« J’ai grandi, j’ai appris à vivre et à aimer dans le malheur de ma mère, et dans l’opposition à mon père, puisqu’à tort et à raison, je rendais responsable mon père du malheur de ma mère. L’opposition à ma père était tonique, c’est sain de s’opposer à son père. Grandir dans le malheur de ma mère l’était nettement moins. Toute dépressive qu’elle fut, elle avait des moments de gaieté et de bonheur apparent. Mais ils sonnaient faux. On sentait qu’il y avait une part de théâtre, d’histrionisme. Si bien que dans ma petite tête d’enfant puis d’ado, j’avais un peu l’idée que la joie était du côté de l’illusion et que la vérité était tragique, du côté de la tristesse. La philosophie m’a servi de bonne mère, en m’apprenant le contraire : c’est l’illusion qui rend malheureux, en amenant la désillusion ; c’est la vérité lucide qui permet de prendre sa vie à bras le corps et de l’aimer telle qu’elle est, plutôt que de lui reprocher de ne pas correspondre au rêve qu’on s’en était fait » (André Conte-Sponville, dans un interview sur Arte).
L’histrionisme est un trouble de la personnalité marqué par une quête permanente d’attention, à travers les divers moyens : séduction, manipulation, démonstrations émotionnelles exagérées, dramatisation ou théâtralisme.