Le couple, ça fait parfois très mal mais ce n’est pas du masochisme ; ça nous fait souffrir pour nous guérir de nos blessures d’enfance, pour nous libérer des programmes de survie qui s’y rattachent. La vie de couple est un chemin initiatique, un long chemin de délivrance progressive, qui nous met en route vers la plénitude de la complétude : il ne s’agit pas moins de retrouver notre intégrité, l’intégralité de notre Essence créée, de savourer à nouveau nos nombreuses ressources et divers possibles.
Toi, mon épouse (avec qui mon nez-pousse, de temps en temps = de décennie en décennie), tu as l’art d’aller appuyer précisément là où ça fait mal en moi. Mes parts à la perspective étriquée te le reprochent mais moi, qui vois au-delà de l’immédiat, je te remercie. À vrai dire, quand j’ai eu le coup de foudre, le 21 septembre 1987, tout mon être t’a embauchée inconsciemment pour cela : pour le meilleur et pour le pire, tu réveilles mes blessures, tant qu’elles ne sont pas encore pleinement guéries. Tu me ramènes en vérité à moi-même, à mes ombres et au chemin encore à faire, aux conversions encore à vivre. Avec une redoutable justesse, tu es le témoin authentique de ce qui n’est pas encore réglé dans ma vie. Et moi aussi, comme je suis doué pour aller appuyer pile poil là où ça réagit en toi, mon amoureuse, pour t’inviter à ne pas en rester là, dans cet état d’âme-moureuse/mourante. Mon caca, que j’essaie désespérément d’enfuir, tu le mets sous mon nez, jusqu’à ce que je le sente, puis jusqu’à ce que je le digère et l’évacue de ma vie. Ce que tu essaies désespérément de fuir, je te le mets sous les yeux et dans les oreilles, tant que tu fais la sourde et l’aveugle. Je t’aime, je m’aime même ; tu m’aimes, tu t’aimes-thème ! Nous nous souhaitons le meilleur jusque dans le pire : nous nous voulons pleinement vivants !