La « galette des rois » est une tradition bien vivante chez nous :
le premier dimanche de janvier, pour l’Épiphanie, on “tire les rois”
en famille. Cette année, nous avons la joie de vivre cette tradition
avec des Mauriciens qui ne connaissent rien de cette tradition.
Alors, je la raconte ici.
Le clou de la fête est au dessert, autour de la galette à frangipane
(en forme de couronne) qui a été cuite pour l’occasion avec,
en son sein, une fève cachée : aussitôt que la personne
dont la part de gâteau contient la fève la découvre,
elle est reconnue reine/roi et elle choisit qui sera
roi/reine avec elle, pour toute la journée.
Et on leur met une couronne royale dorée sur la tête.
Au moment de la découpe de la galette, comme tous prennent
un malin plaisir à repérer dans quelle part se trouve la fève,
la personne la plus jeune d’entre nous est envoyée sous la table
pour être la voix innocente : la maîtresse de maison pointe une
part de gâteau en lui demandant à qui attribuer cette part…
Cette fête existait avant le christianisme. Après le solstice d’hiver,
les Romains fêtaient le retour de la lumière de cette manière :
maîtres et esclaves de la même maisonnée partageaient un gâteau,
souvent fourré de miel et de datte, dans lequel était cachée la fève,
sorte de tirage au sort de la personne honorée en roi/reine pour un jour.
Ce que les chrétiens ont apporté à cette fête, c’est un sens neuf
de la royauté, de la couronne (forme qu’ils vont donner
à la galette) et de la lumière.
Il y a les rois, au sens des chercheurs de l’essentiel
qui ont la joie de connecter le Ciel et qui auront la
surprise d’être illuminés de l’intérieur d’une étable :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu se lever son étoile et nous
sommes venus nous prosterner devant lui. »
Il y a Hérode, le roi-politicien, qui cherche à éliminer le rival :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour
que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
« Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
les sages d’Orient regagnèrent leur pays
par un autre chemin » (Mt 2, 1-12).
Il y a ce bébé innocent dans la mangeoire,
dont tout l’être irradie d’une lumière nouvelle,
dont la couronne royale deviendra couronne d’épines…
Et la Passion commence déjà dès sa naissance :
à tour de bras, le roi Hérode crucifie de saints
innocents, hier comme aujourd’hui encore !
Je nous souhaite belle réception de cette lumière
autre que celle du soleil extérieur
et bonne royauté alternative !