Révolution non-violente en RDA

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Voici l’exemple d’une révolution non-violente qui a surfé sur des symboles. Il y a 60 ans, l’Empire soviétique haranguait ses masses laborieuses à manier leurs charrues plutôt que des épées, comme l’illustre la statue (fabriquée par le sculpteur russe, Evgueni Vuchetich) que l’Union soviétique avait offerte en 1959 à l’ONU et qui se trouve toujours devant le bâtiment onusien à New York (voir l’image à gauche). Comme c’était un emblème communiste, le gouvernement de la RDA (République Démocratique Allemande) n’a pas tué dans l’œuf la résistance non-violente de ses jeunes qui avaient cousu un écusson en tissu reprenant ce symbole (voir l’image à droite : « épées en charrues ») au bras de leur veste, en mettant en avant sa portée biblique de paix : « Ils mettront en pièces leurs épées pour en faire des socs de charrue, et leurs lances pour en faire des serpes » (Isaïe 2,4 et Michée 4,3). Ce symbole devint un outil discret de ralliement et de mobilisation pour dire non à la domination soviétique, notamment aux veillées de prière vécues chaque lundi. 

Le Pouvoir soviétique finit par interdire le port de ces écussons ; des milliers de jeunes Allemands de l’Est enlevèrent l’écusson tout en laissant dans leur veste les coutures ouvertes, en y ajoutant de nouveaux fils, histoire de bien souligner que le « non à la domination » n’est pas retiré et même qu’il monte encore en puissance. Le 24 septembre 1983, pour marquer le 500e anniversaire de la naissance de Martin Luther, à Wittenberg, après la tombée de la nuit, environ 2000 jeunes se sont rassemblés dans la cour de la maison de Luther. Là, un forgeron a allumé un feu au milieu de la foule et a soulevé une épée dans les airs. Il la montra ostensiblement à tous, puis la mit sur son enclume et la transforma, coup par coup, en charrue. Dans le contexte de répression, ce grand rassemblement fut un signe fort de courage, manifestant une ferme détermination et aussi une profonde confiance en Dieu. Toutes ces qualités se sont renforcées de lundi en lundi, dans les veillées de prière, jusqu’à la fameuse manifestation aux lumignons de Leipzig, le 9 octobre 1989. Cf. mon post https://etiennechome.site/la-chute-du-mur-de-berlin-grace-au-9-10-89-a-leipzig/,
où je montre comment la Stasi (police secrète) et les dirigeants de la RDA avaient anticipé de très nombreux scénarios pour empêcher l’opposition et casser toute résistance, mais ils n’avaient pas équipé leurs soldats contre l’humble pouvoir de bougies et de chants de prières d’un nombre suffisant de citoyens résolus à dire leur non-coopération. Cet exemple de dictature balayée sans violence, à coups d’écussons & lumignons humblement gardés allumés, à couper le souffle, nous a été rappelé par Josef Freise (mon vieux frère allemand qui a étudié à Louvain il y a 60 ans) dans son sermon du culte œcuménique ce dimanche 27 octobre 2024, au sein de la Conférence Internationale sur la paix organisée par Church and Peace. Plus de précisions :  https://www.church-and-peace.org/en/european-conference-2024/.

Non-violent revolution in GDR

Here’s an example of a non-violent revolution that surfed on symbols. 60 years ago, the Soviet Empire harangued its toiling masses to wield ploughs rather than swords, as illustrated by the statue (made by Russian sculptor Evgeny Vuchetich) which the Soviet Union donated to the UN in 1959 and which still stands in front of the UN building in New York (see image left). As it was a Communist emblem, the government of the GDR (German Democratic Republic) didn’t nip in the bud the non-violent resistance of its young people, who had sewn a cloth patch using this symbol (see image right: “Swords into ploughshares ») on the arm of their jacket, highlighting its biblical significance for peace: «They shall beat their swords into ploughshares, and their spears into pruning hooks» (Isaiah 2:4 and Micah 4:3). This symbol became a discreet tool for rallying and mobilizing people to say no to Soviet domination, notably at the prayer vigils held every Monday.

The Soviet authorities eventually banned the wearing of these badges ; thousands of young East Germans removed the badges from their jackets, leaving the seams open and adding new threads to emphasize that “no to domination” had not been withdrawn, and was even gaining in strength. On September 24, 1983, to mark the 500th anniversary of Martin Luther’s birth, some 2,000 young people gathered in the courtyard of Luther’s house in Wittenberg after dark. There, a blacksmith lit a fire in the middle of the crowd and lifted a sword into the air. He showed it  conspicuously to everyone, then placed it on his anvil and transformed it, stroke by stroke, into a plough. Against a backdrop of repression, this great gathering was a powerful sign of courage, showing firm determination and deep trust in God.

All these qualities were reinforced Monday after Monday in the prayer vigils, culminating in the famous Leipzig candle-light demonstration on October 9, 1989. See my post : https://etiennechome.site/la-chute-du-mur-de-berlin-grace-au-9-10-89-a-leipzig/,
where I show how the Stasi (secret police) and the leaders of the GDR had anticipated numerous scenarios to prevent opposition and break down any resistance, but had not equipped their soldiers against the humble power of candles and the prayer songs of a sufficient number of citizens determined to express their non-cooperation. This breathtaking example of a dictatorship swept away without violence, with crests & candles humbly kept lit, was reminded to us by Josef Freise (my old German brother who studied in Leuven 60 years ago) in his sermon at the ecumenical service this Sunday, October 27, 2024, at the International Peace Conference organized by Church and Peace. More details: https://www.church-and-peace.org/en/european-conference-2024/.

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