Empreinte carbone : on emprunte Terre bonne

« Les voitures giclent, les avions décollent, les usines fabriquent, les obus, les vêtements et les grues sortent des entrepôts. Le monde entier pompe le pétrole ramifié pour avancer, relâchant au passage des masses faramineuses de dioxyde de carbone, lequel s’élève dans l’atmosphère et vient s’agglomérer à l’épais ruban qui ceint la Terre. Le couvercle se referme » (Pierre Ducrozet, Le grand vertige, 2020).

« Le mythe du papatron pilier sécuritaire se consume à même la souche, en sachant le roi nu, personne ne se veut plus prince. Un sceptre, une dynastie. Faillite pour héritage et anosognosie, des châteaux en hospice avec vue sur le bilan carbone, la corruption transmise de gourdin en gourdin. Les trésors de papy, la jeunesse le remercie, mais elle n’a pas de placards dans sa colocation » (Chloé Delaume, Mes bien chères sœurs, 2019).

Glasgow sonne glas du « Go » à tout crin ?
Ou les COP écopent ?

L’anosognosie est diagnostiquée chez tout patient
incapable de reconnaître le mal dont il souffre.

L’humusation

Donner la vie après sa mort en régénérant la terre : se faire enterrer à même la terre. L’humusation est un processus contrôlé de transformation des corps humains par les micro-organismes, qui sont présents uniquement dans les premiers cm du sol, dans un compost de broyats de bois d’élagage, qui transforme, en 12 mois, les dépouilles mortelles en humus sain et fertile. Écologiquement et économiquement, l’humusation est une solution bien meilleure que l’enterrement et l’incinération pour permettre à nos corps, en fin de vie, de suivre le cycle complet de transformation en douceur.
Cf. https://www.humusation.org/.

« Bientôt, nous plongerons dans les froides ténèbres.
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres
le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,
haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé.
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.
J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe.
L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe,
sous les coups du bélier infatigable et lourd.
II me semble, bercé par ce choc monotone,
qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? C’était hier l’été ; voici l’automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ »
(Charles BAUDELAIRE, Spleen et Idéal, 1857).

Amazing réseaux sociaux des animaux

« On s’adresse à son animal avec toute l’affection dont on aimerait être soi-même l’objet. Comme si c’était le double de soi » (Didier Lauru, Revue Enfance et Psy, n° consacré à la relation entre l’enfant et l’animal, 2007).

Quand deux camarades éléphants ne se sont plus vu depuis longtemps, ils se mettent la trompe dans la bouche de l’autre.

Les pandas urinent pour laisser des messages à leurs camarades, en se dressant sur leurs pattes avant, tête en bas, afin d’uriner le plus haut possible, sur un arbre par exemple. Que fait le panda suivant ? Il se sus-panda à ses lèvres, tout joyeux de recevoir son message !?…

Amazing réseaux sociaux, n’est-ce pas ?

Divali + le tendre lilas des jacarandas

Mon séjour à Maurice s’achève dans une surabondance de joies intérieures. Le Seigneur de la Vie me fait danser dans l’eau de mer, sur la plage, dans le tendre lilas des jacarandas qui ne fleurissent qu’en ce mois mauve si spécial, pendant lequel les âmes d’ici accueillent la paix et la lumière de Divali… Merci à chaque Mauricienne, chaque Mauricien, pour son accueil et ses partages intimes.

Alalila : expression créole exclamative signifiant « Voilà ! Exactement ! » : ce qui est dit correspond à ce qui était cherché, que ce dont il est question correspond à la meilleure solution. Si Archimède avait été mauricien, il se serait probablement écrié « Alalila ! » dans sa baignoire. « — Et si on passait un boulon entre les deux pannes, à travers une pièce fixée sur l’arêtier ? — Alalila ! c’est ça même qu’il faut faire. » Le voilà ; c’est là ; tiens (ou “tenez”). « Passe-moi un coup le couteau. — Alalila » (https://mauricianismes.wordpress.com/la-ma-liste-de…/).

Divali est une des plus belles fêtes hindoues ; c’est leur Noël, fête de la lumière partagée à tous…

Fugitive beauté < > dans l’éternité ?

Charles Baudelaire, À une Passante :

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse,
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet.

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair… puis la nuit ! — Fugitive beauté
Dont le regard m’a fait soudainement renaître.
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais !

Inspiré par Charles Baudelaire dans ma propre réalité : 

Ces 3 et 5 octobre, présente de tout ton être :
un éclair… puis la nuit ! Fugitive beauté
dont le regard m’a fait soudainement renaître.
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Du pain et des jeux : « tittytainment »

« Ces Romains si jaloux, si fiers qui jadis commandaient aux rois et aux nations et régnaient du Capitole aux deux bouts de la terre, esclaves maintenant de plaisirs corrupteurs, que leur faut-il ? Panem et circenses : du pain et les jeux du cirque » (Juvénal, Satire X). 19 siècles plus tard, en 1995, Zbigniew Brzezinski a parlé de la stratégie du « tittytainment », faisant un jeu de mots avec « tit » (sein), « titillate » (titiller) et « entertainment » (divertissement) : endormir le peuple par des divertissements abrutissants, dans le but de paralyser le sens critique et l’opposition politique. Voir Hans Peter Martin et Harald Schumann, Le Piège de la mondialisation. L’agression contre la démocratie et la prospérité.

Larmes

« Je me souviens d’avoir vu un matin ma grand-mère pleurer sans parvenir à mettre fin à ses larmes qu’elle tentait d’essuyer dans un grand mouchoir à carreaux. Sa mère, notre arrière-grand-mère, venait de mourir. Mais je n’avais pas appris ce jour-là sa mort. On me l’avait cachée. On avait sans doute voulu me prémunir d’un inévitable chagrin, ou disons qu’il y avait tant à faire, à penser après la mort de l’aïeule, qu’on aura reporté à un peu plus tard le temps des paroles aux enfants. Et quand je l’ai interrogée enfin sur ses larmes, ma grand-mère m’a répondu : « elles coulent pour laisser partir quelqu’un qui est dans mon cœur, qui est en moi depuis si longtemps ». J’ai imaginé que nous retenions tout au fond de nous la pensée de ceux que nous aimions, avec la crainte d’un chagrin trop violent qui pourrait rompre les digues de notre cœur, et alors emporter dans nos larmes chaudes l’être si fragile des personnes aimées » (Frédéric Boyer, Le lièvre, p. 15).

Tombe-je sur ta tombe ou dans ma tombe ?

Il existe un tunnel obscur dans la Lumière Infinie.
On l’appelle « Temps ».
Lorsqu’un humain entre dans ce tunnel,
on appelle cela « naître ».
Lorsqu’un humain marche au long de ce tunnel,
on appelle cela « vivre ».
Lorsqu’un humain sort de ce tunnel,
on appelle cela « mourir ».
Considérer que vivre se réduit à évoluer au long de ce tunnel obscur,
cela s’appelle « illusion ».
Percer des trous dans ce tunnel obscur,
cela s’appelle « science ».
Savoir que la Lumière est autour du tunnel,
cela s’appelle « Foi ».
Voir la Lumière dans le tunnel obscur,
cela s’appelle « Amour ».
Voir la Lumière à travers le Tunnel obscur,
cela s’appelle « Sagesse ».
Éclairer le tunnel obscur de sa propre Lumière,
cela s’appelle « Sainteté ».
Confondre la Lumière et le Tunnel obscur,
cela est au-delà des mots
(Lao Tseu, extrait du Tao Te King, 600 ans avant J-C).

« Ne confonds pas ton chemin avec ta destination. Ce n’est pas parce que c’est orageux aujourd’hui que cela signifie que tu ne te diriges pas vers le soleil » (Anthony Fernando).