Dans un post précédent, j’ai présenté la question que posa Karl Popper : comment une société ouverte et tolérante peut-elle juguler l’intolérance, tout en honorant ses propres principes fondés sur la tolérance ? Le défi est d’articuler le droit de liberté au devoir de ne pas tolérer les actes intolérants.
Voici une autre facette du défi démocratique : garantir à tous la liberté d’aller et venir, la liberté de parole et d’initiatives et, en même temps, réussir à refuser à tous la liberté de tricher, de voler et de tuer, y compris à petits feux sur les réseaux sociaux…
Un slogan est fréquemment attribué à Louis Veuillot, politicien conservateur chrétien qui dénonçait il y a 150 ans les dangers d’un monopole de l’État sur l’Éducation nationale : « Quand les Libéraux sont au pouvoir, nous leur demandons la liberté, parce que c’est leur principe, et, quand nous sommes au pouvoir, nous la leur refusons, parce que c’est le nôtre », présenté abruptement ainsi : « Je demande la liberté de parole au nom de vos principes et je vous la refuse au nom des miens ». Ces propos ont été faussement mis dans sa bouche. Pour comprendre ses propres propos, cf.
qui renvoie au texte intégral de Veuillot, sur le site de la BNF (Gallica) :
« Je suis pratiquement devenu un nom commun. Il y a un Poulidor de la politique, un Poulidor de la pétanque. Il y a un Poulidor de tout, dès qu’il fait deuxième à quoi que ce soit » (Raymond POULIDOR).
Décédé en 2019, Raymond Poulidor, dit « Poupou », est décrit comme un homme simple et sympathique. Son panache et sa bonhommie lui ont gagné les faveurs de l’opinion. Humble dans la victoire, grand dans la défaite, il n’a peut-être été « que » numéro deux sur le podium du Tour de France mais il sera toujours numéro un dans nos cœurs, dixit Hannibal LECTEUR !
« La chance, c’est comme la caravane du Tour de France : on l’attend longtemps et elle passe vite » (Jean-Pierre JEUNET, avec Pierre DAC, pas tout à fait d’ac).
« Il paraît que c’est trop risqué pour le cœur d’être à la fois coureur cycliste et coureur de jupon. J’abandonne le vélo » (trublion Sami GHADDAR, Tourbillon).
Le mot « chômer » provient du latin populaire du XIIIe siècle, repris en Occitan : « caumare », lui-même dérivé du grec ancien « καυμα » (kauma) signifiant « chaleur ». Chômer, c’est se reposer ou laisser reposer une activité pendant la chaleur.
À la Révolution française, mon aïeul, le Marquis de Chaume, a quitté en 1789 son domaine en Île-de-France et refit sa vie à Anvers. Pour ne pas avoir la tête coupée, il a coupé son nom : de Chaume est devenu Chomé ! Il a choisi ce nom qui avait, à son époque, une excellente aura car l’augmentation des temps chômés, c’est-à-dire des temps de repos, représentait un grand progrès pour l’humanité : libération des durs labeurs. La plaie du chômage que nous connaissons aujourd’hui n’est venue qu’après, avec la révolution industrielle, laquelle d’ailleurs a cherché à faire travailler même le sacrosaint jour du dimanche (dies Dominici : le jour du Seigneur).
Fêter le travail le 1er mai par un jour chômé : quelle belle mise à pied pour prendre son pied ! Vivent nos temps chômés qui nous offrent congé et tiennent chaud met / Étienne Chomé…
L’Écossaise Joy Milne dispose d’un odorat extrêmement sensible : « Une odeur n’est pas statique, elle flotte dans l’air. Je sens le mouvement des odeurs et je peux suivre leur piste jusqu’à leur disparition ». Par un changement d’odeur toujours plus marqué chez son mari, elle a détecté sa maladie de Parkinson plusieurs années avant que les premiers symptômes musculaires n’apparaissent. À partir de son super pouvoir, des scientifiques ont pu confirmer l’existence de molécules olfactives associées spécifiquement à cette maladie neurologique dégénérative. Des tests de diagnostic précoce, sous la forme de « nez électroniques » sont mis au point pour détecter les microparticules volatiles émanant de cancers du poumon, de l’estomac, du côlon ou du sein, émises par le souffle !
Il semblerait que le nez d’un œnologue aguerri est plus fin que celui d’un chien pour reconnaître les fragrances peu flagrantes d’un vin. Sa palette olfactive n’a pas à pâlir de la comparaison.
Cf. notamment l’étonnante étude publiée dans Science, le 12 mai 2017, avec John McGann, spécialiste de la neurobiologie des sens.
Bonne respiration à plein nez et à pleins poumons…
« Joe le plombier » fut nommé le 15 octobre 2008 une trentaine de fois dans le troisième débat télévisé en vue de l’élection présidentielle américaine. 15 jours plus tard, Sarah Palin s’est fait piégée dans un canular téléphonique d’un humoriste québécois, se faisant passer pour Nicolas Sarkozy. La candidate républicaine à la vice-présidence américaine lui confia qu’elle se voyait présidente en 2016… Pendant la conversation, le faux Sarkozy donne des noms fantaisistes aux Premiers ministres canadien et québécois, sans que Palin réagisse. Il lui propose une partie de chasse en hélicoptère à condition que ne fasse pas partie de l’expédition le vice-président Dick Cheney (qui avait peu avant blessé un de ses amis lors d’une partie de chasse). « Je suis prudente dans le maniement d’une arme », lui rétorque Palin. L’humoriste lui demande ensuite si Joe le plombier est son mari. « Joe le plombier n’est pas mon mari, c’est un Américain normal qui travaille dur et ne veut pas que le gouvernement lui prenne son argent », lui répondit-elle très sérieusement.
Dans The Open Society and ItsEnemies, publié en 1945, Karl Popper pense que « la tolérance illimitée mène à la disparition de la tolérance. Si nous étendons la tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas disposés à défendre une société tolérante contre l’impact de l’intolérant, alors le tolérant sera détruit, et la tolérance avec lui. »D’où son paradoxe : au nom de la tolérance, nous devons revendiquer le droit de ne pas tolérer l’intolérant !
Ce dernier mot « l’intolérant » désigne-t-il l’acte intolérant ou l’individu intolérant ? C’est là une dangereuse ambiguïté à lever : nous avons le double devoir de 1) ne pas tolérer l’acte intolérant et 2) comprendre en profondeur la personne intolérante. C’est par cette distinction que le modèle que j’ai mis au point clarifie comment une société en bonne santé surmonte le paradoxe de Popper.
Voici le commentaire de ce schéma.
On est enfermé dans ce paradoxe tant que le débat porte sur un seul axe (mettre plus ou moins de limite à la tolérance, avec une confusion entre acte et individu intolérant ; à l’extrême gauche du schéma : tolérance zéro ; à l’extrême droite du schéma : tolérance illimitée).
On quitte ce paradoxe en distinguant nettement le registre des personnes et des actes : profonde compréhension des personnes intolérantes dans leurs fondements (motivations, intentions positives, besoins frustrés…) articulée à un cadre de droit réussissant toujours mieux à faire reculer les comportements intolérants par de performantes législation et sanction des actes délictueux.
Dans un conflit complexe, trois dimensions sont à distinguer : les conflits de structures, de vécus et d’intérêts. Ces trois types de blocages ont chacun ses remèdes spécifiques :
3 causes : Des structures déficientes
Des vécus dévalorisés
Des intérêts divergents
3 compétences : Le cadre de droit
La communication vraie
La négociation efficace
1) La compétence « Cadre de Droit » (abrégé CD), c’est l’autorité ferme qui respecte et fait respecter les règles. La force du droit réside dans des sanctions effectivement contraignantes, contre l’impunité, contre le droit du plus fort.
2) La compétence « Communication Vraie » (abrégé CV), c’est l’intelligence émotionnelle qui respecte les personnes. La compréhension de leurs fondements (préoccupations, besoins, motivations, intentions profondes et valeurs) améliore la qualité des relations humaines.
3) La compétence « Négociation Efficace » (abrégé NE), c’est l’intelligence rationnelle qui respecte les intérêts en jeu. La créativité invente des solutions Win-Win qui optimisent l’accord.
Les champs propres de ces trois plans sont hélas souvent confondus. On ne parvient à les articuler qu’après les avoir clairement distingués. Chaque aspect et niveau du conflit requièrent l’usage de la compétence adéquate :
Dans mes sessions, à des fins pédagogiques, j’ai mis au point un schéma conceptuel qui clarifie les enjeux. À titre d’exemple, prenons le débat entre faucons et colombes, partisans de la force et militants de la paix :
Niveau I : La droite horizontale met en scène le débat mal posé, en raison de l’ambigüité des formulations « recours à la force » et « refus de la violence », qui créent des quiproquos tant qu’on ne dégage pas leur part de vérité mais aussi leur part d’erreur respectives. Par ailleurs, la droite horizontale se fourvoie par l’écrasement du débat sur un seul axe. Il convient de quitter les faux dilemmes de la zone I et de travailler avec plus de relief en zone II, autour des deux barres verticales.
Niveau II : Ni colonne 1 (position Domination ; bellicisme militariste dans cet exemple)
Ni colonne 4 (position Passivité ; pacifisme absolu de principe).
Et colonne 2, et colonne 3 : les ingrédients d’une bonne gestion des conflits sont un Cadre de Droit (CD) + une Négociation Efficace (NE), et une Communication Vraie (CV).
Niveau III : Vider la colonne des attitudes Passivité, en les remplaçant par des attitudes CD & NE
Vider les attitudes en colonne Domination, en les remplaçant par des attitudes CV.
Cette schématisation a l’intérêt d’organiser la discussion, de clarifier les enjeux puis d’élaborer une position intégrative. Mais c’est avant tout pour son intérêt pratique d’aide au changement que je l’ai forgée dans mon travail de formateur et coach en Gestion des conflits : le niveau III balise un programme d’actions, par lesquelles chaque participant transforme peu à peu ses réflexes contreproductifs (attitudes spontanées DOM et PASS) en compétences consciemment acquises à l’intérieur du cadre : CD et CV et NE. Apprendre comment abandonner les stratégies contreproductives des jeux de pouvoir est un art qui s’apprend : le pouvoir est domination quand il est pouvoir sur les autres ; il est source de progrès quand, d’une part, il est pouvoir pour garantir la justice (CD) et atteindre de manière pertinente les objectifs adéquats (NE), d’autre part il est pouvoir avec les autres (CV), en en faisant des alliés et non des ennemis. C’est en ne subissant plus un pouvoir sous un dominant qu’un acteur apporte le meilleur de lui-même dans la sortie de crise.
Tiré de CHOMÉ Étienne, Le nouveau paradigme de non-violence, p. 18-20.
Signes par milliers, traces de ta gloire, Signes par milliers, Dieu dans notre histoire. Signes par milliers, traces de ta gloire, Signes par milliers, Dieu dans notre histoire.
1 Ta main, Seigneur, nous a donné des signes : Des signes par milliers. Le chant de l’univers, Le souffle sur la mer, La flamme des vivants : Dieu, à l’œuvre dans nos temps ! 2 Nos yeux, Seigneur, se ferment sur tes signes, Les signes de la joie. Tristesse est notre nuit, La guerre avec ses cris, Le froid de nos maisons : Dieu, tu brises nos prisons ! 3 Jésus, ton fils, nous a donné des signes, Des signes de clarté. Par lui l’aveugle voit, Le sourd entend sa voix, Zachée partage grand : Dieu, parole qui surprend ! 4 La croix levée, voici le nouveau signe : Le signe du pardon. Scandale de la mort, Faiblesse du Dieu fort, La Pâque libérée : Dieu, printemps ressuscité 5 Pour nous, Seigneur, tu as choisi des signes, Des signes d’unité. Le pain de nos travaux, le vin des renouveaux, La table partagée : Dieu, La fête réveillée. 6 Témoins choisis, que nous soyons des signes ! Des signes d’avenir. Un peuple de croyants Disciples du Vivant, L’Église à découvert : Dieu, soleil sur nos hivers. 7 Par ton Esprit tout homme soit un signe ! Un signe de l’amour, Un signe de l’amour. La source pour la soif, Le rire d’un espoir, La paix à fleur de vie : Dieu, lumière d’aujourd’hui.