3 passages de Victor Cherbuliez : « Il est des moments où on secoue le lourd fardeau de nos chagrins pour se reposer et respirer » (Le comte Kostia, 1863).
« Le paradis est un endroit où l’âme respire Dieu sans plus d’effort que les plantes ne respirent l’air ici-bas » (Meta Holdenis, 1873).
« Les êtres vivants possèdent la faculté de s’adapter insensiblement au milieu dans lequel la nature ou les circonstances les ont placés. Il en est des âmes comme des plantes et des animaux : l’air qu’elles respirent décide de leur destinée » (Miss Rovel, 1875).
« II est tellement important de laisser certaines choses disparaître, de clore des cycles, non par orgueil ou par incapacité, mais simplement parce que ce qui précède n’a plus sa place dans votre vie. Faites le ménage, secouez la poussière, fermez la porte, changez de disque. Cessez d’être ce que vous étiez et devenez ce que vous êtes » (Paulo Coelho).
Photo prise, paraît-il, en Floride, ce 3 du 3 23 : cheval de Troie ?
Un elfe est une créature légendaire anthropomorphe aux oreilles pointues. À l’origine, il s’agissait d’êtres de la mythologie nordique, dont le souvenir dure toujours dans le folklore scandinave. Les elfes étaient originellement des divinités mineures de la nature et de la fertilité.
« Il y a un endroit dans le ciel qui s’appelle la demeure elfe, où les habitants sont appelés les elfes lumineux. Il y a un endroit ci-dessous dans la terre, aux elfes sombres » (Eddas, manuscrits du XIIIème siècle), version nordique d’une des croyances les plus ancrées dans la religiosité spontanée des humains : croyance dans l’existence d’un Dieu du Mal et d’un Dieu du Bien à égalité. Cette gnose dualiste est en contradiction avec la Bonne Nouvelle.
Extrait : « La « der des der » des guerres ressemblera à l’implosion d’un château de cartes. Le dernier Livre de la Bible, l’Apocalypse de Saint Jean, évoque à la fin des temps la bataille d’Armageddon. Spontanément, nos imaginaires s’attendent à ce que cette bataille finale entre les Forces du Bien et du Mal soit grandiose, à la hauteur des récits mythologiques les plus sanglants. Le septième art l’a mis en spectacle, les effets spéciaux des films les plus récents en accroissent l’horreur. Pourtant, le texte biblique raconte sobrement un non-combat : « Les esprits de démons les rassemblèrent à Armageddon. Du temple, sortit une voix forte venant du trône : c’en est fait ! La grande cité se brisa en 3 parties et les cités des nations s’écroulèrent » (Ap 16,16-19). La voix forte signale la venue de Dieu, devant laquelle tout ce qui n’a pas valeur d’éternité s’écroule comme un château de cartes, fragile intérieurement. Il implose à partir de son ventre creux, de son inanité. En voici le commentaire de Wilbert Kreiss : « Étrange ! On assiste à une mobilisation générale et on s’attend à un affrontement terrible, une guerre proprement apocalyptique, et il ne se passe rien ! Il n’y a pas de combat. Il n’y a pas de guerre eschatologique entre le Christ entouré de ses anges et les hordes infernales mobilisées par Satan. Il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de bataille sur la montagne de Megiddo. La bataille d’Armageddon, violon d’Ingres des millénaristes, n’est pas un événement, mais un non-événement, et c’est bien la raison pour laquelle elle n’est pas racontée dans le texte. Pas plus que n’est raconté le simulacre de guerre évoqué dans Apocalypse 20,7-10 qui n’est qu’une farce. »
Dans les chapitres qui précèdent cette drôle de guerre, la Lettre johannique nous avait plongé dans un effroyable déchaînement de violences, avec son cortège de souffrances et d’oppressions. Mais leur rage frénétique, mimée jusqu’à son paroxysme, est l’annonce même de leur imminente autodestruction, à la manière d’un feu qui meurt d’inanition. Ne trouvant plus rien à brûler, il s’épuise au bout de sa course folle. À la fin des temps, le Mal ne trouvera plus le répondant dont il a besoin pour survivre. Tout le temps de l’Histoire, il a réussi à enflammer les cœurs et les esprits, qui ont alimenté son brasier infernal. Il a séduit le monde, il a dévoyé également des Forces de l’Église, les entraînant dans cette course qui mène à sa perte. Dans la même veine apocalyptique, le livre de Daniel avait aussi prévenu de cette fureur liée à la fin du monde, de ces ultimes soubresauts d’une bête qui meurt après avoir craché son venin. Après les gesticulations de son dernier baroud d’honneur, le mal ne pourra plus atteindre son but, qui est de générer du mal. Il se retrouvera seul, dans la prison qu’il s’est construite.
[… Le prince des ténèbres et ses émissaires ne peuvent rien donner, sinon des choses reçues de leur Créateur, dévoyées. Satan voudrait tant qu’on le prenne pour le Sauveur du monde mais il est le loup déguisé en grand-mère du petit Chaperon rouge… L’Apocalypse nous met en garde en révélant l’inconsistance et la malfaisance de son anti-projet de dé-création. Ses œuvres sont singerie et duperie. C’est du toc. Il sera telle une bête qui meurt après avoir craché son venin » (Chomé Étienne, Violence et non-violence : l’Apocalypse révèle la radicale asymétrie de fins et de moyens entre le Dieu de Jésus-Christ et le Prince de ce monde).
Voici le sonnet que Baudelaire offre à ses hôtes mauriciens, en 1841 :
À une dame créole
Au pays parfumé que le soleil caresse, J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse, Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse A dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire, Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire, Belle digne d’orner les antiques manoirs,
Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites, Germer mille sonnets dans le cœur des poètes, Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
À chaque instant, tout être vivant se tourne vers les cieux qui lui offrent la lumière de la Vie. Et il peut faire ce mouvement vers le haut parce qu’ancré par le bas, nourri et posé sur ce socle qu’est notre terre généreuse. Tout être vivant est un bébé né du mariage entre Ciel et Terre, fruit de leur union.
Vous avez dit « vie trinitaire créative » ? À chaque souffle, la vie entre par l’horizontal + nous sommes nourris par la sève d’en bas + mis en forme par la lumière d’en haut : comme si nous nous recevons à chaque instant de cette rencontre entre le souffle de Vie + la Mère et le Fils intimes + le Père des Cieux.
Tant d’âmes contemporaines se tiennent loin des Églises et pourtant sentent bien cette vie trinitaire les animer. Un exemple : « Vie Père-Mère, tu es ma vie, mon soutien constant, ma santé, ma protection, la satisfaction parfaite de tous mes besoins et mon inspiration la plus haute. Je te prie de me révéler la véritable réalité de Toi-même. J’ai conscience que mon but final est de t’exprimer » (Anglaise anonyme de 80 ans, Les Lettres du Christ, 2000).
« Baudelaire a été le premier à chanter la femme noire à Paris. Il voit dans la marginalité une rédemption. D’une certaine façon, il a choisi ce camp des gens déchus » (Emmanuel Richon, dans sa conférence sur les pieds nus. Il présente les pieds nus comme « des marqueurs identitaires de l’esclavage »).
Extrait de « À une Malabaraise » : « Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair. Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître, Ta tâche est d’allumer le pipe de ton maître, De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs, De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs, Et, dès que le matin fait chanter les platanes, D’acheter au bazar ananas et bananes » (Charles Baudelaire).
Nota Bene (sur Wikipedia) : Une Malabaraise est au sens strict une habitante de la région de Malabar sur la côte sud-ouest de l’Inde (État actuel du Kerala). En français néanmoins, le mot « Malabar » a aussi servi à désigner tout habitant du sud de l’Inde et notamment aussi de la côte sud-est (pays tamoul) ainsi que, par extension, les habitants d’origine tamoule des îles Maurice et de la Réunion. Dans le contexte du poème, la « Malabaraise » fait référence à une Indienne d’un comptoir français en Inde du sud : Pondichéry probablement, ou alors Mahé sur la côte occidentale.
Pierre Dac a dit : « J’aime le vin d’ici mais pas l’eau de là. Et au cas où la vérité se trouve dans le vin, qu’elle y reste ! » D’ac avec votre ami Dac côté ?
Quand tu peux changer l’eau en vin, facile d’avoir 12 gars qui te suivent partout ?!…
Charles Baudelaire écrit ses poèmes pour Jeanne, son amour de Créole authentique. Bien plus que sa muse, elle est aussi et notamment le voyage qui continue, le moyen de ne jamais quitter l’île Maurice et les Mascareignes qui l’ont tant fasciné. Que ces moments demeurent immortels…
Le balcon : Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs ! Tu te rappelleras la beauté des caresses, La douceur du foyer et le charme des soirs, Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon, Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses. Que ton sein m’était doux ! que ton cœur m’était bon ! Nous avons dit souvent d’impérissables choses Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon.
Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! Que l’espace est profond ! que le cœur est puissant ! En me penchant vers toi, reine des adorées, Je croyais respirer le parfum de ton sang. Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison, Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, Et je buvais ton souffle, ô douceur ! ô poison ! Et tes pieds s’endormaient dans mes mains fraternelles. La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison.
Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses, Et revis mon passé blotti dans tes genoux. Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses Ailleurs qu’en ton cher corps et qu’en ton cœur si doux ? Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses !
Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, Renaîtront-il d’un gouffre interdit à nos sondes, Comme montent au ciel les soleils rajeunis Après s’être lavés au fond des mers profondes ? Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !