« Roulez, roulez
Mesdames les grues
Votre maison est abattue
Vos petits qui sont dedans
Y crient tant qui pouvant »
(chant dans la Gironde).
« La grue est, en Occident, un symbole commun de sottise et de maladresse, sans doute en raison de l’allure gauche de l’oiseau posé sur une seule patte, faisant le pied de grue ! Toute autre, la tradition initiatique bambara, qui voit dans la grue couronnée l’origine de la parole. Dans une tirade épiphanique, on lit ces mots : « Le commencement de tout commencement du verbe est la grue couronnée. L’oiseau dit : je parle. La grue couronnée réunit par son plumage, par son cri et par sa danse nuptiale les trois attributs fondamentaux du verbe » ; beauté (il passe pour le plus beau des oiseaux) ; son (il serait le seul à infléchir la voix quand il crie) ; mouvement (sa danse à l’époque des amours offre un spectacle inoubliable). C’est pourquoi on affirme que les hommes ont appris à parler en l’imitant. Mais la raison profonde de la valorisation de cet oiseau résulte de la conviction qu’il est conscient de ses dons, qu’il a la connaissance de lui-même. C’est donc en sa qualité de symbole de la contemplation de soi-même que la grue couronnée est à l’origine de la parole de Dieu, de la connaissance que l’homme a de Dieu. Le raisonnement implicite et intuitif serait le suivant : l’homme n’a connu la parole concernant Dieu qu’à partir du moment où il s’est connu lui-même. Il laisse ainsi entendre que la connaissance de Dieu dérive de celle de soi-même. Tel serait le symbolisme profond de la grue couronnée » (Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles).