Extraits de ‘La fiancée des corbeaux’ de René Frégni :
« L’écriture ? Un immense territoire de liberté, une école buissonnière ! […] C’est le contraire d’un programme, d’une technique, c’est un vagabondage dans une contrée sauvage.
Si j’écris depuis tant d’années, c’est que j’ai la sensation d’aller beaucoup plus loin dès que je fais rouler un stylo entre mes doigts, vers les petites lumières de ma mémoire et la pénombre de tout ce qui m’échappe dans le brouhaha de la vie, comme on déchire et soulève la couche de feuilles mortes au pied des arbres, avec un bâton, pour découvrir la bosse rouge et or d’un champignon.
Voilà le secret, savoir secouer les mots. Les faire sortir du dictionnaire et courir partout comme du feu ou des rats.
La trace que je laisse n’a pas plus d’importance que la bave argentée d’un escargot. J’aime la blancheur de mon cahier, l’odeur du café dans un bol rouge et la lumière des saisons qui glisse derrière mes vitres, comme si l’homme n’avait rien dérangé. »