Le 11 septembre 1973 (il y a 50 ans), le général Augusto Pinochet opère un coup d’État au Chili, transforme en centre de détention et de torture le grand stade national de Santiago. « Nous sommes 5.000 au stade », chante Victor Jara. C’est son dernier poème avant d’être tué par balles : « Ay Chant, tu ne me réussis pas quand je dois chanter l’effroi, effroi comme celui que je vis. Comme je meurs d’effroi de me voir entre tant et tant de moments de l’infini, parmi le silence et le cri qui sont l’horizon de ce chant. Ce que je vois, je ne l’ai jamais vu ; ce que j’ai senti et ce que je sens fera germer cet instant… »
En Genèse 2, il n’est pas question de « femme sortie de la côte d’Adam », comme nous fourvoie cette mauvaise traduction. Il y est révélé que l’homme et la femme sont les deux CÔTÉS que Dieu créent pour générer l’humanité. Dieu bâtit là du grandiose et du solide : l’un est inachevé et devient pleinement lui-même dans la rencontre de l’autre, et vice-versa ; différents pour s’accomplir à travers une relation qui les dépasse tous deux.
Quand on lit ce récit délivré de nos a priori anti-misogynes, on peut apprécier que la femme y est davantage actrice que l’homme engourdi et qu’elle joue un rôle capital dans cet appel à parachever la création…
Cf. Hélène de Saint Aubert, Sexuation, parité et nuptialité dans le second récit de la Création (Gn 2), Collection Lectio Divina, février 2023.
1) Les pays engagés dans le G20 = près de deux tiers de la population mondiale, trois quart du commerce mondial et 80 % du produit mondial brut (somme des PIB de tous les pays du monde). Le G20 a été élevé au rang de chef d’État ou de gouvernement à la suite de la crise économique et financière mondiale il y a 15 ans. Il se veut depuis lors « premier forum de coopération économique internationale ».
2) Le temps du G20, le Premier Ministre indien aimerait faire disparaître la pauvreté dans la ville de New Delhi : pour accueillir les Grands de ce monde, on a rasé un bidonville et davantage précarisé ses habitants, parmi les plus pauvres + fait la chasse aux chiens errants.
3) « Si nous sommes effectivement une famille mondiale, nous ressemblons aujourd’hui à une famille plutôt dysfonctionnelle » (Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies).
4) « J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur le chemin du village lorsque ton chariot d’or apparut au loin pareil à un rêve splendide et j’admirais quel était ce Roi de tous les rois !
Mais les espoirs s’exaltèrent et je pensais : c’en est fini des mauvais jours, et déjà je me tenais dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesses éparpillées partout dans la poussière.
Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue.
Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis : « Qu’as-tu à me donner ? »
Ah ! quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin, de ma besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé et te le donnai.
Mais combien fut grande ma surprise lorsqu’à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas des pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensai : « Que n’ai-je eu le coeur de te donner mon tout ! » » (Rabindranath Tagore, L’offrande lyrique, Poème n°50).
Pour bien vivre ensemble, deux personnes gagnent à s’offrir régulièrement des temps d’écoute, telle que chacune se sente entendue et validée dans ce qu’elle vit et dans ce qu’elle trouve important. Un tel temps de qualité où elles se connectent ensemble aux trésors de l’une puis de l’autre (à ce qui la fait vivre et vibrer au plus profond d’elle-même) est à vivre à un moment différent que les temps où elles cherchent ensemble à prendre les meilleures décisions pour le vivre-ensemble et autres… Le premier temps relève de la communication vraie, sincère, authentique, il requiert des compétences d’intelligence émotionnelle, d’empathie. Les temps aboutissant à un accord requièrent des compétences de négociation efficace (créativité pour optimiser la meilleure décision possible), au sein d’un cadre de droit ajusté (justice et justesse, débarrassées des jeux de pouvoir). Ces pistes ramassent la méthode C-R-I-T-E-R-E que j’ai forgée… Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, disponible en français et en anglais et les sessions organisées par le réseau CommunicActions (www.communicactions.eu et www.communicactions.org).
Les clichés généralistes : l’homme fort dans la tête et dans le sexe, la femme fort dans le cœur et l’empathie ?
Quand chaque personne peut trouver sécurité, stabilité, accueil et bienveillance, elle peut se déployer dans toutes ses dimensions : avoir pleinement accès à son cœur, oser ressentir les douleurs les plus profondes et oser ainsi ouvrir son cœur à soi et aux autres ET pleinement se tenir debout, assumer la responsabilité de ses choix en conscience et avec lucidité ET laisser jaillir ses énergies les plus créatives et spitantes, à partir de ses entrailles les plus intimes.
« Spitant » = (français de Belgique) plein d’énergie, vif, éveillé, enjoué, déluré, dégourdi, rebondissant à souhait…, vivant quoi !
La reine Élisabeth nous a quittés il y a un an, le 8 septembre 2022.
« On déménage au palais de Buckingham pour toute la vie ? » (Princesse Elizabeth, à 10 ans, lorsqu’elle apprend que son père devient roi en 1936).
« Je déclare devant vous tous que ma vie entière, qu’elle soit longue ou courte, sera consacrée à votre service » (Princesse Elizabeth à 21 ans).
« Inévitablement, une longue vie peut passer par de nombreux jalons » (le jour où elle devint le monarque britannique au plus long règne, le 9 septembre 2015, à 89 ans).
« Aucun de nous ne vivra éternellement » (à 95 ans, 10 mois avant sa mort).
« Je regarde filer ces araignées d’eau sur la soie d’un étang, fragiles, avançant par saccades comme sous l’accès d’une pensée sans cesse interrompue, sans cesse reprise, inventant la légèreté d’une voie entre les deux éternités massives de l’air et de l’eau » (Christian Bobin, Le huitième jour de la semaine).
« Dans le silence d’un soir de mélancolie Où s’égare un soleil timide et déclinant Sous un ciel aquarellé de bleu et de gris, Les roseaux frissonnent au léger souffle du vent. De leurs houppes fines, ils caressent les nuées, Plumes de rêve étalant les couleurs chagrines D’un temps où l’âme s’est abandonnée au spleen, Laissant le jour filer, sans espoir, sans gaieté. Puis la nuit descend, muette. Le regard se perd Dans la tristesse de l’ombre qui noie la mer. L’esprit s’en va à la dérive, tout de langueur, Méditant sur la vie dépourvue de saveur, Tandis que les roseaux ondulent doucement Et que s’allument les étoiles au firmament » (Hélène de Vannoise, Spleen).
« L’amour, c’est l’absolu, c’est l’infini ; la vie, c’est le relatif et le limité. De là, tous les secrets et profonds déchirements de l’homme quand l’amour s’introduit dans la vie. Elle n’est pas assez grande pour le contenir » (Victor Hugo, Moi, l’amour, la femme).