« Exaucer la Trinité = nous ouvrir à ce don qu’Elle EST en permanence » (Maurice Zundel, Un autre regard sur l’homme).
Que les cailloux sur le chemin soient reçus comme des cadeaux pour accéder à l’Amour véritable.
Que les obstacles dans les relations soient accueillis comme des opportunités. C’est dans nos tombeaux que le cadeau de la Résurrection peut être déballé.
Quelle joie de folâtrer en Laponie avec les douces et généreuses queues de renard ! D’après la mythologie d’ici, les renards arctiques sont à l’origine des aurores boréales, courant dans le ciel si vite que la fourrure de leur queue, en frôlant les montagnes, produit des étincelles illuminant le ciel.
Variante explicative : lors des fréquentes éruptions solaires, des particules sont propulsées du soleil et véhiculées jusqu’ici par le vent solaire. Le champ magnétique terrestre, qui nous protège des ardeurs de l’astre solaire, ne leur permet de pénétrer l’atmosphère que par les pôles. Au contact de ces particules, le gaz en haute atmosphère se consume : si c’est de l’oxygène (cas/gaz le plus fréquent), cela donne une aurore boréale aux couleurs vertes !
L’aurore boréale est d’autant plus intense que 1) le vent solaire a de la vitesse, 2) qu’il est dense, 3) que le pôle magnétique est faible, 4) que le ciel est dégagé, 5) que la lune est à un moment faible de son cycle. Ainsi, le 6 novembre 2023 a été exceptionnel : une aurore boréale puissante a été vue jusque dans le nord de l’Italie, alors même qu’elle fut invisible à Rovaniemi (car alors sous intense chute de neige).
Les appareils de photo sur pied obtiennent des clichés bien meilleurs que ce que capte l’œil humain, grâce à leurs différents réglages et longueurs d’exposition.
« Habiter la terre, enfin. Accepter d’être là, enfin. Revenir de tous nos ailleurs, de nos fugues. Revenir de nos refus. Cesser de réclamer des comptes à la vie, de lui donner des ordres, ne rien exiger d’elle. Renoncer au marchandage, l’acquitter de toute dette, la délivrer de nos impératifs. Acquiescer à la vie telle qu’elle se donne. Dans tout ce que nous ne pouvons pas changer, dans tous de que nous ne pouvons pas choisir, il y a cela que nous pouvons : dire « oui » à ce qui est. Consentir sans raison. Faire le saut de consentir, à tout. Elle est si étroite la cellule où nos exigences nous enferment. Déplions nos mains et laissons se défaire la corde qui nous suspend hors de la vie. Laissons-nous déposer au sol de la vie telle qu’elle est. Ce n’est pas dans le vide que nous allons tomber. Ce n’est pas dans la boue amère de la résignation. C’est dans l’infinie terre aimante de Dieu » (Marie-Laure Choplin, Un cœur sans rempart).
Pierre De Rudder, ouvrier agricole, a eu la jambe broyée par la chute d’un arbre. De multiples fractures ne se sont pas ressoudées et la gangrène s’y est mise. Les médecins disent la nécessité d’amputer la jambe pour sauver le reste. Malgré son état catastrophique, Pierre refuse en disant qu’il veut d’abord aller en pèlerinage dans un nouveau lieu près de chez lui : c’est une réplique de la grotte de Lourdes qui vient d’être inaugurée (le 7 avril 1875) à un kilomètre et demi de chez lui, à Oostakker (près de Gand ; vous savez là où est né le plus grand empereur européen, Charles Quint). Il mettra des heures pour parcourir ces 1.500 mètres sur ses béquilles. Il finit par arriver dans ce décor d’imitations agglomérées. Las, là, il lâche ses béquilles et tombe à genoux. Quand il se relève, il est guéri… Tous les témoins, y compris son médecin, l’attestent : les os se sont ressoudés, la gangrène s’en est allée. Pierre reprend simplement son travail, encore 35 ans. Ce miracle sera authentifié par l’Église comme le huitième miracle officiel de Lourdes (qui se trouve à 1111 kms de là). Il faut savoir qu’autour de Lourdes, la médecine rigoureusement scientifique a authentifié 7.200 cas de guérison instantanée et complètement inexplicable. 1 % seulement de ces cas (70) a été reconnu comme miracle officiel par l’Église, qui est extrêmement prudente et attentive à l’esprit (éviter toutes formes de superstition idolâtrique, de culte de la personnalité…).
Histoire racontée par Didier van Cauwelaert, dix-huit miracles présentés dans le livre « L’insolence des miracles ».
Dans un mouvement de religiosité spontanée, les êtres humains produisent de la religion : ils font divers sacrifices aux dieux pour que ceux-ci les protègent, leur donnent sécurité, santé, richesses, prospérité, etc.
Dans la Révélation biblique, c’est l’inverse : Dieu vient toucher le cœur et la conscience d’une personne pour l’appeler à cheminer ensemble et à vivre une aventure à ses côtés. Le Dieu biblique n’offre pas la tranquillité, Il met la personne en route, Il lui envoie un Souffle qui gonfle généreusement ses voiles mais qui peut gonfler ses boules car les appels divins à la mission font éclater ses sécurités et ses conforts… au point que bien des personnes ferment leurs oreilles, yeux, cœur ; au point que des prophètes dans la Bible fuient Dieu (cf. Jonas envoyé à Ninive et qui n’en veut pas).
Nos projections de religiosité spontanée : je fais des sacrifices pour que Dieu fasse attention et me donne des faveurs. Les injections de l’Esprit (Révélation en cours) : j’accepte de me sacrifier parce que Dieu me comble de son amour et m’envoie en mission ! Mais parfois, Il me les gonfle : à me prier de perdre ma vie ainsi…
« Ce qui me permet de suivre aujourd’hui Jésus comme un Maître, c’est précisément qu’il ne promet pas l’évitement du risque. C’est ce crédit qu’il accorde au réel, sa plongée inconditionnelle dans la complexité du monde et de l’âme humaine, sans tenter de nous y soustraire, de la résoudre ou de la contourner. Voilà les seules paroles qui puissent me toucher, me rejoindre. Vivre la paix d’une bénédiction originelle pour ne pas céder aux tranquillités qui nous privent de la grâce de savoir être dérangés » (Marion Muller-Colard, L’intranquillité).
« Fâchée avec mon Dieu imaginaire qui avait rompu sans préavis mon contrat inconscient de protection, je manquais de secours spirituel. Je ne trouvais pas de prière qui puisse être autre chose qu’une immense contradiction, une négociation régressive avec la peau morte d’un Dieu qui ne tenait pas.
Pourtant, lorsque je caressais, du bout des doigts, le visage bleu et enflé de cet enfant presque étranger, dans le roulis devenu rassurant de l’oxygène qui lui parvenait machinalement, j’étais parfois saisie par une sérénité démente. Il arrive que l’impuissance ouvre sur des paysages singuliers.
La détresse m’avait dilatée et, en quelque sorte, elle avait élargi ma surface d’échange avec la vie. Et près de ce petit corps, se superposait à ma supplication muette pour qu’il vive, la conviction profonde que, ‘quoi qu’il arrive’, ce qui était incroyable et sublime, c’était qu’il fût né. Et que cela, jamais, ne pourrait être retiré à quiconque. Ni à lui, ni à moi, ni au monde, ni à l’histoire.
Je mis du temps à comprendre que cette clairvoyance fulgurante était peut-être la première véritable prière de ma vie.
[…] En dépit des relents de superstition qui me saisissent parfois, en dépit de mon petit négoce intérieur qui n’en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire, j’ai entrevu un Autre Dieu qui ne se porte pas garant de ma sécurité, mais de la pugnacité du vivant à laquelle il m’invite à participer. » (Marion Muller-Colard, L’autre Dieu).
La neige est tombée, des heures durant, tissant un épais manteau blanc à Dame Nature, sans ratures. Il y eut un soir d’engendrement, il y eut un matin ensoleillé. Nous voici tendrement enveloppés par cette neige fraîche si différente du givre : transformée en cristaux légers, l’eau prend 15 fois plus de place ; elle s’éclate dans l’espace, comme des cheveux ébouriffés, à la fois figés et aérés, si tant est qu’ils sont si tentés d’échapper à la pesanteur.
La neige s’est posée délicatement sur chaque tige, chaque brindille, ainsi ennoblies. Et, dès que le soleil s’y réverbère, elle se transfigure en mille diamants qui brillent de mille feux. La lumière est alors partout si étonnamment forte ! Comme si le soleil aveuglant de se réfléchir autant sur la neige désirait, le temps de cette féérie, compenser le déficit de lumière de ces longues nuits d’hiver…
Merci à la Personne qui a pu allumer une telle lumière parmi nous !
« Si tu es sage, montre-toi vasque et non pas canal Un canal reçoit l’eau et la répand presque tout de suite. Une vasque, en revanche, attend d’être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort… Mais tu vas me dire : ‘La charité ne cherche pas son avantage’ (1 Co 13,5). Oui, mais sais-tu pourquoi ? Elle ne cherche pas son avantage, parce qu’elle ne manque de rien. Qui chercherait ce qu’il possède déjà ? La charité n’est jamais dépourvue de son avantage, à savoir de ce qui est nécessaire au salut » (Bernard de Clairvaux).
Voici que s’achève notre voyage à l’île Maurice, temps de pèlerinage pour notre famille sur cette terre bénie de notre jeunesse familiale. Un exemple de la Providence qui nous a tant guidés : une fois, je devais rejoindre les enfants partis avec l’auto ; j’ai décidé de faire les 15 kms en autostop. Avant de démarrer, j’ai confié à mon Bon Berger les personnes que j’allais rencontrer. Première personne : une Créole à pied comme moi, désolée de ne voir aucune BMW à l’horizon et s’exclamant dans un grand éclat de rires : « juste nos BMDoublesPieds ». Après 400 mètres de marche, Khalil, un ingénieur anglophone musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, disant aussitôt : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à tel endroit ». Je suis resté bouche bée : c’est exactement là où j’allais ! L’échange nous a enrichis tous les deux… Heureux les cœurs hospitaliers, ils seront comblés par la rencontre. En nous saluant, je l’ai remercié et béni explicitement ; c’est comme si deux fées bondissaient aussitôt : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu. Oui, à Dieu, let’s go. Deo gratias. Merci pour ce beau pèlerinage. Je devrais plus souvent être sans auto pour mieux dépendre de ta Providence aux si bons chars donnés ! L’eusses-tu cru, un si bon cru ?…
Version première : En gratitude, voici un des fioretti de la Providence qui nous a guidés. Mes enfants passant la journée à Pointe d’Esny avec l’auto, j’ai voulu leur éviter de venir me chercher à Tamarin pour aller ensuite à Floréal (plus de 2 heures de détour pour eux aux pires heures du trafic). J’ai donc décidé de me débrouiller en autostop pour arriver à Jumbo Phoenix où on s’est donné RDV…
Mon Bon Berger, merci pour ta bonté. Avant de démarrer à pied du fond de cette impasse de Tamarina (route isolée de 3 kms et 9 dos d’âne), je t’ai confié les personnes que j’allais rencontrer et je t’ai demandé de rencontrer celles que tu voulais.
Ça a commencé fort : toute BMW étant bien loin, une Créole m’a vu à pied et a ri avec moi devant notre belle « BMDoublesPieds ». J’ai eu à marcher jusqu’à Bois d’Olive (400 mètres)… Là, Rachid, chauffeur venant chercher des ouvriers me prit et fit l’aller-retour jusqu’à la grand-route, juste pour moi. Un homme bon, au cœur hospitalier, simplement humble. Je l’ai remercié en le bénissant explicitement, et c’est comme si, alors, deux fées venaient de bondir : Paix et Joie nous enveloppaient alors que nous nous souhaitions adieu : oui, allons à Dieu.
À l’arrêt de bus, un gros 4×4 s’est vite arrêté : un anglophone, Khalil, ingénieur musulman d’Arabie Saoudite, m’a pris, en commençant par dire : « Dès que je vous ai vu le pouce levé, une voix m’a dit que je devais m’arrêter pour vous prendre. Je peux vous déposer à Jumbo Phoenix ». Je suis resté muet de stupeur : c’est exactement là que j’ai rdv avec les miens. Il habite avec sa femme mauricienne dans Carreau Laliane, le quartier 300 mètres avant Jumbo (il a donc fait un détour pour m’y déposer, sans même le mentionner).
Échange très profond et enrichissant pour les deux. Il a tenu à avoir mon n° de téléphone. J’ai tenu à le bénir, lui, sa femme et le bébé qu’elle porte…
Je suis arrivé au rdv en un temps record, 1h30 avant l’heure, en évitant tous les embouteillages. Khalil m’a appris des shortcuts intéressants dans Bonne Terre pour éviter les bouchons de Beaux Songes… Deo gratias. Je te chanterai éternellement…
Voici le sonnet que Baudelaire offre à ses hôtes mauriciens, en 1841 :
À une dame créole
Au pays parfumé que le soleil caresse, J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse, Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse A dans le cou des airs noblement maniérés ; Grande et svelte en marchant comme une chasseresse, Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire, Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire, Belle digne d’orner les antiques manoirs,
Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites, Germer mille sonnets dans le cœur des poètes, Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.