À Maurice, il y a beaucoup de ‘kalimaye‘ = coins-prière hindous en pleine nature : au départ, c’est un très sommaire tablier de béton servant d’autel où le dévot dépose une statuette et ses offrandes. Au fil du temps, le dévot donne une maisonnette à sa statuette et étoffe son kalimaye, en sacralisant progressivement cet espace jusqu’à y bâtir toujours plus de kalimaye qui, de mailles en mailles, finissent par être tout un temple ! Et ni vu ni connu, comme ça-crée du sacré, la marmaille a occupé l’espace… Well done !
Voici des extraits d’un poème dédié à Kali, la déesse-mère hindoue (auteur : Rampraçad Sen (1718-1775)) :
« Ô esprit, ce faste rituel et ce culte sont vains,
qui accroissent encore la vanité de l’esprit !
Que ta prière à Kali soit secrète, que nul n’en sache.
À quoi bon ces poupées de métal ou de cuivre ou de terre ?
Ne sais-tu pas, insensé, que l’univers entier est l’image de la Mère ?
Tu apportes une poignée de graines, effronté,
comme une offrande à la Mère, à Celle qui nourrit le monde d’aliments délicieux !
À quoi bon, fou, illuminer ainsi de lanternes et de bougies ?
Fais plutôt que grandisse la lumière de l’esprit,
qu’il dissipe sa propre ténèbre, nuit et jour ».