« Qui es-tu, douce lumière, qui m’inonde et éclaires la nuit de mon cœur ? Tu me guides avec ta main maternelle. Si tu me lâches, je n avancerai plus, même d’un seul pas. Tu es l’espace qui environne mon être et dans lequel tu te caches. Si tu m’abandonnes, je tombe dans l’abîme du rien, d’où tu m’as appelé à l’être. Tu es plus proche de moi-même que moi, plus intime que mon intime même. Et pourtant personne ne te touche ni te comprend. Et aucun nom ne peut t’emprisonner : Esprit saint, éternel amour » (Edith Stein).
« Habiter la terre, enfin. Accepter d’être là, enfin. Revenir de tous nos ailleurs, de nos fugues. Revenir de nos refus. Cesser de réclamer des comptes à la vie, de lui donner des ordres, ne rien exiger d’elle. Renoncer au marchandage, l’acquitter de toute dette, la délivrer de nos impératifs. Acquiescer à la vie telle qu’elle se donne. Dans tout ce que nous ne pouvons pas changer, dans tous de que nous ne pouvons pas choisir, il y a cela que nous pouvons : dire « oui » à ce qui est. Consentir sans raison. Faire le saut de consentir, à tout. Elle est si étroite la cellule où nos exigences nous enferment. Déplions nos mains et laissons se défaire la corde qui nous suspend hors de la vie. Laissons-nous déposer au sol de la vie telle qu’elle est. Ce n’est pas dans le vide que nous allons tomber. Ce n’est pas dans la boue amère de la résignation. C’est dans l’infinie terre aimante de Dieu » (Marie-Laure Choplin, Un cœur sans rempart).
Dans un mouvement de religiosité spontanée, les êtres humains produisent de la religion : ils font divers sacrifices aux dieux pour que ceux-ci les protègent, leur donnent sécurité, santé, richesses, prospérité, etc.
Dans la Révélation biblique, c’est l’inverse : Dieu vient toucher le cœur et la conscience d’une personne pour l’appeler à cheminer ensemble et à vivre une aventure à ses côtés. Le Dieu biblique n’offre pas la tranquillité, Il met la personne en route, Il lui envoie un Souffle qui gonfle généreusement ses voiles mais qui peut gonfler ses boules car les appels divins à la mission font éclater ses sécurités et ses conforts… au point que bien des personnes ferment leurs oreilles, yeux, cœur ; au point que des prophètes dans la Bible fuient Dieu (cf. Jonas envoyé à Ninive et qui n’en veut pas).
Nos projections de religiosité spontanée : je fais des sacrifices pour que Dieu fasse attention et me donne des faveurs. Les injections de l’Esprit (Révélation en cours) : j’accepte de me sacrifier parce que Dieu me comble de son amour et m’envoie en mission ! Mais parfois, Il me les gonfle : à me prier de perdre ma vie ainsi…
« Ce qui me permet de suivre aujourd’hui Jésus comme un Maître, c’est précisément qu’il ne promet pas l’évitement du risque. C’est ce crédit qu’il accorde au réel, sa plongée inconditionnelle dans la complexité du monde et de l’âme humaine, sans tenter de nous y soustraire, de la résoudre ou de la contourner. Voilà les seules paroles qui puissent me toucher, me rejoindre. Vivre la paix d’une bénédiction originelle pour ne pas céder aux tranquillités qui nous privent de la grâce de savoir être dérangés » (Marion Muller-Colard, L’intranquillité).
« Fâchée avec mon Dieu imaginaire qui avait rompu sans préavis mon contrat inconscient de protection, je manquais de secours spirituel. Je ne trouvais pas de prière qui puisse être autre chose qu’une immense contradiction, une négociation régressive avec la peau morte d’un Dieu qui ne tenait pas.
Pourtant, lorsque je caressais, du bout des doigts, le visage bleu et enflé de cet enfant presque étranger, dans le roulis devenu rassurant de l’oxygène qui lui parvenait machinalement, j’étais parfois saisie par une sérénité démente. Il arrive que l’impuissance ouvre sur des paysages singuliers.
La détresse m’avait dilatée et, en quelque sorte, elle avait élargi ma surface d’échange avec la vie. Et près de ce petit corps, se superposait à ma supplication muette pour qu’il vive, la conviction profonde que, ‘quoi qu’il arrive’, ce qui était incroyable et sublime, c’était qu’il fût né. Et que cela, jamais, ne pourrait être retiré à quiconque. Ni à lui, ni à moi, ni au monde, ni à l’histoire.
Je mis du temps à comprendre que cette clairvoyance fulgurante était peut-être la première véritable prière de ma vie.
[…] En dépit des relents de superstition qui me saisissent parfois, en dépit de mon petit négoce intérieur qui n’en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire, j’ai entrevu un Autre Dieu qui ne se porte pas garant de ma sécurité, mais de la pugnacité du vivant à laquelle il m’invite à participer. » (Marion Muller-Colard, L’autre Dieu).
Décisive la flamme de bougie dans une pièce enténébrée ! Sa lumière se propage délicatement, sauf là où un objet fait paroi…
De même, l’étincelle qui me donne vie a de quoi illuminer tous les recoins de ma vie. Elle frappe à la porte de chaque membre de mon équipe intérieure et respecte sa réponse ! Certains membres, des managers, coincés dans leur réflexe de contrôler, ne veulent pas lâcher leur rôle de meneur, jusqu’au moment béni où ils acceptent le Self leadership de l’étincelle créatrice en moi…
Voici un point-clé de la formation de base que je propose.
Derrière toute parole sur l’autre, il y a une parole de moi. Derrière toute parole ‘tu’ qui tue, il y a un besoin non satisfait qui mérite d’être accueilli en ‘je’.
Quand monte en moi une parole-poison dirigée vers l’autre, il est crucial de vivre un U-turn, de revenir à moi, de mettre mon chapeau (càd lâcher l’autre et diriger mon attention vers ce qui est atteint en moi pour en prendre soin) de descendre de la tête au coeur jusqu’à mes tripes, pour aller rencontrer ce qui ne vit pas en moi et lui offrir une présence telle que finalement, cela se remet à vibrer et à vivre en moi… Il est essentiel de s’abstenir de partager à l’autre tant que je suis plein du jugement ou reproche qui m’empoisonne et qui, s’il est dit tout haut, va empoisonner la relation (et l’autre s’il n’a pas appris non plus la CNV)…
Je ne reviens à l’autre que quand il y a de l’espace en moi pour accueillir et m’intéresser à son monde, du fait que je suis au clair avec le vécu qui m’appartient (triste, déçu, etc.) relié à mon manque (verre à moitié vide) = mon besoin (verre à moitié plein), ce qui compte pour moi, ce qui me motive = mes intentions et fondements profonds, ce qui me donne des élans de vie et de joie, et que je pourrai partager sereinement, au bon moment.
Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, p. 197 et sq.
« Il faut parfois toute une existence pour parcourir le chemin qui mène de la peur et l’angoisse au consentement à soi-même,… à l’adhésion à la vie. […] Les seuls chemins qui valent d’être empruntés sont ceux qui mènent à l’intérieur. […] Mon village est sous la neige. Depuis quelques jours, la température oscille entre moins quinze et moins vingt. Je suis seul. J’apprécie ces journées d’hiver où le dehors me repousse, où rien ne vient s’opposer à ce que je me love en ma pénombre » (Charles Juliet, Dans la lumière des saisons, p. 66).
Quel plaisir de marcher dans la neige qui crisse ! Par le principe physique dit de l’absorption hygrométrique, la neige absorbe l’humidité et les bruits : les sons sont ouatés,comme étouffés et l’air est plus sec ! Par contre, quand la neige devient de la glace, c’est le contraire : les sons sont davantage propagés.
Le froid invite la sève des arbres à retourner aux racines. La nuit prie l’attention de descendre des yeux vers ce qui ne se voit pas d’habitude. Émerge lentement ce qui EST (l’été, c’est souvent enfoui, caché sous la surface). La nature vit un retour à l’essence-Ciel de sa Terre. Sa vraie nature se révèle dans les profondeurs, à l’intérieur.
Car seul le cœur de mon cœur peut embrasser tout ce que je suis, avec un amour inconditionnel, sans rejeter les aspects de moi que d’autres parts en moi n’aiment pas…
Je retrouve un mot que j’ai écrit un jour à une personne que j’accompagnais en IFS depuis 2 ans :
« Comme il est beau de t’accompagner sur ce chemin, où, pas après pas, émerge ta personne véritable, authentique, qui peut dire proprement « je suis qui je suis ». Beauté de te voir déployer ton Self leadership sur toute ta petite famille intérieure… Joie de ton rayonnement grandissant : chaque fois que quand une part de toi s’inquiète (parfois jusqu’à la panique), tu lui offres avec toujours plus d’assurance ce socle de sécurité qui existe en toi et tu lui permets de goûter à cette paix qui habite le coeur de ton cœur et, avec douceur, tu la fais entrer dans ta plus large perspective. C’est ce déploiement, cette émergence du Self qui compte car tout le reste en découlera de manière organique, avec considération de chacune en toi… »
« Avec des mots différents, toutes les grandes religions expriment que nous sommes des étincelles de la flamme éternelle. Le divin intérieur (ce que les chrétiens appellent l’âme ou la Conscience du Christ, les bouddhistes appellent la nature du Bouddha, les hindous Atman, les taoïstes Tao, les soufis le Bien-aimé, les Quakers la Lumière Intérieure), souvent, il ne faut pas des années de pratique méditative pour y accéder parce qu’il existe en nous tous, juste sous la surface de nos parties extrêmes. Une fois que celles-ci acceptent de se séparer de nous, de nous laisser un peu d’espace, nous avons soudainement accès à qui nous sommes vraiment.
Concernant la rapidité avec laquelle un accompagné peut accéder à son Self, le plus important est le degré avec lequel l’accompagnateur est pleinement présent, Self-led. C’est cette présence qui constitue l’élément de guérison en psychothérapie, indépendamment de la méthode ou de la philosophie du praticien » (Richard Schwartz, The Larger Self ; cf. https://artoflivingretreatcenter.org/blog/the-larger-self/).