« Ceux qu’on appelle des saints n’ont pas peur de souffrir, ils n’ont pas peur non plus de jouir. À l’inverse, dommage d’avoir peur sans cesse de souffrir autant que de jouir vraiment, c’est-à-dire d’éviter ce que la vie a de plus doux et de plus douloureux. La peur plus que la haine est bien le contraire de l’amour, la peur d’aimer, de se perdre, de mourir… Les verbes s’enchaînent, cascades où s’approfondit le chant de la Source. Il n’y a là aucune recherche de la souffrance, de la maladie, de la persécution ou de la mort, simplement une grande liberté quand des évènements désagréables ou agréables se présentent à nous, en faire une occasion d’aimer encore et davantage, sans s’y attacher, sans se rendre dépendant. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’être libre, de ne pas nous identifier à ce qui nous fait souffrir, à ce qui nous fait jouir, à ce qui nous terrorise ou à ce qui nous extasie » (Jean-Yves Leloup).
Catégorie : Etre essentiel
Cet espace sacré en moi qui contient tous les trésors
L’amour durable m’apprend
à me défusionner de mon amoureuse.
Je laisse là les horizons du monde extérieur.
Je regarde, écoute, sens à l’intérieur.
Oui, oui,
Vie vibre
au fond
de mes tréfonds.
J’ouvre la porte de cet espace sacré en moi,
qui contient tous les trésors.
C’est le plus beau cadeau qui m’est fait :
l’Esprit incarné de manière unique en moi.
Je suis moi-même ce cadeau.
En faire l’expérience en moi,
pas seulement par l’autre…
Pour moi, ce cadeau d’amour
se trouve en moi d’abord.
Pour l’autre, ce cadeau d’amour
se trouve en lui d’abord.
Une fois que chacun a bien reçu son cadeau propre,
nous pouvons en jouir l’un avec l’autre…
Défusionner pour communier
Quand bien des blessures encombrent le corridor de notre relation,
il m’est précieux alors de porter toute mon attention sur ce qui
compte prioritairement entre nous deux. C’est ceci :
établir la connexion, nourrir le lien,
sentir ce qui est vivant ici et maintenant,
accueillir nos complicités spontanées,
apprécier ce qui vibre en moi, entre nous, en toi,
goûter à la joie d’être côte-à-côte, simplement,
savourer ce que je reçois, ce que je donne,
me régaler de notre profonde connivence,
me délecter de ce qui fait chanter nos cœurs et nos âmes,
jouir de nos parfums qui jouent comme des exaltateurs d’arôme,
en présence l’un de l’autre,
déguster les saveurs, exhausteurs de goût qui se dégagent alors,
rendre grâce pour ce qu’Il nous donne par cette présence l’un à l’autre,
cette joie de la communion qui me parle d’éternité.
Tout cela suppose de pouvoir rester dans l’ici et maintenant, pour profiter pleinement de ce qui est là : ne pas t’enfermer ni dans mes blessures du passé ni dans mes projets, dans mes attentes, ni dans ce que nous avons fait de mal ni dans tes propres projections. Accueillir ce qui vient et aussi accepter ce qui ne vient pas. Être présent avec suffisamment d’espace intérieur et de gratuité que je me réjouis de ce qui est donné + reçu ET que je suis aussi OK avec ce qui n’est pas donné + reçu…
Prier, à la source
Ma part intelligente cherche à connaitre Dieu, assoiffée de savoirs sur lui. Elle construit ses images et ses concepts sur lui. Si elle opère seule, de manière isolée, elle s’embourbe dans ses fabrications d’idoles.
Ma part volontaire, à coups de résolutions déterminées, s’efforce de décider de rester fidèle aux formes de prière qu’elle se sent obligée d’honorer ! Et tant pis si c’est du bout des lèvres. Hélas, ses réserves d’énergie sont limitées et à force de trimer en étant coupée de la source, à la longue, sa batterie interne propre s’épuise peu à peu.
Mes parts intelligente et volontaire sont les seconds du navire, elles peuvent apprendre du capitaine, qui est alimenté par les sources inépuisables et surabondantes : déjà les tout simplement naturelles, l’aquatique et la terrienne qui montent du bas ; la lumineuse qui descend du haut ; l’oxygénante (dont l’inspire et l’expire combinent horizontal et vertical). Le capitaine du navire, lui, commence chaque aventure de prière par l’accueil interne de chaque membre de l’équipage tourmenté, activé d’une manière ou d’une autre. Il met toute son attention sur ce qui est présent, y compris le manque qui déstabilise et l’absence qui creuse le manque. Y compris ? À vrai dire, prioritairement. Car ce manque est l’eau fade de laquelle va jaillir le vin des Noces : ce manque est le verre à moitié vide du besoin qui s’y trouve en creux… En lui offrant toute mon attention, jusqu’à ma considération, je vais cheminer dans mes boyaux psychiques noués, jusqu’au moment – cadeau-surprise – d’une transformation intérieure : de hug en hug, avec chaque part en manque de quelque chose, viendra le moment béni où l’absence deviendra Présence inépuisable et surabondante…
Ainsi alimentées, mes parts intelligente et volontaire peuvent alors se déployer avec leur talent propre : la première me permet de rendre compte de l’expérience vivifiante, la deuxième est excellente pour demeurer fidèle au processus d’empathie envers chaque part tourmentée. Non pas décider d’aimer (à la force du poignet) tout qui ne va pas bien (avec le danger de me donner de bons points et de grimper sur un pied d’estale) mais décider de lui offrir ma curiosité bienveillante, jusqu’à ce que s’ouvre quelque chose, de l’ordre de la vie.
La joie de jeter les (c)rayons
« Toute âme est libre. Non pas toujours du choix des événements qui arrivent, mais toujours de la manière dont elle va y réagir. Si tu comprends que toute expérience peut te faire grandir, alors tu sauras donner du sens à tout ce qui t’arrive et tu progresseras de plus en plus en joie, en sérénité, en connaissance de toi-même et du monde, et surtout en amour, qui est l’énergie la plus forte et la plus élevée de tout ce qui est » (Frédéric Lenoir, La consolation de l’ange).
« À ta naissance, tu as pleuré et ta famille s’est réjouie.
Vis de manière qu’au moment de ta mort,
ta famille soit dans les pleurs et toi dans la joie »
(sagesse arabe).
Mes ressacs portés par les vagues célestes
Il paraît que Dieu écrit droit avec des lignes courbes.
Moi, j’écris courbes, avec bien des ressacs,
alternant les systoles et diastoles de mon cœur !
Devant l’obstacle, chaque ressac m’invite à
un retour sur Soi, où se trouvent les ressources
pour trouver un chemin nouveau et avancer…
Photo offerte par une proche amie :
le ciel de Sasseta en Toscane, ce 3/9/23.
Gratitude pour ces délicates
touches du peintre céleste…
La joie du Ciel, à tes côtés
« J’ai en moi toute la joie du Ciel.
Oui, la pauvreté m’en ouvre la porte.
J’ai en moi toute la joie du Ciel »
(Claire d’Assises, soeur d’âme de François).
Allez, puisez. Sinon, ah l’épuisé…
« Remplissez d’eau les cuves ».
Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez ».
Il est donné gratuitement et simplement
ce bon vin des Noces de Cana…
Pas besoin d’autres stimulants
pour s’éclater, poil aux dents !
Là tout entière, tout éveillée
Quelques morceaux choisis de cette prière d’Élisabeth de la Trinité :
Ô Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement
pour m’établir en vous, comme si déjà mon âme était dans l’éternité.
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée.
Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière,
tout éveillée en ma foi, toute livrée à votre Action créatrice.
Ô mon Christ, je vous demande de me revêtir de vous-même,
afin que ma vie soit un rayonnement de votre Vie.
Ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que
je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.
Ô Feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi
afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe :
que je Lui sois une humanité de surcroît
en laquelle Il renouvelle tout son Mystère.
Et vous, ô Père, couvrez votre créature de votre ombre.
Ô mes Trois, ma Béatitude, Immensité où je me perds,
ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous,
en attendant d’aller contempler en votre lumière
l’abîme de vos grandeurs.
Je le fais car cela a du sens de le faire, peu importe les résultats
« L’espoir est un état d’esprit, une
orientation de l’esprit et du cœur,
non pas la conviction optimiste
que cela va bien se passer,
mais la certitude que cela a un sens,
quelle que soit la façon dont cela se passe »
(Vaclav Havel).
Quelle force cela donne de savoir que
ce que je fais,
indépendamment
des résultats,
a du sens !
Merci, Maria Biedrawa, ma sœur,
de m’avoir transmis cette vérité
que tu as reçue de Viktor Frankl.