« Sans la moindre métaphore et dans toute l’acceptation du mot, vivre, c’est brûler » (Victor Hugo, Choses vues, 1838).
« — Bah ! dit le templier, toi un chef de compagnie franche, tu te soucies des larmes d’une femme ? Quelques gouttes d’eau répandues sur la torche de l’Amour ne font que raviver l’éclat de sa flamme » (Walter Scott, Ivanhoé, 1819, chap. 25).
Je peux réfléchir la lumière d’autrui, comme la lune réfléchit le soleil.
Une seule lumière est capable d’irradier sans réfléchir : elle provient de cette étincelle qui me donne vie à chaque instant. Elle jaillit gratuitement du cœur de mon cœur. Elle seule rayonne à partir de mon intérieur propre, unique, inaltérable ! Gratitude…
« La femme est dans le feu, dans le fort, dans le faible. La femme est dans le fond des flots, dans la fuite des feuilles, dans la feinte solaire où comme un voyageur sans guide et sans cheval, j’égare ma fatigue en une féerie sans fin » (Louis Aragon).
« L’ombre du frêne, venin n’entraîne » (proverbe français).
« Les arbres sont de grands sages. Bien ancrés dans le sol, ils sont à l’écoute de la terre, mais cela ne les empêche pas d’avoir la tête dans les nuages et d’écouter les histoires du vent, et encore de vouloir aller plus haut, vers la lumière » (Michel Tournier).
Terre-mère/mer, air, lumière (du Père ‘qui est aux Cieux’), vive le carré sémiotique et phonétique qui anime chaque vivant…
Ce dimanche matin, en rentrant de l’île Maurice vers la Belgique, je suis tout à la joie d’avoir vécu l’aube la plus longue de ma vie passée et présente : dans l’avion, j’ai admiré les toutes premières lueurs de l’aube, à partir de 4 h.45, au-dessus de Zagreb puis Vienne. Ensuite, à peine les splendeurs colorées de l’aurore apparaissaient, nous avons entamé notre descente. Ce plan de vol tenait le parfait timing pour nous faire une marche arrière : en effet, en baissant d’altitude et en se tournant plus résolument vers l’ouest, nous sommes retournés au début de l’aube. En changeant d’espace, nous sommes remontés dans le temps = dans la chronologie habituelle de ce début de journée de fin d’été : une aube encore montante au-dessus de Munich et Francfort et puis descendante pour contempler Aix-la-Chapelle et la Belgique. Nous avons atterri sur le plancher des vaches à Bruxelles dans la nuit totale, pour accueillir à nouveau l’aube déroulant son tapis de couleurs ! Magnifique début de journée, aux quatre mille secondes d’aubes reloaded ; L’aube-Laudes, où j’ai chanté des psaumes en ayant intérieurement enfilé mon aube liturgique blanche (le blanc rassemblant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel dans la lumière de la Vie)… Vive ce beau ‘jour du Seigneur’
Remake un an plus tard, en août 2023 : cette fois, après une longue aube, j’ai eu la joie de voir le soleil jouer au saute-moutons. Il est sorti de l’horizon puis rentré, puis sorti, puis rentré, à répétition… Amazing…
« Être capable de communier avec les autres êtres par une activité nue et dépouillée qui, en nous arrachant à nous-même, nous donne accès à la totalité du réel, dont l’existence individuelle nous avait d’abord séparés.
Tout homme qui prétend garder quelque chose pour lui seul se forge à lui-même sa propre solitude.
Connaître l’extrémité de la pauvreté, en s’ouvrant sur la totalité du monde avec un cœur pur et des mains libres, pour connaître l’extrémité de la richesse qui nous permet à chaque instant, en abolissant en nous toute arrière-pensée, d’entrer réellement en société avec tous les êtres que Dieu met sur notre chemin » (Louis Lavelle, Tous les êtres séparés et unis, 1940, début de la deuxième guerre mondiale il y a 82 ans).
« La conscience est comme le soleil. Quand elle brille sur les choses, elles sont transformées » (Thich Nath Hanh).
« Or la loi de l’âme est radicale : si je ne suis pas proche de moi, je ne le serai de personne et personne ne pourra, impunément m’approcher ! Car l ‘autre reçoit, aussitôt, et même si je crois l’aimer, le reflet radioactif de ma haine de moi – même. L’amour de soi, qui est le fondement de l’amour est une expérience bouleversante, ontologique et mystique. Il ne s’agit pas de l’amour porté à cette personnalité que j’ai réussi à construire. C’est une grande sympathie que j’éprouve pour elle, tout au plus. Non l’amour s’ancre ailleurs. Il s’ancre, d’abord dans la stupéfaction d’être vivant et étrangement dans l’expérience du corps.
Je vous invite à l’instant à frôler cette qualité. Laissez-vous saisir de la stupeur d’être dans un corps, d’être un corps.
Accordez-vous, un instant, de peser de tout votre poids, sans la moindre esquive, de sentir la densité de la matière qui vous constitue, sa concentration, sa secrète dilatation après chaque inspire. À peine j’entre, entière, dans cette sensation qu’une incroyable qualité de présence m’envahit. Surtout ne me croyez pas. Continuez, seulement, de laisser respirer ce qui respire, de sentir le poids de votre corps, Jusqu’à ce que vous ayez rejoint ce qui vous habite.
Il n’y a que le saisissement qui livre passage à l’essentiel. (…) Cette puissance, infiniment supérieure à l’homme et qui, mystère vertigineux, n’est agissante sur terre qu’à travers l’homme qui l’accueille ou le corps qui l’incarne, cette puissance ou mieux cette présence ineffable et fragile, c’est l’amour qui nous fonde » (Christiane Singer, N’oublie pas les chevaux écumants du passé).
« Être pleinement humain, c’est être sauvage. La sauvagerie, c’est l’étrange attraction et le murmure de la sagesse. C’est le doux coup de pouce et la douleur intense. C’est ta vérité, transmise par tes anciens, et le courant de vie dans ton sang. Sauvage est l’âme où résident passion et créativité, sauvage est le battement de ton cœur. Sauvage est ce qui est réel. La sauvagerie est ta maison » (Victoria Erickson).
La Source est inépuisable et surabondante. Elle est là, entièrement disponible, donnée gratuitement, sortant de chacun de nos Temples (Ézéchiel 47), coulant du cœur de nos cœurs jusque dans la vie éternelle (Jean 4,13-14). Qui reconnaît (Jn 3,3-5) le petit filet de cette eau vive jaillir à sa source, pourra se baigner dans ses fleuves d’eau vive (Jn 7,37-38), avec la confiance de l’enfant, et en être régénéré jusqu’à guérison (Jn 5,7; 9,7).
Jésus dit au paralysé : « Crois-tu que tu peux être guéri ? » « Oui, je le crois. » « Lève-toi et marche, ta foi t’a sauvé ».
L’Amour ne demande pas mieux que de se déployer en nous et entre nous.
« L’éclat de l’insaisissable dans la nuit dément la conception géométrale du monde. L’œil n’est plus le point-source de la vision ; c’est une coupe qui déborde, sous l’effet de la présence qui l’emplit. La lumière ne se propage plus en ligne droite ; elle se multiplie, dépourvue de l’unicité chère aux théoriciens médiévaux » (Baldine Saint Girons, Ach, daß ich Nacht wäre !, dans MÉTAMORPHOSE(S), sous la direction de Jackie Pigeaud, 2010).
« Le mouvement de la propagation de la lumière n’étant pour les médiévaux ni une « mutation » ou une altération de la matière, ni un changement local plus ou moins lent, est qualifié d’un terme spécial : il est une « multiplication ». La lumière est donc douée d’une propriété de diffusion par laquelle elle se multiplie instantanément dans toutes ses directions » (Edgar de Bruyne, Étude d’esthétique médiévale, 1946, p. 18).
« La grammaire, cette logique, n’admet pas de singulier pour les ténèbres. La nuit est une, les ténèbres sont plusieurs » (Victor Hugo, L’Homme qui rit, 1869).