« Nous faudra-t-il chanter, bouches closes, comme le poète Tudor Arghezi, autrefois interné dans cette prison de Roumanie ? Habillé de loques, sandales éculées, pas de couverture, de planche de bois pour sommeil ; cellule obscure ; ni jour, ni nuit ; le froid, la peur et aucun vent car l’air manque aux poumons de celui qui trace, d’un ongle rageur, les mots de ses poèmes sur la terre battue d’une prison. Chanter, bouches closes, est-ce l’unique façon de tout dire lorsque l’inhumain tourne vers nous son visage humain et qu’il faut encore dissocier l’ange du démon, malgré le masque et la duperie ? » (Corinne Royer, Ceux du lac).