre biblique de Ben Sira le sage).

« Nous n’irons pas au but un par un mais par deux.
Nous connaissant par deux, nous nous connaîtrons tous.
Nous nous aimerons tous et nos enfants riront
de la légende noire où pleure un solitaire » (Paul Eluard, Le temps déborde, 1946).

Magnifique déclaration de Tristan à Yseult : « Mon visage dans tes yeux se reflète, comme se reflète le tien dans les miens et la pureté des cœurs, dans nos visages, reposent… J’ignore si la vie est plus grande que la mort mais l’amour l’est plus que les deux ! »

Effroyable illusion de Tristan et Yseult la Blonde qui croient échapper à la mort en s’aimant sans entraves, allant face contre Yseult aux blanches mains, l’épouse légitime de Tristan, jalouse et Tristàen mourir…

Au bout de mon nez, exaltabo te exhale ta beauté !

Ce qui sort à la fois de tant de douces choses,

ce qui de ta beauté s’exhale nuit et jour,

comme un parfum formé du souffle de cent roses,

c’est bien plus que la terre et le ciel, c’est l’amour !

                                                               (Victor Hugo).