« J’étais japonaise. À deux ans et demi, dans la province du Kansai, être japonaise consistait à vivre au cœur de la beauté et de l’adoration. Être japonaise consistait à s’empiffrer des fleurs exagérément odorantes du jardin mouillé de pluie, à s’asseoir au bord de l’étang de pierre, à regarder au loin les montagnes grandes comme l’intérieur de sa poitrine, à prolonger en son cœur le chant mystérieux du vendeur de patates douces qui traversait le quartier à la tombée du soir » (Amélie Nothomb, Métaphysique des tubes).
« J’ai longtemps habité sous de vastes portiques que les soleils marins teignaient de mille feux et que leurs grands piliers, droits et majestueux, rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.
Les houles, en roulant les images des cieux, mêlaient d’une façon solennelle et mystique les tout-puissants accords de leur riche musique aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes, au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs, qui me rafraîchissaient le front avec des palmes, et dont l’unique soin était d’approfondir le secret douloureux qui me faisait languir »
(Charles BAUDELAIRE, La vie antérieure, contemplant l’océan à La Réunion et à l’île Maurice).
« Tant de régions du monde restent piégées dans des cycles de violence et de désespoir. Recevons la salutation de Léon XIV le soir de son élection depuis la Loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, simple et profonde : « une paix désarmante et désarmée, humble et persévérante ». Elle saisit le cœur de la vision du Saint-Siège : une paix non forgée par les armes, ni garantie par des menaces ou des mesures de dissuasion, mais née de l’amour, soutenue par la justice et enracinée dans la dignité de chaque être humain. Une paix véritablement catholique, au sens premier du mot ‘katholikós’, qui signifie ‘universel’. La paix est bien plus que l’absence de guerre, elle est la présence de relations justes, elle est une entreprise de justice, fondée sur la vérité, la charité, la liberté et la dignité inviolable de la personne humaine qui en est la pierre angulaire. Chaque vie humaine est sacrée. Aucune paix n’est possible si une seule vie est considérée comme sacrifiable.
Cette entreprise de paix véritable suit la voie du développement humain intégral (de toutes les dimensions de la personne humaine et de tous les peuples de la terre), qui donne priorité au bien commun (la paix doit être au service de tous, non seulement des plus forts, mais surtout des pauvres, des déplacés, des oubliés) et à la solidarité (nous ne sommes pas des individus isolés, mais une famille humaine. La paix naît de l’interdépendance). La guerre est l’échec de la politique et de l’humanité » (Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États et les organisations internationales, au Forum Globsec 2025 sur la construction de la paix dans le monde à Prague, 12-14 juin 2025 ; https://forum2025.globsec.org/).
Ce matin, je me suis réveillé avec l’image suivante. La routine semble être un couloir sans aucune porte latérale. Les rêves se présentent comme des portes latérales sans couloir. La routine devient un piège quand son couloir fermé devient enfermant. Les rêves deviennent féconds quand leurs portes latérales se relient au corridor, lui donnant vie, lumière et aération…
Un couple en bonne santé vit une union sans fusion ni confusion : une chaleureuse présence (axe horizontal de l’amour ; nous nous donnons l’un à l’autre) dans une juste distance (axe vertical de l’amour ; nous recevons l’amour de la Source-Soleil : chacun entretient ses propres prises de terre et de ciel)…
« Toute relation suppose deux termes et un troisième qui les unit, mais qui tout autant les différencie. Sans ce « troisième », il ne peut y avoir que fusion ou mélange, ou exclusion et séparation mais pas d’Alliance ni d’union » (Jean-Yves Leloup).
« Si nous sommes trop contre l’un l’autre, nous allons recreuser nos sillons de douleurs » (Florentine d’Aulnois-Wang).
« « Bene-dicere » : dire du bien. C’est cela bénir. Non pas noyer la violence dans un océan d’aveuglement béat mais, au coeur de la violence, prononcer des paroles qui disent du bien, qui font grand grandir, qui relèvent… C’est un pari et un parti à prendre. Autrement dit, c’est une mission prophétique où le Christ nous attend.
Ces jours-ci, nous étions invités à relire le livre de la Genèse dans les textes quotidiens. Le combat de Jacob laissait résonner son cri : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis ! » (Gn 32,37). Jacob a besoin d’entendre des paroles de bénédiction de la part de son Dieu. Nous-mêmes, nous portons ce besoin d’en recevoir mais donc aussi d’en donner.
« Aucune parole mauvaise ne doit sortir de votre bouche ; mais, s’il en est besoin, que ce soit une parole bonne et constructive, profitable à ceux qui vous écoutent. […] Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse » (Eph 4,29.31-32a) » (Père Paul-Antoine Drouin).
« Fais de ta vie un rêve et de ton rêve une réalité » (Antoine de Saint-Exupéry).
« L’avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves » (Eleanor Roosevelt).
« À la naissance d’un enfant, si sa mère demandait à sa bonne fée de le doter du cadeau le plus utile, ce cadeau serait la curiosité » (Eleanor Roosevelt).
« Faites donc les choses que vous pensez ne pas pouvoir faire » (Eleanor Roosevelt).
De nos jours, l’inspirée et inspirante Eleanor Roosevelt est bien plus citée que son mari Franklin Roosevelt (seul président américain à avoir été élu quatre fois). Elle présida la Commission des droits de l’homme de l’ONU et contribua à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme !
Que vivent toutes nos ouvertures et sourires, tous deux symbolisés par la lettre U, aux deux mains ouvertes vers le Grand Haut !
Sous les ifs noirs qui les abritent, les hiboux se tiennent rangés. Ainsi que des dieux étrangers, dardant leur œil rouge, ils méditent.
Sans remuer, ils se tiendront jusqu’à l’heure mélancolique où, poussant le soleil oblique, les ténèbres s’établiront.
Leur attitude au sage enseigne, qu’il faut en ce monde qu’il craigne le tumulte et le mouvement. L’homme ivre d’une ombre qui passe porte toujours le châtiment d’avoir voulu changer de place !
Charles Baudelaire, Les hiboux, dans Les Fleurs du mal.