Mur incontournable ou plus grande table ?

   

Dans Chanson pour L’Auvergnat, Georges Brassens décrit, avec gratitude,
le concret de sa vie partagée avec le couple qui lui a offert refuge
pendant la guerre :

Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’Auvergnat qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de bois
Quand, dans ma vie, il faisait froid,
Toi qui m’as donné du feu quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
M’avaient fermé la porte au nez…
Ce n’était rien qu’un feu de bois,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encor’
A la manièr’ d’un feu de joi’.

Toi, l’Auvergnat quand tu mourras,
Quand le croqu’-mort t’emportera,
Qu’il te conduise, à travers ciel,
Au Père éternel.

Elle est à toi, cette chanson,
Toi, l’hôtesse qui, sans façon,
M’as donné quatre bouts de pain
Quand dans ma vie il faisait faim,
Toi qui m’ouvris ta huche quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
S’amusaient à me voir jeûner…
Ce n’était rien qu’un peu de pain,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encor’
A la manièr’ d’un grand festin.

Toi l’hôtesse quand tu mourras,
Quand le croqu’-mort t’emportera,
Qu’il te conduise à travers ciel,
Au Père éternel.

Elle est à toi cette chanson,
Toi, l’Étranger qui, sans façon,
D’un air malheureux m’as souri
Lorsque les gendarmes m’ont pris,
Toi qui n’as pas applaudi quand
Les croquantes et les croquants,
Tous les gens bien intentionnés,
Riaient de me voir emmené…
Ce n’était rien qu’un peu de miel,
Mais il m’avait chauffé le corps,
Et dans mon âme il brûle encore
A la manièr’ d’un grand soleil.

Toi l’Étranger quand tu mourras,
Quand le croqu’-mort t’emportera,
Qu’il te conduise, à travers ciel,
Au Père éternel.

Les violences structurelles, de première classe

« Plus un homme dispose de pouvoir, de savoir et de richesse, plus il est capable d’habiller sa violence. Il peut s’offrir le luxe de lui donner des formes plus raffinées que le pillage, le vandalisme ou le terrorisme, qui sont les armes des pauvres. Le « méchant », dans les films, quand il en a les moyens, ne salit pas ses « propres » mains. Il confie à ses hommes de main l’exécution de sa violence trop criante. En fait, le plus souvent, les nantis (c’est-à-dire les puissants et/ou les intelligents et/ou les riches) peuvent éviter la violence directe car leurs armes ont pour noms classiques « domination politique », « exploitation économique », « oppression sociale et culturelle ».

Tout l’art des hommes est de déguiser les injustices dont ils profitent. Depuis la nuit des temps, les plus forts parviennent à transformer leur violence directe et interpersonnelle en violence structurelle, impersonnelle. Le truc, c’est de la faire passer dans les mœurs, de camoufler l’exploitation en la logeant dans les coutumes sociales, culturelles, religieuses. C’est comme cela que les hommes s’y sont pris pour dominer les femmes, à travers toutes sortes de coutumes et de règles qui, une fois établies, peuvent se perpétuer de génération en génération. De même dans le système des castes, dont la violence échappe le plus souvent tant à ceux qui en profitent qu’à ceux qui sont exploités. Autre camouflage de la violence : je vois l’horreur de l’exclusion du système de castes des autres, sans voir facilement celle du système dans lequel je vis moi-même. À l’échelle politique et économique, les mécanismes sont les mêmes : ceux qui en ont les moyens s’arrangent pour que leurs intérêts reçoivent des habits légaux, une caution légale, qu’ils se traduisent en règle normale, qu’ils passent inaperçus derrière des mesures présentées comme techniques et nécessaires » (extrait de l’article d’Étienne Chomé : À propos des violences première classe ; disponible dans 

 http://etiennechome.site/outils-pour-de-meilleures-relations-humaines/, l’article n° 2).

When the rich rob the poor, it’s called business. 
When the poor fight back, it’s called violence

Photo prise au Liban, en octobre 2019

Avoir la main de la mort sur la gorge 

« De mon cœur, exerçant son métier de vivant,
s’élève un feu qui ne sait brûler qu’en toi.
Lorsque la nuit a tiré, l’une après l’autre,
les poignées d’alarme des visages,
la rue s’arrête de marcher entre ses berges
et je ne suis plus contre toi qu’une forme blanche.
Les lampes deviennent autant de vivants,
morts en gardant les yeux ouverts
sur une ville où ton souffle est
le seul rythme qui convienne au silence.
Il me faut aller vite dans tous les sens
parce que partout autour de moi,
des femmes qui vont mourir se donnent
à des hommes dont la mort est pour demain.
Je dépense sans compter l’or de l’amour,
je goûte à ton corps comme à un verre
dont je n’ai pas le temps d’achever le contenu
parce que j’ai la main de la mort sur la gorge »
(Lucien Becker, 1911-1984).

Sa gloire, Son rayonnement

Prendre un temps de retraite, se retirer en silence (au moins une heure par jour, un jour par semaine, une semaine par an), contempler Son rayonnement, Sa gloire (kabôd dans la bible : sa densité, son pesant d’or, sa manifeste présence) autour de moi et en moi, comment elle pénètre et éclaire tout : mes ombres et mes lumières… Descendre peu à peu dans cet ample espace où monte ma musique sacrée et s’activent mes pas de danse autour de mon axe de lumière… Respirer la joie d’‘être simplement’.

« Le Seigneur lui-même marchait à leur tête : le jour dans une colonne de nuée pour leur ouvrir la route, la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer ; ainsi pouvaient-ils marcher jour et nuit » (Exode 13,21).

« La nuée couvrit la tente de la Rencontre, et la gloire du Seigneur remplit la Demeure. À chaque étape, lorsque la nuée s’élevait et quittait la Demeure, les fils d’Israël levaient le camp. Si la nuée ne s’élevait pas, ils campaient jusqu’au jour où elle s’élevait. Dans la journée, la nuée du Seigneur reposait sur la Demeure, et la nuit, un feu brillait dans la nuée aux yeux de tout Israël. Et il en fut ainsi à toutes leurs étapes » (Exode 40,34‑38).

« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer » (psaume 22).

En forêt

« Lorsque vous entrez dans une forêt, souvenez-vous qu’une multitude de créatures sont là qui vont et viennent, occupées à différentes activités, et qu’elles vous voient. Essayez de vous mettre en relation avec elles, et même adressez-leur la parole pour leur montrer que vous appréciez leur travail.

Approchez-vous d’un chêne, d’un sapin… Appuyez votre main sur son tronc et dites-lui : « Que tu es beau ! Que tu es fort ! Donne-moi un peu de ta solidité et de ta résistance… Et je te charge aussi d’un message pour tous les autres arbres de la forêt. Dis-leur qu’ils sont magnifiques et que je les aime. Salue chacun de ma part, transmets-leur mon baiser », et vous embrassez l’arbre. Les entités qui l’habitent vont alors s’empresser de transmettre votre amour à toute la forêt et tandis que vous continuez à vous promener, les autres entités qui ont reçu votre message sortent des arbres pour vous saluer, elles dansent sur votre passage. Quand vous retournerez chez vous, vous serez heureux, comme si vous aviez rencontré des amis » (Omraam Mikhaël Aïvanhov).

Le « Self », cette instance centrale de ma personne, là où « je suis qui je suis »

« Car JE est un autre. Si le cuivre s’éveille clairon, il n’y a rien de sa faute. Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène.

Si les vieux imbéciles n’avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n’aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s’en clamant les auteurs !

La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend.

[…] Tant d’égoïstes se proclament auteurs. […] Imaginez un homme s’implantant et se cultivant des verrues sur le visage. Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant. Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun ! Il arrive à l’inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l’intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu’il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d’autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l’autre s’est affaissé ! » (Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1871).

« Je suis hors de moi » : qui est le ‘je’ et qui est le ‘moi’ ?

« « Je suis hors de moi » : qui est le ‘je’ et qui est le ‘moi’ ?

« Je me sens partagé » : qui est le ‘je’ qui veut faire une chose, le ‘je’ qui veut en faire une autre ?

« Mon problème, c’est que je n’ai pas confiance en moi » : qui est le ‘je’ et qui est le ‘moi’ ?

Au lieu de laisser nos voix critiques nous harceler, le Système Familial Intérieur (Internal Family System) nous apprend à les accueillir d’un autre lieu et entendre ce dont elles prennent soin » (Nadine d’Ydewalle, qui a lancé l’IFS en Belgique, décembre 2010). Cf. https://ifs-association.com/.

C’est dans ma relation avec l’autre que j’existe

Dans la littérature romanesque, René Girard est frappé d’un point
commun : le héros est manipulé par le désir de l’autre, il est accroché par un désir qu’il a attrapé chez l’autre. Ce désir imité, il va l’appeler désir mimétique. « Le désir, c’est ce qui arrive à nos besoins quand ils sont imités. Donc, l’homme est un être qui a des désirs mais qui n’a pas de désir en propre comme il a des besoins. Il a des désirs parce qu’il vit en société. La relation à l’autre précède le ‘moi’. Ce n’est pas vous qui avez une relation avec quelqu’un d’autre, c’est dans la relation à l’autre que vous vous construisez vous-même » (Christine Orsini, dans le documentaire d’Yves Bernanos : René Girard. La vérité mimétique).

Pour le philosophe Charles Pépin, résolument sartrien sur ce point, le moi ne préexiste pas. C’est par nos contacts avec l’extérieur que nous existons à l’intérieur. Le moi en tant que noyau d’être ne lui parle pas, l’âme vue comme identité fixe et immuable ne veut rien dire, c’est une illusion selon lui.

Dans mes propres expériences, l’Autre, avec un grand A, me préexiste et est le lieu-Source de mon être. Il est bien là, au cœur de mon cœur, avant toute relation extérieure, avant toute démarche ex et ad / de et vers. C’est dans ma relation avec cet Autre que j’existe d’abord à l’intérieur. Et finalement, la magie de mon être advient jour après jour, dans cette étonnante alliance très inégale entre Lui et moi, au point que « Dieu réside en moi en tant que moi » (conclusion du film Mange, prie, aime, présentant la longue quête de l’héroïne, jouée par Julia Roberts).

Jeux / je, à suivre dans mes posts de demain après-demain (à demain, à deux mains puis à quatre mains…).

‘je’ & ‘tu’ s’engendrent mutuellement

« « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Deutéronome 6,6). Dans ce « comme toi-même », nous sommes à la recherche d’un droit à l’amour de nous-même ; c’est la première pulsion éthique. Je peux me percevoir moi-même comme une histoire de vie qui a de la valeur, qui mérite d’exister…

Le souci d’autrui, deuxième composante de l’exigence morale, est un point sans doute plus évident. Mais je ne peux vraiment le formuler que si j’ai droit au premier. Parce que, respecter autrui –  « traiter autrui comme une fin en soi, disait Kant, et non pas seulement comme un moyen » – c’est vouloir que ta liberté ait autant de place sous le soleil que la mienne. Je pense que toi aussi, comme moi, tu agis, tu penses, tu es capable d’initiative, de donner des raisons pour tes actes, de faire des projets à longue distance, de composer le récit de ta propre vie.

Par conséquent, le ‘je’ et le ‘tu’ s’engendrent mutuellement. Je ne pourrais pas tenir autrui pour une personne si je ne l’avais fait d’abord pour moi-même. L’estime de soi et le respect de l’autre se produisent réciproquement, et c’est là le premier socle de l’éthique » (Paul Ricoeur, L’éthique, la morale et la règle, dans Autres Temps, 1989, p. 54).

Le cerveau au top tôt matin

Le début de la journée est le moment où le cerveau est le plus reposé et où le cortex préfrontal est le plus actif : les capacités d’autorégulation et d’attention sont alors à leur maximum. Puisque l’attention est de plus en plus difficile à contrôler au fur et à mesure de la journée, commencez par les tâches demandant de la concentration. Les recherches montrent que le « multitasking » augmente de 50 % le risque d’erreur. Essayer de porter son attention sur plusieurs tâches simultanément est contre-productif et stressant. Une étude a montré que des étudiants lisant un texte sur un tapis roulant avaient 34,9 % plus de chances de répondre correctement à des questions de compréhension que ceux qui l’avaient lu assis.

La méditation peut changer la structure physique de votre cerveau. Il a été prouvé qu’elle peut augmenter le volume de matière grise dans l’insula, influençant ainsi la conscience de soi, la perception et le fonctionnement cognitif. Les bénéfices ? L’empathie, la mémoire et la créativité augmentent ; l’anxiété et les pensées négatives diminuent. Bien que la méditation ait démontré sa capacité à stimuler le fonctionnement cérébral, la plupart des espaces de travail manquent aujourd’hui d’installations pour les activités de ressourcement.

Donna Flynn : « Ce vieil adage selon lequel on est parfois trop concentré pour voir la forêt à travers les arbres, tout comme ce cliché qui veut que les idées surgissent sous la douche ou dans la voiture sont désormais expliqués par la science. Les neurosciences nous permettent en effet de comprendre que le meilleur moyen de résoudre un problème est souvent de s’en éloigner pour laisser notre cerveau faire le travail à notre place. Quand les neurones construisent de nouveaux passages, c’est là que les idées commencent réellement à germer. » Inutile de rester bloqué sur ce que je sais déjà, allons au large…

Tiré du passionnant dossier Les neurosciences au service de l’entreprise, disponible ici :

https://www.tertia.lu/wp-content/uploads/2016/11/360-Un-cerveau-haute-performance.pdf

Et encore : le cerveau humain utilise en moyenne l’équivalent de 20 watts, c’est-à-dire assez d’électricité pour faire fonctionner une ampoule. Le cerveau représente à peine 2 % du poids corporel mais consomme plus de 20 % de l’apport calorique quotidien, soit plus qu’aucun autre organe du corps humain. Un morceau de tissu cérébral de la taille d’un grain de sable contient 100.000 neurones, soit un milliard de connexions. Si on mettait bout à bout tous les vaisseaux sanguins du cerveau, ils feraient 4 fois le tour de la Terre, soit approximativement 160.000 kilomètres. Les messages voyagent d’un neurone à l’autre à différentes vitesses : certains avancent au pas (50 mètres par seconde) tandis que d’autres battent tous les records (122 mètres par seconde). Le cerveau contient 60 % de matière grise, composée de neurones, et 40 % de matière blanche, constituée de dendrites et d’axons créant les réseaux par lesquels les neurones communiquent entre eux. Au contraire des autres organes, le cerveau est très délicat : sa consistance est semblable à celle du beurre.