La prosopopée est la figure de style qui consiste à faire parler un mort, un animal, une chose personnifiée, une abstraction.
Exemple de Charles Baudelaire :
« Je suis la pipe d’un auteur.
On voit, à contempler ma mine,
D’Abyssinienne ou de Cafrine,
Que mon maître est un grand fumeur. »
Exemple d’Alfred de Vigny pour la maison du berger :
« Elle me dit : Je suis l’impassible théâtre
Que ne peut remuer le pied de ses acteurs.
Mes marches d’émeraude et mes parvis d’albâtre,
Mes colonnes de marbre ont les dieux pour sculpteurs.
Je n’entends ni vos cris ni vos soupirs, à peine.
Je sens passer sur moi la comédie humaine
Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs.
Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre,
À côté des fourmis, les populations.
Je ne distingue pas leur terrier de leur cendre.
J’ignore en les portant les noms des nations.
On me dit une mère et je suis une tombe.
Mon hiver prend vos morts comme son hécatombe,
Mon printemps ne sent pas vos adorations.
Avant vous, j’étais belle et toujours parfumée.
J’abandonnais au vent mes cheveux tout entiers.
Je suivais dans les cieux ma route accoutumée,
Sur l’axe harmonieux des divins balanciers.
Après vous, traversant l’espace où tout s’élance,
J’irai seule et sereine, en un chaste silence.
Je fendrai l’air du front et de mes seins altiers »
(Les Destinées, III).