Les jurons religieux s’arrangent pour dire sans dire

‘Mordieu’, c’est jurer par la mort de Dieu. 
‘Jarnibleu’ = « je renie Dieu! ».

Ce sont des blasphèmes qui ont rang de « péché mortel ». Car jurer par le Nom de Dieu, c’est enfreindre le troisième commandement du Décalogue.

Aussi, depuis des millénaires, beaucoup de jurons religieux s’arrangent pour dire sans dire, en évitant de prononcer directement les noms (jeu de oui / non). Exemple : La terminaison -bleu est un euphémisme qui évite de dire Dieu, et donc de blasphémer. Dire sacrebleu plutôt que sacré dieu, Scrogneugneu (ou sa forme ancienne sacrégnongnieu) plutôt que sacré nom de Dieu !

Dire Rrronteudjeu plutôt que Nom de dieu / crédieu / crébondieu…
Dire ‘Jarnicoton’ plutôt que ‘Jarnibleu’ : Cotton, le confesseur d’Henri IV lui demandait de remplacer le blasphème ‘Jarnibleu’ (je renie Dieu) par ‘Jarnicoton’ (je renie Cotton), moins grave !

Et Georges Brassens de s’en donner à cœur joie :
Voici la ronde des jurons
Qui chantaient clair, qui dansaient rond,
Quand les Gaulois de bon aloi
Du franc-parler suivaient la loi,
Jurant par-là, jurant par-ci,
Jurant à langue raccourcie,
Comme des grains de chapelet
Les joyeux jurons défilaient :
Tous les morbleu,
Tous les ventrebleu,
« par le ventre de Dieu! »
Les sacrebleu et les cornegidouille,
Ainsi, parbleu,
Parbleu
Par Dieu !
Que les jarnibleu
Et les palsambleu,
« par le sang de Dieu! »
Tous les cristi,
Les ventre saint-gris,
Les par ma barbe et les nom d’une pipe,
Ainsi, pardi,
Que les sapristi
Sapristi et sacristi
Et les sacristi,
Putain de Tabarnac !
Sans oublier les jarnicoton,
Les scrogneugneu et les bigre et les bougre,
Les saperlott’, les cré nom de nom,
Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre,
Tous les Bon Dieu,
Tous les vertudieu,
Les saperlott’, les cré nom de nom,
Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre,
Tous les Bon Dieu,
Tous les vertudieu,
Tonnerr’ de Brest et saperlipopette,
Ainsi, pardieu,
Que les jarnidieu
Et les pasquedieu

(Le pornographe, 2, 1958).