Mieux encore que de chercher le soleil derrière les nuages de pluie, accueillir avec tendresse, l’une après l’autre, mes parts dépitées jusqu’à ce que, touchées d’être ainsi accueillies, elles fassent un pas de côté et laissent de l’espace au centre, là où brille la source de lumière en moi.
Pâques transfigurée ? Un occis mort transformé en pléonasme !
Pour le dire en alexandrin :
En cette fête de la Transfiguration, voici un bel exemple de mon âme-mie Marie. L’homme en châle-leurre lui demande selon ce que lui désire. Elle a l’intelligence de ne pas s’offusquer de cette grivoiserie ; elle élève le débat, en mettant en présence de l’Invisible Présence…
« Give me my scallop-shell of quiet, my staff of faith to walk upon, my scrip of joy, immortal diet, my bottle of salvation, my gown of glory, hope’s true gage. And thus I’ll take my pilgrimage » (Walter Raleigh, Britannique ayant vécu de 1552 à 1618, sur les chemins de Compostelle).
Donne moi ma coquille de paix, mon bâton de foi pour marcher sur le chemin, ma besace d’allégresse, nourriture éternelle, ma gourde de salut, ma robe de gloire, véritable témoin de l’espoir. Et ainsi je commencerai mon pèlerinage.
« Tout l’univers obéit à l’Amour. Belle Psyché, soumettez-lui votre âme. Les autres dieux à ce dieu font la cour. Et leur pouvoir est moins doux que sa flamme. Des jeunes cœurs, c’est le suprême bien. Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien.
Sans cet amour, tant d’objets ravissants, Lambris dorés, bois, jardins et fontaines, N’ont point d’appas qui ne soient languissants. Et leurs plaisirs sont moins doux que ses peines. Des jeunes cœurs, c’est le suprême bien. Aimez, aimez ; tout le reste n’est rien » (Jean de La Fontaine, Les Amours de Psyché et de Cupidon, 1669).
« Pour intégrer entièrement le principe masculin, un homme doit assimiler dans son corps les divines énergies féminines que la femme peut lui délivrer » (Barry Long).
« Je suis le roi le plus puissant sur terre, mais je ne suis rien face au véritable roi : ma couronne est d’or, mais la sienne est d’épines » (Saint Louis, roi de France).
À chaque instant, tout être vivant se tourne vers les cieux qui lui offrent la lumière de la Vie. Et il peut faire ce mouvement vers le haut parce qu’ancré par le bas, nourri et posé sur ce socle qu’est notre terre généreuse. Tout être vivant est un bébé né du mariage entre Ciel et Terre, fruit de leur union.
Vous avez dit « vie trinitaire créative » ? À chaque souffle, la vie entre par l’horizontal + nous sommes nourris par la sève d’en bas + mis en forme par la lumière d’en haut : comme si nous nous recevons à chaque instant de cette rencontre entre le souffle de Vie + la Mère et le Fils intimes + le Père des Cieux.
Tant d’âmes contemporaines se tiennent loin des Églises et pourtant sentent bien cette vie trinitaire les animer. Un exemple : « Vie Père-Mère, tu es ma vie, mon soutien constant, ma santé, ma protection, la satisfaction parfaite de tous mes besoins et mon inspiration la plus haute. Je te prie de me révéler la véritable réalité de Toi-même. J’ai conscience que mon but final est de t’exprimer » (Anglaise anonyme de 80 ans, Les Lettres du Christ, 2000).
« Si tu ne saisis pas le petit grain de folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passes à côté. Le point de démence de quelqu’un, c’est la source de son charme » (Gilles Deleuze, Abécédaire).
Et si plutôt que de regarder vers le ciel, tu laissais le Ciel plonger à l’intérieur de toi, à la découverte de ces joyeux joyaux enfouis dans tes profondeurs ?
« Par moments, le vent récite un prêche. Par moments, même les pierres se font écrivain et disent des paroles. Les vents aussi prononcent des paroles avec des lettres. Quant à la montagne, elle raconte avec une éloquence muette la réalité intérieure des choses » (Jean Philippe Pierron reprenant le poète soufi Rûmî, dans son essai d’écospiritualité : Méditer comme une montagne. Exercices spirituels d’attention à la terre et à ceux qui l’habitent).