Lala ï Cité

Je publie ce post sur fond du sermon de l’évêque Budde à la cathédrale de Washington en présence de Trump, avec des paroles fortes interrogeant et interpellant la politique présidentielle…

« La laïcité est une transcendance lorsqu’elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer » (Delphine Horvilleur).

« La laïcité installe un espace zéro, celui de la puissance publique, laquelle s’abstient en matière de croyances et d’incroyances et se protège des croyances et incroyances. Mais le régime laïque ne se réduit pas au seul principe de laïcité ; il repose sur une dualité de principes. D’un côté ce qui participe de l’autorité publique (législation, institutions publiques, école publique, magistrats, gouvernement…) s’abstient de toute manifestation, caution ou reconnaissance en matière de cultes, de croyances et d’incroyances, et réciproquement se protège de toute intrusion des cultes – c’est le principe de laïcité stricto sensu, le moment zéro. De l’autre, partout ailleurs y compris en public, dans l’infinité de la société civile, la liberté d’expression s’exerce dans le cadre du droit commun. L’articulation entre ces deux principes produit une respiration. L’élève qui enlève ses signes religieux en entrant à l’école publique les remet en sortant, il passe d’un espace à l’autre, échappant par cette alternance aussi bien à la pression sociale de son milieu qu’à une règle étatique. […] La laïcité est un minimalisme et un immanentisme politique » ( Catherine Kintzler).

« Dans l’espace privée, c’est la liberté qui prime. Dans l’espace public, la laïcité implique une neutralité, tandis que dans l’espace civique (les lieux où l’on se rencontre), c’est la discrétion qui s’applique. Le principe de la laïcité, c’est donc la discrétion » (Pierre-Henri Tavoillot, La morale de cette histoire).

Bons défis de pas sages
(avec toute l’ambiguïté
de la formule « pas sages »…) !

La conversion de Bartolomé de Las Casas

Bartolomé de Las Casas était parti chercher fortune à Hispaniola (l’actuel Haïti) en 1502. Comme tout colon, il avait reçu une parcelle de terres (« repartimiento ») avec le droit d’utiliser le travail d’un groupe d' »Indiens » pour exploiter ces terres. Il se montrait bon colon traitant ces indigènes avec humanité. Il était désireux d’être bon avec eux et il soutenait les œuvres caritatives telles que la création d’écoles et d’hôpitaux mais, pendant 12 ans, il a été incapable de voir la violence dans la domination exercée sur les colonisés qui étaient spoliés de leurs terres et réduits à de la main d’œuvre en esclavage. Il resta longtemps insensible à l’iniquité du système d’exploitation en place, malgré les appels de quelques prêtres (comme le dominicain Antonio de Montesinos dont le sermon le dernier dimanche de l’Avent 1511 avait fait des remous jusqu’à la Couronne espagnole).
 
Il fallut l’intervention de l’Esprit pour que les écailles tombent de ses yeux. Il raconte que cette conversion radicale arriva à un moment précis, alors qu’il préparait un sermon pour la Pentecôte de 1514 (il fut retourné par ce verset biblique : « celui qui offre le sacrifice tiré de la substance des pauvres, agit comme s’il sacrifiait un fils en présence de son père » (Ecclésiastique 34,24)). Il réalisa que « tout ce qui se commet aux Indes vis-à-vis des Indiens est injuste et tyrannique ». Il renonça aussitôt à son repartimiento et comprit qu’aimer son prochain, c’est aussi refuser d’être complice des injustices structurelles. Il mobilisa alors toutes ses meilleures forces pour une réforme profonde des structures.
 
Pour approfondir, lire le bel article que je reprends ici :

de Marie-Alice Tihon qui vient de nous quitter ce 1/1/2025. Il fut publié dans la revue Lumen Vitae (1988, n°3, p. 285-294). Elle souligne que l’Évangile ne peut résonner que lorsque une liberté s’adresse à une autre liberté : « La conversion de Las Casas fut de passer d’une mentalité de propriétaire de l’Évangile au regard d’espérance de Dieu, qui fait confiance au monde et qui se livre à lui. Frère Bartolomé a fait confiance en ce peuple d’Amérique ; il l’a reconnu comme lieu où Dieu se révèle et il l’a passionnément aimé ».

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

« Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé »
(Alphonse de Lamartine, L’isolement
dans Méditations poétiques).

Poème complet :

Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne,
Au coucher du soleil, tristement je m’assieds.
Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ;
Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
Où l’étoile du soir se lève dans l’azur.

Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon.

Cependant, s’élançant de la flèche gothique,
Un son religieux se répand dans les airs,
Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique
Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
N’éprouve devant eux ni charme ni transports,
Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante :
Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »

Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un œil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours.

Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ;
Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire,
Je ne demande rien à l’immense univers.

Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux,
Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !

Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ;
Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour,
Et ce bien idéal que toute âme désire,
Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour !

Que ne puis-je, porté sur le char de l’Aurore,
Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi !
Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi.

Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ;
Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !

Aveuglements

« Nous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir » (Blaise Pascal).

« La bêtise humaine est la seule chose qui donne une idée de l’infini » (Voltaire). 

Un conférencier essaie de convaincre la salle des méfaits de l’alcool et n’hésite pas à employer des exemples très terre-à-terre.
— Mettons deux seaux devant un âne :
un rempli d’eau et un rempli d’alcool.
D’après vous, vers quel seau se dirigera-t-il ?

Dans la salle, un homme éméché répond :
— Vers l’eau.
— Et pourquoi, d’après vous ?
— Parce que c’est un âne !

Ce qui me rend plus vivant

Écouter et observer
tout en trouvant du sens et de la beauté
dans chaque être rencontré.
Créer un post chaque jour
avec passion et curiosité,
dans l’émerveillement des possibles
et la gratitude,
voilà ce qui me rend plus vivant.

Et toi, qu’est-ce qui te fait sentir plus vivant.e ?
Quel souffle gonfle tes voiles ?
Tu le dévoiles ? 

Ne pas croire en voyant l’illustration que j’aime pêcher.
Je ne pêche jamais, tout en péchant souvent…

3 types de violences qui s’enchaînent

Extrait de mon article publié le 28 septembre 2001 :

« Dans son livre ‘Spirale de violence’ (1970), le célèbre évêque brésilien, Dom Helder Camara, distingue trois types de violence et souligne comment elles s’enchaînent. « Vous constaterez que, partout, les injustices sont une violence. Et on peut, et on doit dire qu’elles sont partout la première de toutes les violences : la violence nº 1. Cette violence installée, cette violence nº 1 attire la violence nº 2″  [celle commise par ceux qui se révoltent contre les règles du jeu injustes mais imposées et maintenues par les plus forts. Et] « quand la violence nº 2 tâche de faire face à la violence nº 1, les autorités se jugent dans l’obligation de sauver l’ordre public ou de le rétablir, même s’il faut employer des moyens forts : c’est la violence nº 3« .

Plusieurs Israéliens m’ont déjà partagé sincèrement : « Nous, Israéliens, nous ne menons aucune action terroriste, nous ne plaçons pas de bombes dans les bus. Quand nous recourons à la force armée, ce n’est jamais pour attaquer, c’est chaque fois pour nous défendre et nous protéger. » Ils parlent de leur propre violence (nº 3) en réaction à celle des Palestiniens (nº 2), mais sans voir les violences nº 1 que sont les injustices. C’est pourtant elles qui sont à la base de l’enchaînement infernal des violences. Et comme le montre cette analyse, la solution à de tels conflits tient essentiellement dans la suppression des injustices (quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent). Et le début de la solution, pour ce qui est à la portée des plus forts, est de comprendre que la violence nº 3 ne résoudra jamais rien. Au contraire, elle ne fait qu’alimenter la spirale de violence. C’est aussi vrai que 1 v + 1 v  = 2 v et que 2 v + 1 v = 3 v ! C’est aussi simple que l’histoire d’une marmite brûlant sur le feu : si vous augmentez le feu, elle brûlera encore davantage ! »

Ce propos peut être appliqué à tant de contextes… Ainsi, l’enchaînement des violences entre ‘terroristes arabes’ et USA dans les années 1990 et 2000 : les attentats du 11 septembre 2001 ne sont pas un point de départ ! C’est une étape horrible d’un conflit qui dégénère.

Ce propos appliqué à l’enchaînement des violences au Rwanda ? Le génocide d’avril 1994 n’est pas un point de départ, ni la guerre lancée par le FPR le 1er octobre 1990 ! Ce sont des étapes horribles d’un conflit qui dégénère.

Pour lire l’article en entier :

(article n°3) et voici encore un extrait d’un autre article :

« Gandhi a fait sa première « expérience avec la vérité » en 1893, en passant toute une nuit à grelotter dans une gare d’Afrique du Sud, après que des Blancs l’aient jeté du train, et d’abord expulsé du wagon de 1ère classe, auquel lui donnait pourtant droit son statut d’avocat britannique. Au cours de cette nuit, Gandhi décida de sa vie : « Je devais essayer d’attaquer à la racine ce mal du préjugé des couleurs, tout en acceptant les épreuves que cela m’occasionnerait ». Pour attaquer le racisme, sa 1ère décision, étonnante, est de réunir tous les Indiens de Prétoria et de leur parler de l’importance de la loyauté dans les affaires (la plupart des commerçants indiens pensaient que la vérité n’était pas conciliable avec leur métier). C’est comme si, de nos jours, Georges W. Bush avait commencé à lutter contre le terrorisme en regardant de près avec son peuple comment eux-mêmes y contribuent, comment eux-mêmes trahissent la Vérité. La méthode de Gandhi tient en deux principes. 1) Combattre l’injustice en ne s’appuyant que sur la seule force de la vérité : faire la vérité, la dire en s’y tenant strictement, l’exposer aux consciences et sur la place publique, en en assumant les conséquences. 2) Renoncer, dans ce combat, à tout moyen violent »

(article n°16, de décembre 2001 ; accès à tous ces articles d’il y a 25 ans : https://etiennechome.site/outils-pour-de-meilleures-relations-humaines/).

Justice et libération pour tous

« En 2025, nous allons célébrer le Jubilé, qui remonte à une ancienne tradition juive où le son d’une corne de bélier (en hébreu yobel, dont dérive le mot « jubilé ») annonçait, tous les quarante-neuf ans, une année de clémence et de libération pour le peuple (cf. Lv 25, 10 : « Vous ferez de la cinquantième année une année sainte, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. Ce sera pour vous le jubilé ») afin de rétablir la justice de Dieu dans les différents domaines de la vie : l’usage de la terre, la possession des biens, les relations avec le prochain, en particulier les plus pauvres et ceux qui étaient tombés en disgrâce. Le son de la corne rappelait à tout le peuple, aux riches comme aux pauvres, que personne ne vient au monde pour être opprimé : nous sommes frères et sœurs, enfants d’un même Père, nés pour être libres selon la volonté du Seigneur (cf. Lv 25, 17.25.43.46.55) »
(pape François, message en ce 1er janvier 2025 pour la 58ème journée mondiale de la paix).

« Le Sermon sur la Montagne (Matthieu 5 à 7) présente la justice du Royaume du Père (ce sont les 3 mots qui s’y répètent, surtout ‘Père’, avec 17 occurrences). Le message principal de ce discours est de nous révéler que nous sommes tous fils et filles d’un même Père et donc frères et sœurs. La triade Paternité – Filiation – Fraternité constitue la structure profonde de ces 3 chapitres de Mt » (Chomé Étienne, Tends l’autre joue, ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42, non-violence active et Tradition, Lumen Vitae, 2008, p. 6).

Qu’on se le dise /
Console le dise !

Décagonale déconn-égale

Le dicton « Qui aime bien, châtie bien ! »
s’appliquerait-il bien aux Français et Belges ?
Vivent des voisins qui passent leur temps à se charrier,
tout en s’échangeant du vin et des bières,
en s’aspergeant de blagues bêtes
à coup de vinaigrette < > mayonnaise…

Je suis impatient d’arriver en 2027.
Car 27 est magnifique, c’est un cube parfait :
3³ (3 x 3 x 3). C’est également un nombre décagonal
et un nombre Harshad (il est divisible par la somme
de ses chiffres (2 + 7 = 9, et 27 ÷ 9 = 3) !).

Un nombre décagonal est un nombre figuré polygonal (cf. image) qui peut être représenté graphiquement par des points répartis dans un décagone. Les onze premiers nombres décagonaux sont : 1, 10, 27, 52, 85, 126, 175, 232, 297, 370, 451… Vivement donc dans 2 ans
aussi dans 27 ans = en 52 !

Et vive l’amitié franco-belge,
décagonale + déconn-égale !