« Il est des rencontres magiques… Il est des rencontres magiques qui surgissent dans notre vie sans prévenir…
Il est des rencontres qui ont un caractère magique par la qualité de ce qu’elles révèlent, en nous, ou chez l’autre…
Il est des rencontres qui nous appellent au plus profond de notre être, du plus lointain de notre histoire…
Il est des rencontres qui éclaireront notre parcours de vie d’une lumière plus vive, plus féconde…
Je souhaite à chacun de pouvoir accueillir l’une de ces rencontres, si elle fait irruption dans sa vie, et de s’y abandonner de tout son cœur » (Jacques Salomé).
Ce dimanche matin, en rentrant de l’île Maurice vers la Belgique, je suis tout à la joie d’avoir vécu l’aube la plus longue de ma vie passée et présente : dans l’avion, j’ai admiré les toutes premières lueurs de l’aube, à partir de 4 h.45, au-dessus de Zagreb puis Vienne. Ensuite, à peine les splendeurs colorées de l’aurore apparaissaient, nous avons entamé notre descente. Ce plan de vol tenait le parfait timing pour nous faire une marche arrière : en effet, en baissant d’altitude et en se tournant plus résolument vers l’ouest, nous sommes retournés au début de l’aube. En changeant d’espace, nous sommes remontés dans le temps = dans la chronologie habituelle de ce début de journée de fin d’été : une aube encore montante au-dessus de Munich et Francfort et puis descendante pour contempler Aix-la-Chapelle et la Belgique. Nous avons atterri sur le plancher des vaches à Bruxelles dans la nuit totale, pour accueillir à nouveau l’aube déroulant son tapis de couleurs ! Magnifique début de journée, aux quatre mille secondes d’aubes reloaded ; L’aube-Laudes, où j’ai chanté des psaumes en ayant intérieurement enfilé mon aube liturgique blanche (le blanc rassemblant toutes les couleurs de l’arc-en-ciel dans la lumière de la Vie)… Vive ce beau ‘jour du Seigneur’
Remake un an plus tard, en août 2023 : cette fois, après une longue aube, j’ai eu la joie de voir le soleil jouer au saute-moutons. Il est sorti de l’horizon puis rentré, puis sorti, puis rentré, à répétition… Amazing…
Chez les Himbas de Namibie, en Afrique australe, la date de naissance d’un enfant est fixée bien avant sa venue au monde, avant même sa conception : au jour où l’enfant est accueilli dans l’esprit de sa mère.
Quand une femme souhaite un enfant, elle s’installe sous un arbre et écoute jusqu’à ce que monte en elle la chanson de l’enfant qui veut naître. Elle va alors à l’homme qui sera le père de l’enfant pour lui enseigner la chanson de l’enfant, qu’ils chantent pendant qu’ils font l’amour, avec l’intention de l’inviter.
Une fois enceinte, la maman enseigne le chant de cet enfant aux sage-femmes et aux femmes aînées du village. Ainsi, en naissant, l’enfant est accueilli par elles chantant sa chanson.
Au fur et à mesure que l’enfant grandit, les autres villageois apprennent sa chanson. Si bien que quand l’enfant tombe, il se trouve toujours quelqu’un pour le relever et lui chanter sa chanson. De même, si l’enfant fait quelque chose de merveilleux, par exemple traverse avec succès les rites de passage, les gens du village l’honorent par son chant.
De même, plus tard, s’il commet un crime ou un acte social déplacé, il sera appelé au centre du village et tous, en cercle autour de lui, chanteront sa chanson. La tribu reconnaît ainsi que la correction d’un comportement antisocial ne passe pas par la punition mais par l’amour et le rappel de l’identité profonde, qui nous gardent de nuire aux autres.
De même, sur son lit vers la mort, tous les villageois connaissant sa chanson, la lui chanteront, pour la dernière fois.
« Pour celui qui contemple l’univers avec des yeux d’artiste, c’est la grâce qui se lit à travers la beauté, et c’est la bonté qui transparaît sous la grâce. Toute chose manifeste, dans le mouvement que sa forme enregistre, la générosité infinie d’un principe qui se donne » (Henri Bergson, La pensée et le mouvant, 1938).
Cette nuit passée au bord de l’Océan Indien m’enveloppe du doux clapotis du ressac, couvert par le brisement des vagues sur la barrière de corail à 200 mètres… Tandis que cette mélodie perpétuelle me berce en stéréo, un élan me traverse qui me met debout ; je danse, entraîné par ton rire sans pareil. Ce rire sans fard, qui n’éclate que dans un cœur d’enfant, résonne dans les battements de mon cœur, comme s’il prenait la main de l’enfant en moi pour fêter la vie ensemble.
Il est 5h.30. Dans quelques minutes, les toutes premières lueurs d’aujourd’hui vont naître ; le plus beau moment de ma journée ! Le ciel noir qui aspire au bleu, se pare d’un magnifique manteau orangé, lui-même progressivement revêtu d’un voile violet, avant son déshabillage complet, lorsque jaillit la lumière blanche qui écarte avec assurance les ténèbres.
Relié à toi par nos cœurs d’enfant, je te transmettrai, par les grâces de la gratitude, les douces lumières de ces douze instants magiques. Je t’enverrai les angelots de la paix et de la confiance. Il vient ! Derrière les frémissements de l’aube, j’entrevois le cœur de cette Vie qui ne finit pas…
Le jour où je me suis retrouvé étranger en difficulté en terre inconnue, loin de chez moi, et que j’ai trouvé refuge chez des gens d’une hospitalité simple et spontanée, leur humanité m’a humanisé, elle m’a ouvert les yeux du cœur sur les réflexes européens de forteresse se croyant assiégée par ‘’toute la misère du monde’’…
« Il a fait fleurir le désert comme une rose, il m’a arraché à l’amertume solitaire de l’exil pour me mettre en harmonie avec le grand cœur blessé et brisé du monde » (Oscar Wilde, De Profundis).
« Secours-moi, sois mon ami, ô Bien-aimé, ne dors pas ! Ô rossignol enivré, ne t’endors pas dans la roseraie. Protège les amis exilés, ne dors pas ! Cette nuit est la nuit de la libéralité, sois attentif, ne dors pas. Si tu désires l’éternité et la victoire, ne dors pas. Brûle-toi à la flamme de l’amour de l’Ami, ne dors pas. Plonge comme le seau dans les ténèbres du puits, il se peut que tu arrives à la margelle du puits ; ne dors pas » (Rûmi).
Dans Chanson pour L’Auvergnat, Georges Brassens décrit, avec gratitude, le concret de sa vie partagée avec le couple qui lui a offert refuge pendant la guerre :
Elle est à toi, cette chanson, Toi, l’Auvergnat qui, sans façon, M’as donné quatre bouts de bois Quand, dans ma vie, il faisait froid, Toi qui m’as donné du feu quand Les croquantes et les croquants, Tous les gens bien intentionnés, M’avaient fermé la porte au nez… Ce n’était rien qu’un feu de bois, Mais il m’avait chauffé le corps, Et dans mon âme il brûle encor’ A la manièr’ d’un feu de joi’.
Toi, l’Auvergnat quand tu mourras, Quand le croqu’-mort t’emportera, Qu’il te conduise, à travers ciel, Au Père éternel.
Elle est à toi, cette chanson, Toi, l’hôtesse qui, sans façon, M’as donné quatre bouts de pain Quand dans ma vie il faisait faim, Toi qui m’ouvris ta huche quand Les croquantes et les croquants, Tous les gens bien intentionnés, S’amusaient à me voir jeûner… Ce n’était rien qu’un peu de pain, Mais il m’avait chauffé le corps, Et dans mon âme il brûle encor’ A la manièr’ d’un grand festin.
Toi l’hôtesse quand tu mourras, Quand le croqu’-mort t’emportera, Qu’il te conduise à travers ciel, Au Père éternel.
Elle est à toi cette chanson, Toi, l’Étranger qui, sans façon, D’un air malheureux m’as souri Lorsque les gendarmes m’ont pris, Toi qui n’as pas applaudi quand Les croquantes et les croquants, Tous les gens bien intentionnés, Riaient de me voir emmené… Ce n’était rien qu’un peu de miel, Mais il m’avait chauffé le corps, Et dans mon âme il brûle encore A la manièr’ d’un grand soleil.
Toi l’Étranger quand tu mourras, Quand le croqu’-mort t’emportera, Qu’il te conduise, à travers ciel, Au Père éternel.
« Souvenez-vous que sans vos parents vous ne seriez point né, et faites tout pour eux comme ils l’ont fait pour vous. Un père et une mère sont nos premiers partenaires dans la vie, ils sont les mortels à qui nous devons le plus » (Benjamin Delessert, Le guide du bonheur, 1839).
« La dépendance est dans l’ordre de la nature. L’humain vient au monde faible et nu ; à sa naissance, c’est un pauvre petit enfant qui a besoin de tout. Si on l’abandonnait à lui-même, il mourrait infailliblement. Mais il ne meurt pas, il a une mère qui le nourrit de son lait après l’avoir nourri de son sang, un père qui travaille pour subvenir aux dépenses qu’il nécessite. À l’aide de ce double appui, l’enfant se développe, grandit, devient fort. Le voilà donc redevable envers son père et sa mère du bienfait de la vie. Comment les en récompensera-t-il ? Par le respect, la reconnaissance et l’amour. Enfants, n’oubliez donc jamais ce que vous devez à vos pères et mères, et pour ne pas l’oublier, pensez à vos premières années » (Alfred Auguste Pilavoine, Pensées, mélanges et poésies, 1845).
« On ne peut jamais s’acquitter envers ses parents » (Aristote, Éthique à Nicomaque, IVe s. av. J.-C.).
« Tu n’as pas à déplacer les montagnes. Tombe simplement amoureux de la vie. Sois une tornade de bonheur, de gratitude et de reconnaissance. Tu changeras le monde en étant juste un être humain chaleureux avec un grand cœur » (Anita Krizzan).
« Je suis de plus en plus convaincu que tous nos actes ont des conséquences. Une bonne action ne s’évapore pas, ne disparaît pas purement et simplement. Notre amour se poursuit sur des générations » (Archevêque Desmond Tutu).
« Sœurs et frères, cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue dans ce temps fort que nous avons vécu sur la montagne sainte : se confirme pour nous cette parole prophétique à laquelle vous faites bien de donner toute votre attention, comme on fixe son regard sur la lampe brillant dans la nuit, jusqu’à ce que le jour vienne à poindre et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs » (2 Pierre 1,17-19).