Éduquer un enfant, n’est-ce pas d’abord honorer, dès le berceau, ses rires émerveillés, qui nous entraînent irrésistiblement dans la plus tendre des danses ? Quel admirable échange il est capable de susciter entre nous, à partir du meilleur en chacun de nous ! Y a-t-il plus croustillante surprise que cette vie qu’il nous apporte d’on ne sait zzoù ?
N’est-elle pas le signe probant que, dès le début de la vie, le bébé est ontologiquement et amoureusement relié à la Vie, et que l’éducation ne peut pas être une œuvre de civilisation à la manière des Occidentaux « civilisant » les nouveaux mondes au XVIe siècle ?
En cas de divergence, on évite la confrontation pour ne pas faire d’étincelles, pour échapper à la violence. Mais on s’y condamne sous des formes indirectes et sournoises quand 1) la violence se cache à l’intérieur de la personne qui n’ose pas dire franchement (frustration + colère ravalées, mal-à-dire psychomatisé, dévalorisation de soi, etc.) ; 2) la violence contenue s’accumule et n’est que reportée (gare au jour où elle éclatera) ; 3) la violence est mise au congélateur et se fige : d’un côté, rempart qui nous protège de la crise ouverte, de l’autre cloison de séparation (vies en parallèle, apartheid, ghetto…).
Certes, il vaut mieux éviter le conflit plutôt que de mal le gérer / mettre le feu aux poudres. Mais on évite faute de mieux. Or, il y a mieux : les ressources existent, qui nous apprennent à bien gérer le conflit / vivre la confrontation de la divergence sans violence.
Une communication courageuse est facilitée quand nous cultivons l’habitude de rendez-vous réguliers, où chacun peut déposer ce qu’il vit de difficile.
Cf. Étienne Chomé, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 28-47 (1ère étape de la formation).
C’est le courage d’une mobilisation générale pour la paix juste qui sauve de la fatalité d’une guerre injuste, avec ses cortèges de réquisitions, lois d’urgence et lois martiales.
« La paix est à faire en temps de paix encore plus qu’en temps de guerre, même si le coût, du moins moral, en est encore plus grand. .[..] Pour dire adieu à la guerre, il ne suffit pas de dire bonjour à la paix, il faut se mobiliser pour le combat de la paix, un combat encore plus dur que celui de la guerre » (cardinal Roger Etchegaray, La paix est entre nos mains, discours du 15 septembre 2000, en Chine).
« Sur une autre planète, on nous déclarerait complètement cinglés ; chaque année nous dépensons 900 milliards de dollars pour l’armement contre 68 milliards de dollars seulement pour l’aide au développement » (James Wolfensohn, déclaration au cours de sa visite à Bruxelles, le 20 octobre 2004, alors qu’il était au milieu de son mandat de président de la Banque Mondiale (1996 à 2013)).
« Il faut être ferme et courageux à temps pour éviter la violence. C’est notre lâcheté passée qui, aujourd’hui, nous conduit à la guerre » (Jacques Gaillot, Lettre ouverte à ceux qui prêchent la guerre et la font faire aux autres, Paris, Albin Michel, 1991, p. 59).
« On ne badine pas avec la paix. À l’intérieur des individus, entre eux, entre groupes et entre États, l’éclatement de la violence est toujours le signe d’un échec » (Pierre Hassner, On ne badine pas avec la paix, dans La Revue française de science politique, décembre 1973, p. 1373).
« C’est facile de dire « je t’aime ». C’est facile de parler d’amour, de présence, de conscience, et d’une profonde acceptation de ce qui est. C’est facile d’enseigner, de dire des choses qui sonnent vrai, bien, et spirituel. Mais ce ne sont que des mots. Il y a un monde avant les mots.
Quand la colère monte, peux-tu rester près d’elle, et ne pas l’endormir ou la déchaîner ? Quand la peur envahit le corps, peux-tu respirer en elle, et ne pas fusionner avec elle ou prendre la fuite dans des histoires ? Quand tu te sens blessé.e, rejeté.e, pas aimé.e, abandonné.e, peux-tu faire de la place pour ce sentiment, lui souhaiter la bienvenue dans le corps, t’incliner devant son intensité, son feu, sa présence, et ne pas attaquer, ou passer à l’acte ou lancer des injures ? Peux-tu t’engager à ne pas t’abandonner toi-même au moment où tu as le plus besoin de ton propre amour ?
C’est facile de parler d’amour. C’est facile d’enseigner. Jusqu’à ce que les anciennes blessures s’ouvrent. Jusqu’à ce que la vie ne fasse plus ce que nous voulons. Ce qui te stimule est pour toi une invitation à t’aimer toi-même plus profondément. Peux-tu le voir ? Il n’y a pas à avoir honte de cela. Nous avons tous des zones sensibles » (Jeff Foster).
Est-ce orage / essorage sur la planète bleue, afin de remettre en question nos modes de fonctionnement exagérément coûteux pour cette terre ? De la simplification volontaire à la simplification rendue nécessaire grâce à la crise ? La crise climatique et le confinement sanitaire jouent-ils le rôle utile de la sonnette d’alarme, qui ne cessera de retentir que quand nous aurons effectivement fait les choix qui s’imposent ?
Pour imposer le choix de la 5 G, Macron a cité les Amishs comme on brandit un repoussoir. Et nous, qui citons-nous ? Qui « La Cité » (jeu de mots avec Feu l’excellent journal belge) ? Ne laissons pas Macron agiter l’épouvantail amish sans nous même témoigner des expériences collectives pleines de sagesse, moins extrêmes que les Amishs, qui font le choix de la décroissance et de la sobriété librement consentie, par lucidité sur le sens profond des choses de la vie.
Moi, je peux dans « La Cité » citer les Communautés de l’Arche (fondées par Lanza del Vasto, après qu’il ait été vivre dans l’ashram de Gandhi), les Compagnons de St François, etc. Et vous, de quelles expériences d’écosociété vous témoignez ?
Merci à chacune de ces expériences collectives qui éclairent et boostent nos propres choix de sobriété, adaptés à notre propre lopin de terre (même en balcon, on peut cultiver un beau jardin!…).
« Celui pour qui le temps est comme l’éternité et l’éternité est comme le temps, celui-là est libéré de toute lutte » (Jacob Boehme, L’Aurore Naissante, 1612).
« Le temps, tout le consume. Et l’amour seul l’emploie » (Paul Claudel).
J’aime le positionnement spontané de ma maman (85 ans) fin mars dernier, en plein confinement : « Si mon heure est venue, je suis prête. Et si mon heure n’est pas venue, t’inquiète ; je préfère que tu viennes me rendre visite… ». Nous avons respecté les gestes-barrières, sans pour autant laisser l’ambiance anxiogène de crise généralisée nous affecter et nous mettre elle-même en danger. Veiller à éviter l’infection, oui, sans pour autant sacrifier notre affection car elle aussi est importante pour notre santé !
La confiance ne nous donne pas d’échapper à la mort, elle nous donne de la recevoir, quand notre heure est venue, comme un ange qui nous conduit encore plus à l’intérieur de la maison…
« Chaque geste que tu fais peut t’ouvrir ou te fermer une porte. Chaque mot que bredouille un inconnu peut être un message à toi adressé. À chaque instant, la porte peut s’ouvrir sur ton destin et, par les yeux de n’importe quel mendiant, il peut se faire que le ciel te regarde. L’instant où tu t’es détourné, lassé, aurait pu être celui de ton salut. Tu ne sais jamais. Chaque geste peut déplacer une étoile » (Christiane Singer).
« Le bonheur est disponible maintenant tel un présent ouvert, telle une évidence cachée. Seule l’illusion du « je » et ses jeux nous en séparent. Lorsque ce voile s’efface, notre nature véritable se révèle : Espace infini de liberté, de paix et de joie, Plénitude de vie et d’amour. Cet espace ne nous a jamais quittés car il est ce que nous sommes… Il est notre Cœur éternel » (Somasekha).
Sur l’emprise et le harcèlement, voici un extrait de mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, pp. 134-136 + 119 (étape 3 de la formation) :
Des chercheurs américains en criminologie ont établi un lien entre le sentiment d’insécurité et la fréquence des agressions : les personnes qui redoutent le plus d’être agressées sont celles qui sont le plus susceptibles de l’être ! Plus je me comporte en persécuté, plus je risque de rencontrer un persécuteur. Plus un enseignant a peur d’être chahuté par ses élèves, plus il le sera. Pour sortir de cette spirale, le défi est de brouiller le modèle de relation duale oppresseur/oppressé, sortir du schéma où l’oppresseur « fait son métier » et où, de même, la victime donne les réponses attendues d’une victime.
Un pouvoir ne peut s’exercer que dans une relation. Un roi sans sujets n’a aucune autorité. De même qu’un leader n’existe que s’il est suivi, un manipulateur a besoin d’un manipulé pour exister. Sans la voile, le vent ne peut entraîner le voilier. « Personne ne peut vous rendre inférieur sans votre consentement » (Eleanor Roosevelt). Domination et soumission jouent en tandem. « Neuf fois sur dix, le pouvoir que les autres prennent sur nous, c’est nous qui le leur avons donné » (François Delivré). « Si l’autre vous attaque avec efficacité, il y a de grandes chances pour que vous ayez creusé vous-même le piège dans lequel vous tombez » (IRÉNÉ, ESSEC Centre de Recherche & LEARN, ESC-Lille Cergy). « Les jeux de pouvoir ne peuvent s’installer que s’il y a une complicité entre les deux partenaires, chacun alimentant et renforçant le jeu de l’autre. Que j’entre dans son jeu de pouvoir ou que j’y résiste, j’alimente la force de mon interlocuteur : non seulement, le maître et l’esclave sont tous deux complices des jeux de pouvoir, mais en plus, tous deux ont du pouvoir l’un sur l’autre » (Jean-Jacques Crèvecoeur).
Le harcèlement est une forme d’emprise psychologique. Par un jeu relationnel implicite, deux individus avec leurs caractéristiques personnelles ainsi que leurs histoires individuelles se retrouvent associés dans une relation perverse. Cette relation s’amorce généralement par une période positive suivie d’une dérive des limites, la future victime acceptant de plus en plus de choses. Cf. document sur les situations de conflit, de harcèlement et d’emprise au travail, Service Public Fédéral belge : www.emploi.belgique.be. La tactique de la ridiculisation est en général une arme redoutable mais elle n’aura aucun effet si la personne en face n’éprouve aucun embarras. Il y a même alors un retournement : c’est celui qui dit, qui l’est ! L’arroseur s’arrose en fait lui-même. La tactique de gêner l’autre agit comme un pétard mouillé si l’autre n’a aucune gêne.