Source, Souffle, Lumière

En tous temps, en tous lieux, tous les vivants célèbrent leur source, leur souffle, leur lumière.

La Bible honore ces fondamentaux du Vivant :
« En toi, est la source de vie ;
c’est par ta lumière que nous
‘soufflons’ la lumière » (Ps 35,10).

« La prière est le souffle de l’âme, l’oasis de paix où nous pouvons puiser l’eau qui irrigue notre vie spirituelle et illumine notre existence » (Benoit XVI, L’âme de la prière, p. 297).

Dans les bras de la mère qui engendre la vie, porteuse du souffle vital, fils et père, réunis, se réjouissent. Cette dynamique du Vivant court sur toute la terre, à l’image et à la ressemblance du Créateur, qui partage sa plénitude de communion. Bienheureux qui se laisse combler de sa joie légère à chaque inspire et qui, à chaque expire, y prend part de tout son être…

Hasard et Providence

« La Providence est-elle le nom de baptême du Hasard ?

Le Hasard est-il un sobriquet de la Providence ? »
(inspiré de Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées, 1781).

« Tu naquis : ma tendresse, invisible et présente,
ne livra pas mon œuvre aux chances du hasard.
J’échauffai de tes sens la sève languissante,
des feux de mon regard.

D’un lait mystérieux, je remplis la mamelle.
Tu t’enivras sans peine à ces sources d’amour.
J’affermis les ressorts, j’arrondis la prunelle
où se peignit le jour.

Ton âme, quelque temps par les sens éclipsée,
comme tes yeux au jour, s’ouvrit à la raison.
Tu pensas, la parole acheva ta pensée,
et j’y gravai mon nom »
(Alphonse de LAMARTINE, La providence à l’homme).

Honore ton père et ta mère

« Souvenez-vous que sans vos parents vous ne seriez point né, et faites tout pour eux comme ils l’ont fait pour vous. Un père et une mère sont nos premiers partenaires dans la vie, ils sont les mortels à qui nous devons le plus » (Benjamin Delessert, Le guide du bonheur, 1839).

« La dépendance est dans l’ordre de la nature. L’humain vient au monde faible et nu ; à sa naissance, c’est un pauvre petit enfant qui a besoin de tout. Si on l’abandonnait à lui-même, il mourrait infailliblement. Mais il ne meurt pas, il a une mère qui le nourrit de son lait après l’avoir nourri de son sang, un père qui travaille pour subvenir aux dépenses qu’il nécessite. À l’aide de ce double appui, l’enfant se développe, grandit, devient fort. Le voilà donc redevable envers son père et sa mère du bienfait de la vie. Comment les en récompensera-t-il ? Par le respect, la reconnaissance et l’amour. Enfants, n’oubliez donc jamais ce que vous devez à vos pères et mères, et pour ne pas l’oublier, pensez à vos premières années » (Alfred Auguste Pilavoine, Pensées, mélanges et poésies, 1845).

« On ne peut jamais s’acquitter envers ses parents » (Aristote, Éthique à Nicomaque, IVe s. av. J.-C.).

Peupliers peu pliés

« L’arbre ne retire pas son ombre, même au bûcheron » (Proverbe indien).

« L’ombre du frêne,
venin n’entraîne » (Proverbe français). 

« Le filao est un arbre pionnier, capable de coloniser des sols très pauvres en éléments minéraux :
Aimes-tu mieux la nuit? Sous les filaos grêles,
où l’ombre a fait tarir le chant des tourterelles,
des rayons filtreraient sur nous comme des pleurs »
(Paul-Jean Toulet, Vers inédits, 1920, p. 5).

Ce n’est pas une crise mais une gigantesque mutation

« Une crise est un dérèglement provisoire dans un système. Donc, ce qu’on appelle “la fin de la crise” est un retour à la normale. Si vous avez une crise de foie et que vous guérissez, vous êtes à nouveau en bonne santé, comme avant. Mais on ne reviendra jamais au monde d’hier.
Nous sommes non pas en train de vivre une crise, mais une gigantesque mutation. En fait, nous vivons plusieurs mutations : géopolitique, spirituelle, technologique, génétique, économique. Elles portent en elles autant de promesses que de menaces. Ça veut dire qu’elles attendent de nous qu’on les prenne en main. Notre devoir de citoyens est de tout faire pour conjurer ces menaces et faire advenir les promesses. Voir les choses sous cet angle redonne l’envie d’agir, nous réveille… » (Jean-Claude Guillebaud, Tout est encore possible. Manifeste pour un optimisme réaliste).

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre » (Hans Jonas, Le Principe responsabilité, 1979, p. 30).

« L’union fait la force » (devise de la Belgique).

L’enchaînement des violences

« La violence n’est pas la vraie réponse à la violence. Si la violence répond à la violence, le monde tombera dans une spirale de violence. La seule vraie réponse à la violence est d’avoir le courage de faire face aux injustices qui sont la violence nº 1 » (Archevêque Helder Camara).

« Plusieurs amis israéliens m’ont déjà partagé sincèrement : « Nous, Israéliens, nous ne menons aucune action terroriste, nous ne plaçons pas de bombes dans les bus. Quand nous recourons à la force armée, ce n’est jamais pour attaquer, c’est chaque fois pour nous défendre et nous protéger. » Ils parlent de leur propre violence (répression : violence nº 3) en réaction à celle des Palestiniens (terrorisme : nº 2), mais sans voir les violences nº 1 que sont les injustices. C’est pourtant elles qui sont à la base de l’enchaînement infernal des violences. Et comme le montre cette analyse, la solution à de tels conflits tient essentiellement dans la suppression des injustices (quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent). Et le début de la solution, pour ce qui est à la portée des plus forts, est de comprendre que la violence nº 3 ne résoudra jamais rien. Au contraire, elle ne fait qu’alimenter la spirale de violence. C’est aussi vrai que 1 v + 1 v  = 2 v et que 2 v + 1 v = 3 v ! C’est aussi simple que l’histoire d’une marmite brûlant sur le feu : si vous augmentez le feu, elle brûlera encore davantage ! » (Étienne Chomé, Pour qu’un tel attentat ne se reproduise plus, article paru le 28 septembre 2001 dans la presse mauricienne, quelques jours après les attentats du 11/9/2001).

Pour le lire en entier : cf. l’article n°3 sur

http://etiennechome.site/outils-pour-de-meilleures-relations-humaines/, où se trouvent aussi d’autres articles sur la non-violence active, que j’ai publié il y a 20 ans, dans le contexte de l’île Maurice.

Jean-Marie Muller, penseur de la non-violence

Jean-Marie Muller est décédé il y a un mois, 7 jours avant Noël. Il nous a offert des centaines d’articles + 36 livres prophétiques sur l’action non-violente, la non-violence engagée dans la Cité, dont voici un florilège. En 1967, il renvoyait son livret militaire et militait pour le droit à l’objection de conscience. En 1973, il s’engageait dans le « Bataillon de la paix », avec le Général Jacques de Bollardière. Avec tant d’autres, ils se sont investis dans une défense civile non-violente réaliste, ils ont créé le MAN (https://nonviolence.fr/), dès 1974, autour du ‘Manifeste pour une Alternative non-violente’, témoignant d’une attitude responsable face à la violence, sans rien céder à son apparente fatalité, en vue de « rendre crédible l’hypothèse de la non-violence », jusqu’à l’échelle des nations et de rendre nues « l’idéologie de la violence nécessaire, légitime et honorable », « toutes les contradictions et toutes les inefficacités de la violence ». « Cultiver la violence, c’est en faire une fatalité, mais c’est une fatalité tout entière faite de main d’hommes. Nous sommes mis au défi de cultiver la non-violence. »

« Le génie de Gandhi est d’avoir réconcilié la morale de conviction et la morale de responsabilité, d’avoir réconcilié les exigences de la vie spirituelle et les contraintes de l’action politique. Il faut corriger ce que Gandhi a pu dire par ce qu’il a fait, et se méfier du gandhiraton. Ce qui menace la paix, ce ne sont pas les conflits mais l’idéologie qui fait croire aux hommes que la violence est le seul moyen de résoudre les conflits. La violence n’est jamais la solution, elle est le problème. La violence ne peut que construire des murs et détruire des ponts. La non-violence nous invite à déconstruire les murs et à construire des ponts. »

C’est parce que les forces déployées par la non-violence sont d’un autre ordre que la violence, qu’elles échappent aux pièges de la guerre baptisée juste (violence agie sur) comme du pacifisme (violence subie sous) : « Le pacifisme est un vœu pieux. Certes, il vaut mieux formuler des vœux pieux que des vœux impies, mais cela ne change rien à la réalité ! » « La non-violence réconcilie la lutte et l’amour. Elle est le chaînon manquant entre la violence et l’amour. » « Il s’agit de conjuguer l’exigence morale qui consiste à délégitimer la violence avec l’attitude responsable qui vise à agir efficacement contre les systèmes de domination et d’oppression qui asservissent l’homme. Parce que la violence finit toujours par trahir et pervertir la fin qu’elle prétend servir, il est essentiel de rechercher des « équivalents fonctionnels » à la violence qui soient en cohérence avec la fin poursuivie. La non-violence offre cette cohérence tout en visant à l’efficacité » (cf. https://www.irnc.org/IRNC/Textes/226).

Plus d’infos : https://www.irnc.org/IRNC/Actualites/Monde/2809

Silence d’or

Dans L’âme de la prière, Benoit XVI présente un Jésus constamment relié à son Père. C’est de cette Vie-là que jaillit de l’intérieur de Lui cet élan vers les autres, cet accueil des autres dans l’amour.

« La force qui a guéri le sourd-muet est provoquée par la compassion de Jésus pour lui ET provient du recours au Père. Ces deux relations (fraternelle et filiale) se rencontrent pour guérir » (p. 171).

« Sa relation permanente et intense avec le Père » (p. 172).

« Avant que le don ne soit donné, adhérer à celui qui donne. Le donateur est plus précieux que le don » (p. 174).

« Redécouvrir le caractère central de la parole de Dieu dans la vie de l’Église veut découvrir le sens du recueillement et de la paix intérieure. La grande tradition patristique nous enseigne que les mystères du Christ sont liés au silence ; par lui seul, la Parole peut faire en nous sa demeure, comme chez Marie, qui est inséparablement la femme de la Parole et du silence» (n° 66).

Ce principe – que sans le silence, on n’entend pas, on n’écoute pas, on ne reçoit pas une parole – vaut surtout pour la prière personnelle, mais aussi pour nos liturgies : pour faciliter une écoute authentique, elles doivent être aussi riches de moments de silence et d’accueil sans parole. La remarque de saint Augustin est toujours valable « Verbo crescente, verba deficiunt » (Sermons 288,5) :
quand le Verbe de Dieu augmente, les paroles de l’homme manquent » (p. 221). Les paroles de l’homme sont d’autant plus pauvres et inutiles que le Verbe de Dieu augmente…

Dans l’image, « Élie s’envole… Hélice en vol ! », dixit mon cher professeur d’exégèse, Jean Radermakers, jésuite belge décédé le 12 juin 2021, à l’âge de 96 ans. Pour les non-Belges, photo de notre roi Philippe, qui est pilote d’hélicoptère ! CQFD (pour avoir des vers holorimes).