Pas de bol

« Il faut qu’un sot se marie jeune.
Les cornichons trop mûrs
ne sont pas bons à être confits ! »
(Alexandre Weill, Le petit trésor d’esprit, 1874).

Ci-dessous ‘la fiancée hésitante’, peinture à l’huile par Auguste Toulmouche, en 1866.

(image reçue de Francis Magnier)

Roulette africaine…

Quelque part, dans un pays d’Afrique, le premier Ministre discute avec un diplomate européen préoccupé par la politique de conquête des Russes qui viennent ici comme chez eux. Le Ministre les défend :
« Ils ont construit une centrale électrique, un aéroport ; ils nous ont appris à boire de la vodka et à jouer à la roulette russe ».
Le diplomate a une moue d’effroi et de dégoût :
« La roulette russe est un jeu très dangereux ».
« C’est vrai, répond le Ministre, c’est pourquoi nous avons inventé la roulette africaine. Ça vous dirait d’y jouer ? »
« Je ne suis pas sûr… Comment ça se joue ? »
Le Ministre frappe dans ses mains et six magnifiques jeunes femmes totalement nues surgissent. Il explique :
« Choisissez celle qui vous plaît et elle vous donnera du plaisir oralement. »
« Ah, c’est quand même plus plaisant et moins risqué que la roulette russe… »
Et le Ministre d’enchaîner tout de go :
« Choisissez bien ! Sur les six, une seule est cannibale. »

Dans cette image,
licote : en patois bourguignon, cela désigne un loquet qui protège la porte d’entrée ;
coque : enveloppe rigide et protectrice (exemple : coque de noix ou noisettes).

Un couple de sourds-muets attentionné l’un envers l’autre met en place un système de signes pour s’indiquer mutuellement s’ils ont envie de faire l’amour ou pas. La femme mime :
« Si tu veux faire l’amour, tu me touches le sein gauche.
Si tu ne veux pas, tu me touches le sein droit ».
L’homme à son tour mime :
« Si tu veux faire l’amour, tu me secoues le pénis une fois.
Si tu ne veux pas, tu me le secoues 100 fois ».
 

L’Éternité

Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Âme sentinelle,
Murmurons l’aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s’exhale
Sans qu’on dise : enfin.
Là pas d’espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? – L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.
Arthur Rimbaud, L’Éternité dans Derniers vers

La brebis égarée affolée

Il y a 33 ans, j’avais en charge un troupeau de brebis que je chérissais, en pleine brousse africaine (nous étions pile sur l’équateur). Et au moment de fermer l’enclos, avant la tombée de la nuit, quelle angoisse s’il en manquait une, vu les grands dangers alentours. Je courrais la chercher jusqu’à la trouver. Mais quel drame déchirant quand, déboussolée, la brebis s’enfuyait encore plus loin…  Affolée, il lui arrive de ne plus reconnaître la voix du bon berger.

Soif

« N’importe quelle liqueur ne vaut la soif,
n’importe quel met ne vaut l’appétit.
L’homme a une soif qu’il éprouve sans la comprendre,
un désir qu’il ne sait ni définir ni contenter.
Il essaie de tout. Insatisfait, il cherche toujours.
Il croit aborder, il échoue.
Qu’est-ce, si ce n’est la soif de l’infini ?
(Anne Barratin).

« Quand la soif épouse la faim,
bien souvent l’amour s’en est mêlé »
(Victor Cherbuliez).

Après une longue nuit d’amour,
nous avons lampé
une grande gorgée
d’eau fraîche.

La loi du talion

Dans beaucoup d’esprits, la loi du talion a figure de pratique archaïque et barbare. En fait, nous péchons souvent par ignorance des civilisations antiques et notre appréciation commet alors plusieurs contresens. J’ai écrit toute une étude là-dessus reconnue pour sa qualité par plusieurs exégètes. 

En bref, « œil pour œil, dent pour dent » (Mt 5,38) n’est pas d’origine biblique et les Mésopotamiens d’il y a 4000 ans ne l’employaient pas dans un sens littéral (cf. le § 218 du code d’Hammourabi). La loi du talion est un progrès juridique. Il s’agit de sanctionner la violence physique par un dispositif de droit pénal. Le défi est de mettre hors-jeu les représailles arbitraires et aveugles et enrayer l’escalade des violences. Le talion prescrit à l’homme offensé une limite à sa légitime défense : seulement une dent à la place d’une dent,  « un œil (et non pas deux !) pour un œil ; une dent (et non pas la mâchoire !) pour une dent abîmée ».

« Œil à la place de œil, dent à la place de dent » (Mt 5,38), pour les civilisations bien antérieures aux Hébreux, ne demande pas du tout à être pris à la lettre. Outre un progrès juridique, bien plus tard, progressivement, la Bible témoigne que les Juifs étaient en chemin dans un double progrès supplémentaire :
1) sociologique : étendre les bienfaits d’un État de droit à davantage de catégories sociales, affirmer l’égalité de tous devant la loi ;
2) spirituel : la vie humaine n’a pas de prix et ne peut être mise en tarif. Une vie perdue, un œil perdu ne pourront jamais être validement compensés par de l’argent. La Bible affirme le « prix sans prix » de la vie humaine : « prends garde à ne pas blesser ton frère ou attenter à sa vie, car le seul prix imaginable pour son œil ou pour sa vie serait ton œil ou ta vie ! ». Ce genre littéraire de la dissuasion, de l’hyperbole amorce une preuve par l’absurde : « rien ne peut remplacer l’œil de ton frère, sinon par impossible ton propre œil ». Cela ne signifie pas : « on va te mutiler ». Cela veut dire : « ne crève jamais l’œil de ton frère ».

Pour les références exégétiques de cet article + plus de précisions notamment sur « taḥ’at » (à la place de), lire mon étude dans mon livre Tends l’autre joue, ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42, non-violence active et Tradition, Éd. Lumen Vitae & Sortir de la violence, 2008, p. 17-23.

La conscience écologique au Siècle des lumières

« Le Siècle des lumières voit naître une forme de conscience écologique, attentive à la place de l’homme dans la nature et à la préservation de celle-ci. On peut penser à Jean-Jacques Rousseau et à Bernardin de Saint-Pierre, ou à des personnages moins connus comme Pierre Poivre, qui a été administrateur de l’île de France (l’actuelle île Maurice). Des travaux récents nous permettent de redécouvrir ces débats et de comprendre que la réflexivité environnementale a une longue histoire. Plutôt que d’accuser les Lumières, nous pouvons essayer de réfléchir, aujourd’hui, à des formes de progrès respectueuses de l’environnement sans abdiquer le rôle émancipateur du savoir » (Antoine Lilti, Histoire des Lumières, XVIIIe-XXIe siècle).

Extrait de « Cartes particulières des Isles de France de Bourbon et de Rodrigue », par Rigobert Bonne, hydrographe de la Marine ; dans « Atlas de toutes les parties connues du globe terrestre… », 1780.

De la vie à la mort et de la mort à la Vie

Aujourd’hui, je vais marcher avec quelques amis de Rose-Hill jusqu’à Sainte-Croix, en cette grande fête mauricienne du Père Laval (qui coïncide cette année avec une autre grande fête (hindoue) : Ganesh Chaturthi).
Je me suis dit dans ma louange de ce matin :

J’aime vivre comme si c’est mon dernier jour.
J’aimerai mourir comme si c’est mon premier jour.

J’aime vivre l’instant comme s’il est mon dernier.
J’aimerai mourir comme si c’est le premier.