« Je regarde filer ces araignées d’eau sur la soie d’un étang, fragiles, avançant par saccades comme sous l’accès d’une pensée sans cesse interrompue, sans cesse reprise, inventant la légèreté d’une voie entre les deux éternités massives de l’air et de l’eau » (Christian Bobin, Le huitième jour de la semaine).
« J’ai en moi toute la joie du Ciel. Oui, la pauvreté m’en ouvre la porte. J’ai en moi toute la joie du Ciel » (Claire d’Assises, soeur d’âme de François).
Voici que s’achève notre voyage à l’île Maurice, temps de pèlerinage pour notre famille sur cette terre bénie de notre jeunesse familiale. Un exemple de la Providence qui nous a tant guidés : une fois, je devais rejoindre les enfants partis avec l’auto ; j’ai décidé de faire les 15 kms en autostop. Avant de démarrer, j’ai confié à mon Bon Berger les personnes que j’allais rencontrer. Première personne : une Créole à pied comme moi, désolée de ne voir aucune BMW à l’horizon et s’exclamant dans un grand éclat de rires : « juste nos BMDoublesPieds ». Après 400 mètres de marche, Khalil, un ingénieur anglophone musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, disant aussitôt : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à tel endroit ». Je suis resté bouche bée : c’est exactement là où j’allais ! L’échange nous a enrichis tous les deux… Heureux les cœurs hospitaliers, ils seront comblés par la rencontre. En nous saluant, je l’ai remercié et béni explicitement ; c’est comme si deux fées bondissaient aussitôt : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu. Oui, à Dieu, let’s go. Deo gratias. Merci pour ce beau pèlerinage. Je devrais plus souvent être sans auto pour mieux dépendre de ta Providence aux si bons chars donnés ! L’eusses-tu cru, un si bon cru ?…
Version première : En gratitude, voici un des fioretti de la Providence qui nous a guidés. Mes enfants passant la journée à Pointe d’Esny avec l’auto, j’ai voulu leur éviter de venir me chercher à Tamarin pour aller ensuite à Floréal (plus de 2 heures de détour pour eux aux pires heures du trafic). J’ai donc décidé de me débrouiller en autostop pour arriver à Jumbo Phoenix où on s’est donné RDV…
Mon Bon Berger, merci pour ta bonté. Avant de démarrer à pied du fond de cette impasse de Tamarina (route isolée de 3 kms et 9 dos d’âne), je t’ai confié les personnes que j’allais rencontrer et je t’ai demandé de rencontrer celles que tu voulais.
Ça a commencé fort : toute BMW étant bien loin, une Créole m’a vu à pied et a ri avec moi devant notre belle « BMDoublesPieds ». J’ai eu à marcher jusqu’à Bois d’Olive (400 mètres)… Là, Rachid, chauffeur venant chercher des ouvriers me prit et fit l’aller-retour jusqu’à la grand-route, juste pour moi. Un homme bon, au cœur hospitalier, simplement humble. Je l’ai remercié en le bénissant explicitement, et c’est comme si, alors, deux fées venaient de bondir : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu : oui, allons à Dieu.
À l’arrêt de bus, un gros 4×4 s’est vite arrêté : un anglophone, Khalil, ingénieur musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, en commençant par dire : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à Jumbo Phoenix ». Je suis resté muet de stupeur : c’est exactement là que j’ai rdv avec les miens. Il habite avec sa femme mauricienne dans Carreau Laliane, le quartier 300 mètres avant Jumbo (il a donc fait un détour pour m’y déposer, sans même le mentionner).
Échange très profond et enrichissant pour les deux. Il a tenu à avoir mon n° de téléphone. J’ai tenu à le bénir, lui, sa femme et le bébé qu’elle porte…
Je suis arrivé au rdv en un temps record, 1h30 avant l’heure, en évitant tous les embouteillages. Khalil m’a appris des shortcuts intéressants dans Bonne Terre pour éviter les bouchons de Beaux Songes… Deo gratias. Je te chanterai éternellement…
« Par un temps où le soleil ne perçait les cieux, Matin de misère flouté de brume grise, Les notes douces et plaintives d’un chant d’adieu S’envolaient sur la mer, emportées par la brise. Larmes douloureuses du violon sous l’archet, Au rythme lancinant des vagues, elles s’égaraient Puis lentement se posaient sur l’eau pour mourir, Écume de tristesse d’un dernier soupir. Les yeux fermés, le musicien jouait sa peine, Il la jouait pour sa belle et pour l’océan, Il la jouait pour les marins et les sirènes, Pour les oiseaux du ciel et pour tous les amants. Et de son cœur-violon, les notes s’échappaient, Libres, mélancoliques, se mêlant aux embruns Que le vent soufflait vers des rivages lointains Tandis que sous la brume, l’infini ondulait » (Hélène de Vannoise, Le violoniste dans L’ange et le magicien).
« L’enfant trouve son paradis dans l’instant. Il ne demande pas du bonheur, il est le bonheur » (Louis Pauwels ; j’ai changé ‘L’enfance’ en ‘L’enfant’).
« II est tellement important de laisser certaines choses disparaître, de clore des cycles, non par orgueil ou par incapacité, mais simplement parce que ce qui précède n’a plus sa place dans votre vie. Faites le ménage, secouez la poussière, fermez la porte, changez de disque. Cessez d’être ce que vous étiez et devenez ce que vous êtes » (Paulo Coelho).
Photo prise, paraît-il, en Floride, ce 3 du 3 23 : cheval de Troie ?
Comme il est bon d’inviter chaque part en moi à prendre un bon teatime pour ‘cause-causer’ ensemble. J’ai une attention particulière à mes parts qui semblent dans l’ombre de la force, porteuses de la puissance de l’ombre, comme celle qui se croit forte d’offrir un bouquet de fleurs, en tuant des pâquerettes… Rejoindre et reconnaître leur intention d’amour jusqu’à ce qu’elles se détendent et laissent l’Amour conduire notre temps de qualité…
Voilà Pâques : ça commence par un raid sanglant qui tue un homme, et cela finit par l’amour qui ressuscite le meilleur de nos forces !
« En chinois, « prendre le temps » s’écrit avec le caractère qui désigne la porte ou la fenêtre. À l’intérieur de cette porte ou fenêtre, il y a le caractère de la lune. Cela signifie qu’il faut vraiment être libre pour prendre le temps de voir la lune et de l’apprécier. Aujourd’hui, la plupart d’entre nous ne dispose pas d’un tel luxe. Nous avons plus d’argent et de confort matériel mais nous ne sommes pas vraiment plus heureux, parce que nous n’avons simplement pas le temps d’apprécier la compagnie de ce qui nous entoure » (Thich Nhat Hanh, La terre est ma demeure).
Ma grande amie vient de perdre son papa. Elle me partage sa souffrance d’être débordée par les préparatifs des funérailles, sans avoir le temps d’accueillir vraiment la foule des messages honorant la mémoire de son papa. Tant de témoignages affluent, qui méritent d’être médités, digérés ; ce sera pour plus tard, Pour l’heure, elle ne retient que les éléments qui serviront la cérémonie.
Son papa lui manque déjà tant, et pourtant l’espace et le temps se sont à ce point réduits qu’il ne reste à la vie qu’un étroit goulot d’étranglement : survivre à ses tourbillons, voilà tout ce qui reste au survivant, pour l’heure.
Le deuil a commencé mais c’est bien après cette mobilisation générale à l’annonce du décès que se vivront ses étapes les plus délicates, Je souhaite alors à mon âme-mie la simplicité et la confiance de laisser sa tristesse la prendre par la main : elle a pour rôle de lui faire traverser le ravin de la mort en survivante, de lui montrer la nouvelle vie qui s’ouvre à elle, dans le creux de cette perte.
« La nouvelle année est l’opportunité d’une nouvelle vision de la vie. Béni soit celui qui a une vision claire de ce qui est et de ce qui sera » (Sadhguru, pas sad pour un sou).
Plutôt que de prendre de bonnes résolutions, clarifier les intentions profondes qui me font vibrer et vivre…