Belle histoire belge une fois :
Jacques Brel offrant une fleur à son collègue Salvatore Adamo, surnommé depuis lors le tendre jardinier de l’amour :
« Tu es un tendre jardinier, Salvatore,
et les fleurs que tu provoques gardent la fraîcheur
et la sauvagerie des bouquets de bord de route.
On en prend une, on se la plante entre les dents
et brusquement elle devient chanson, « chanson-fleur »,
douce à mâchonner à l’heure indécise où les hommes
entrent par milliers dans les villes cruelles.
Notre temps bave son bruit, et tu es là,
revenant de l’enfance à lui opposer
des fleurs et à nous les offrir.
Et voilà que quelque part une jeune fille nue,
tendue comme un soleil, te fredonne et
pour quelques instants, Roubaix est dans le Var.
Voilà que, ce lundi matin, un homme se réveille,
les yeux encore pleins de son dimanche, et
te chante sourdement dans la maison qui baille.
Et le prochain dimanche est déjà moins loin.
Et voilà aussi le nombre inconnu de toi et de nous,
énorme et merveilleux, le nombre d’hommes
et de femmes qui s’aimèrent, qui s’aiment,
qui s’aimeront, avec, par, ou pour une de tes chansons.
Et là encore, tu es le jardinier de ces couples,
lumineux tant que brûlera leur enviable folie…
et même après, si par malheur ou par trop de
quotidien, il leur arrivait de perdre leurs ailes. »