Surabondance qui déborde

« Si tu es sage, montre-toi vasque et non pas canal  Un canal reçoit l’eau et la répand presque tout de suite. Une vasque, en revanche, attend d’être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort… Mais tu vas me dire : ‘La charité ne cherche pas son avantage’ (1 Co 13,5). Oui, mais sais-tu pourquoi ? Elle ne cherche pas son avantage, parce qu’elle ne manque de rien. Qui chercherait ce qu’il possède déjà ? La charité n’est jamais dépourvue de son avantage, à savoir de ce qui est nécessaire au salut » (Bernard de Clairvaux).

Défusionner pour communier

Quand bien des blessures encombrent le corridor de notre relation,
il m’est précieux alors de porter toute mon attention sur ce qui
compte prioritairement entre nous deux. C’est ceci :
établir la connexion, nourrir le lien,
sentir ce qui est vivant ici et maintenant,
accueillir nos complicités spontanées,
apprécier ce qui vibre en moi, entre nous, en toi,
goûter à la joie d’être côte-à-côte, simplement,
savourer ce que je reçois, ce que je donne,
me régaler de notre profonde connivence,
me délecter de ce qui fait chanter nos cœurs et nos âmes,
jouir de nos parfums qui jouent comme des exaltateurs d’arôme,
en présence l’un de l’autre,
déguster les saveurs, exhausteurs de goût qui se dégagent alors,
rendre grâce pour ce qu’Il nous donne par cette présence l’un à l’autre,
cette joie de la communion qui me parle d’éternité.
 
Tout cela suppose de pouvoir rester dans l’ici et maintenant, pour profiter pleinement de ce qui est là : ne pas t’enfermer ni dans mes blessures du passé ni dans mes projets, dans mes attentes, ni dans ce que nous avons fait de mal ni dans tes propres projections. Accueillir ce qui vient et aussi accepter ce qui ne vient pas. Être présent avec suffisamment d’espace intérieur et de gratuité que je me réjouis de ce qui est donné + reçu ET que je suis aussi OK avec ce qui n’est pas donné + reçu

Prier, à la source

Ma part intelligente cherche à connaitre Dieu, assoiffée de savoirs sur lui. Elle construit ses images et ses concepts sur lui. Si elle opère seule, de manière isolée, elle s’embourbe dans ses fabrications d’idoles.

Ma part volontaire, à coups de résolutions déterminées, s’efforce de décider de rester fidèle aux formes de prière qu’elle se sent obligée d’honorer ! Et tant pis si c’est du bout des lèvres. Hélas, ses réserves d’énergie sont limitées et à force de trimer en étant coupée de la source, à la longue, sa batterie interne propre s’épuise peu à peu.

Mes parts intelligente et volontaire sont les seconds du navire, elles peuvent apprendre du capitaine, qui est alimenté par les sources inépuisables et surabondantes : déjà les tout simplement naturelles, l’aquatique et la terrienne qui montent du bas ; la lumineuse qui descend du haut ; l’oxygénante (dont l’inspire et l’expire combinent horizontal et vertical). Le capitaine du navire, lui, commence chaque aventure de prière par l’accueil interne de chaque membre de l’équipage tourmenté, activé d’une manière ou d’une autre. Il met toute son attention sur ce qui est présent, y compris le manque qui déstabilise et l’absence qui creuse le manque. Y compris ? À vrai dire, prioritairement. Car ce manque est l’eau fade de laquelle va jaillir le vin des Noces : ce manque est le verre à moitié vide du besoin qui s’y trouve en creux… En lui offrant toute mon attention, jusqu’à ma considération, je vais cheminer dans mes boyaux psychiques noués, jusqu’au moment –  cadeau-surprise – d’une transformation intérieure : de hug en hug, avec chaque part en manque de quelque chose, viendra le moment béni où l’absence deviendra Présence inépuisable et surabondante…

Ainsi alimentées, mes parts intelligente et volontaire peuvent alors se déployer avec leur talent propre : la première me permet de rendre compte de l’expérience vivifiante, la deuxième est excellente pour demeurer fidèle au processus d’empathie envers chaque part tourmentée. Non pas décider d’aimer (à la force du poignet) tout qui ne va pas bien (avec le danger de me donner de bons points et de grimper sur un pied d’estale) mais décider de lui offrir ma curiosité bienveillante, jusqu’à ce que s’ouvre quelque chose, de l’ordre de la vie.

Suivez le fil…

« Je regarde filer ces araignées d’eau sur la soie d’un étang, fragiles, avançant par saccades comme sous l’accès d’une pensée sans cesse interrompue, sans cesse reprise, inventant la légèreté d’une voie entre les deux éternités massives de l’air et de l’eau » (Christian Bobin, Le huitième jour de la semaine).

Char donné : l’eusses-tu cru, un si bon cru ?

Voici que s’achève notre voyage à l’île Maurice, temps de pèlerinage pour notre famille sur cette terre bénie de notre jeunesse familiale.
Un exemple de la Providence qui nous a tant guidés : une fois, je devais rejoindre les enfants partis avec l’auto ; j’ai décidé de faire les 15 kms en autostop. Avant de démarrer, j’ai confié à mon Bon Berger les personnes que j’allais rencontrer. Première personne : une Créole à pied comme moi, désolée de ne voir aucune BMW à l’horizon et s’exclamant dans un grand éclat de rires : « juste nos BMDoublesPieds ». Après 400 mètres de marche, Khalil, un ingénieur anglophone musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, disant aussitôt : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à tel endroit ». Je suis resté bouche bée : c’est exactement là où j’allais !
L’échange nous a enrichis tous les deux…
Heureux les cœurs hospitaliers,
ils seront comblés par la rencontre.
En nous saluant, je l’ai remercié et béni explicitement ;
c’est comme si deux fées bondissaient aussitôt :
Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu.
Oui, à Dieu, let’s go. Deo gratias. Merci pour ce beau pèlerinage.
Je devrais plus souvent être sans auto pour mieux dépendre de ta Providence aux si bons chars donnés !
L’eusses-tu cru, un si bon cru ?…

Version première : En gratitude, voici un des fioretti de la Providence qui nous a guidés. Mes enfants passant la journée à Pointe d’Esny avec l’auto, j’ai voulu leur éviter de venir me chercher à Tamarin pour aller ensuite à Floréal (plus de 2 heures de détour pour eux aux pires heures du trafic). J’ai donc décidé de me débrouiller en autostop pour arriver à Jumbo Phoenix où on s’est donné RDV…

Mon Bon Berger, merci pour ta bonté. Avant de démarrer à pied du fond de cette impasse de Tamarina (route isolée de 3 kms et 9 dos d’âne), je t’ai confié les personnes que j’allais rencontrer et je t’ai demandé de rencontrer celles que tu voulais.

Ça a commencé fort : toute BMW étant bien loin, une Créole m’a vu à pied et a ri avec moi devant notre belle « BMDoublesPieds ». J’ai eu à marcher jusqu’à Bois d’Olive (400 mètres)… Là, Rachid, chauffeur venant chercher des ouvriers me prit et fit l’aller-retour jusqu’à la grand-route, juste pour moi. Un homme bon, au cœur hospitalier, simplement humble. Je l’ai remercié en le bénissant explicitement, et c’est comme si, alors, deux fées venaient de bondir : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu : oui, allons à Dieu.

À l’arrêt de bus, un gros 4×4 s’est vite arrêté : un anglophone, Khalil, ingénieur musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, en commençant par dire : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à Jumbo Phoenix ». Je suis resté muet de stupeur : c’est exactement là que j’ai rdv avec les miens. Il habite avec sa femme mauricienne dans Carreau Laliane, le quartier 300 mètres avant Jumbo (il a donc fait un détour pour m’y déposer, sans même le mentionner).

Échange très profond et enrichissant pour les deux. Il a tenu à avoir mon n° de téléphone. J’ai tenu à le bénir, lui, sa femme et le bébé qu’elle porte…

Je suis arrivé au rdv en un temps record, 1h30 avant l’heure, en évitant tous les embouteillages. Khalil m’a appris des shortcuts intéressants dans Bonne Terre pour éviter les bouchons de Beaux Songes… Deo gratias. Je te chanterai éternellement…

Oui, féérie

« Par un temps où le soleil ne perçait les cieux,
Matin de misère flouté de brume grise,
Les notes douces et plaintives d’un chant d’adieu
S’envolaient sur la mer, emportées par la brise.
Larmes douloureuses du violon sous l’archet,
Au rythme lancinant des vagues, elles s’égaraient
Puis lentement se posaient sur l’eau pour mourir,
Écume de tristesse d’un dernier soupir.
Les yeux fermés, le musicien jouait sa peine,
Il la jouait pour sa belle et pour l’océan,
Il la jouait pour les marins et les sirènes,
Pour les oiseaux du ciel et pour tous les amants.
Et de son cœur-violon, les notes s’échappaient,
Libres, mélancoliques, se mêlant aux embruns
Que le vent soufflait vers des rivages lointains
Tandis que sous la brume, l’infini ondulait »
(Hélène de Vannoise, Le violoniste dans L’ange et le magicien).

Changer de disque

« II est tellement important de laisser certaines choses disparaître,
de clore des cycles, non par orgueil ou par incapacité,
mais simplement parce que ce qui précède
n’a plus sa place dans votre vie.
Faites le ménage,
secouez la poussière,
fermez la porte, changez de disque.
Cessez d’être ce que vous étiez
et devenez ce que vous êtes »
(Paulo Coelho).

Photo prise, paraît-il, en Floride,
ce 3 du 3 23 :
cheval de Troie ?

Pâques pas que raid

Comme il est bon d’inviter chaque part en moi
à prendre un bon teatime pour ‘cause-causer’ ensemble.
J’ai une attention particulière à mes parts qui semblent
dans l’ombre de la force, porteuses de la puissance de
l’ombre, comme celle qui se croit forte d’offrir
un bouquet de fleurs, en tuant des pâquerettes…
Rejoindre et reconnaître leur intention d’amour
jusqu’à ce qu’elles se détendent et laissent l’Amour
conduire notre temps de qualité…

Voilà Pâques :
ça commence
par un raid sanglant
qui tue un homme,
et cela finit
par l’amour
qui ressuscite
le meilleur
de nos forces !

Bon teatime, vous zot tou…