Dans la région de Butembo-Béni, au Nord-Kivu, chaque jour, de braves gens sont égorgés & décapités quand ils vont travailler dans leurs champs.
Un homme, dans la région de Béni, ose aller dans son champ, qui se trouve à 10 kms de la ville. Il y trouve une famille installée. Il a peur d’être tué… mais l’accueil est chaleureux : « vous êtes un visiteur ; soyez le bienvenu ». Et pour montrer leurs bonnes dispositions, le chef de cette famille lui offre une poule et un régime de bananes à ramener chez lui, en ville, pour fêter avec sa famille. Il trouve que c’est un comble : sur ses propres terres, il se fait accueillir comme le visiteur et il reçoit en cadeau ses propres bananes… mais il a tellement peur d’être égorgé qu’il fait profil bas et cherche à partir vivant. L’homme l’aide à charger le régime de bananes et la poule sur sa mobylette et le salue. Il part et s’arrête 1 km plus loin, en se disant : « Je ne peux pas retourner par le même chemin, il va appeler ses complices et ils me tueront ». Hélas, il n’y a aucune autre route pour rentrer chez lui. Il fait alors le choix d’abandonner les deux présents et d’enlever sa chemise rouge. Il repart à vide et en singlet. 2 kms plus loin, un barrage de gens armés l’arrête : « d’où tu viens ? ». « oh de pas loin, là-bas, en suivant un petit chemin, on arrive chez moi. » « Tu n’as pas vu un homme en chemise rouge ? à mobylette, avec des bananes et une poule ? » « Ah si, là-bas à 1 km, il a un petit ennui mécanique mais il arrive bientôt »… Ils ne trouvèrent que les bananes, la poule et une chemise rouge vide, sans l’homme qui ne revint plus jamais de ce côté-là, préférant la vie à l’exploitation de ce champ-là… Voilà comment les « infiltrés » prennent pied. Voilà comment les braves gens, qui se sentent très seuls et abandonnés par leurs Autorités, laissent faire ces appropriations forcées. Impunités et absence d’un État de droit. Le Nord-Kivu est au Congo ce que le Far West a été aux USA du 19e siècle : le Far East congolais.
Beaucoup cherchent un lopin de terre, parmi les Interhamwe (Hutus Power qui ont fui le Rwanda en 1994 et qui espèrent reconquérir le pays) ou les « Nalou » (National Army of Liberation of Uganda), qui n’ont pas trouvé leur place dans leur propre pays depuis l’arrivée au pouvoir de Museveni (grâce au soutien armé des Tutsis rwandais du FPR).
Mettre en pleine lumière (celle de la conscience), l’enchaînement des violences à l’aide de l’archevêque Dom Helder Camara. Repérer l’enchainement des trois types de violence, les violences n° 1, 2 et 3 :
Autre ressource pédagogique : Les violences visibles ne sont peut-être pas les pires, Dans l’arbre des violences, qu’est-ce qui est racine, branche et fruit ?
Remonter aux racines de l’injustice, cachées sous le sol: les violences structurelles, les « structures de péchés sociales » (concept opératoire proposé par Saint Jean-Paul II dans Sollicitudo rei socialis, 1987).
Par exemple, au Rwanda, regarder les jacqueries de 1959 comme des violences visibles, en haut de l’arbre, aller sous le sol chercher les racines de l’arbre. Aller chercher les violences n° 1 à la base de ces violences n° 2 : cela fait remonter plus loin dans le temps et repérer l’enchaînement des violences jusqu’à aujourd’hui, dans toute la Région des Grands Lacs.