Je me love en ma pénombre

« Il faut parfois toute une existence pour
parcourir le chemin qui mène de la peur et l’angoisse
au consentement à soi-même,… à l’adhésion à la vie.
[…] Les seuls chemins qui valent d’être empruntés
sont ceux qui mènent à l’intérieur. […]
Mon village est sous la neige. Depuis quelques jours,
la température oscille entre moins quinze et moins vingt.
Je suis seul. J’apprécie ces journées d’hiver où le dehors
me repousse, où rien ne vient s’opposer
à ce que je me love en ma pénombre »
(Charles Juliet, Dans la lumière des saisons, p. 66).

Quel plaisir de marcher dans la neige qui crisse !
Par le principe physique dit de l’absorption hygrométrique, la neige absorbe l’humidité et les bruits : les sons sont ouatés,comme étouffés et l’air est plus sec !
Par contre, quand la neige devient de la glace, c’est le contraire : les sons sont davantage propagés.

Étoile filante : faites un voeu

« Il y avait une fois un couple, un soir, en hiver, au coin de leur feu. Apparut une belle dame, qui leur dit : « Je suis une fée, je vous promets de vous accorder les trois premières choses que vous souhaiterez mais, prenez-y garde, après avoir souhaité ces trois choses, je ne vous accorderai plus rien. »

La fée ayant disparu, cet homme et cette femme furent très embarrassés. « Y a-t-il mieux que d’être riche ? », dit la femme. « Être en bonne santé », enchaîna le mari. La femme prit les pincettes et raccommoda le feu. Voyant les charbons encore bien allumés, elle dit sans trop réfléchir : « Voilà un bon feu ! je voudrais avoir une aune de boudin pour notre souper, nous pourrions le faire cuire bien aisément. » À peine eut-elle achevé ces paroles, qu’il tomba une aune de boudin par la cheminée. « Peste soit de la gourmande avec son boudin ! dit le mari ; ne voilà-t-il pas un beau souhait ! nous n’en avons plus que deux à faire. Pour moi, je suis si en colère, que je voudrais que tu eusses le boudin au bout du nez. » Dans le moment, l’homme s’aperçut qu’il était encore plus fou que la femme ; car, par ce second souhait, le boudin sauta au bout du nez de cette pauvre femme qui ne put jamais l’arracher. « Que je suis malheureuse ! s’écria-t-elle ; tu es un méchant, d’avoir souhaité ce boudin au bout de mon nez. — Je te jure, ma chère femme, que je n’y pensais pas, répondit le mari. Mais que ferons-nous ? Je vais souhaiter de grandes richesses, et je te ferai faire un étui d’or pour cacher ce boudin. — Gardez-vous-en bien, reprit la femme ; car je me tuerais s’il fallait vivre avec ce boudin à mon nez. Croyez-moi, il nous reste un souhait à faire, laissez-le-moi, ou je vais me jeter par la fenêtre. » En disant ces paroles, elle courut ouvrir la fenêtre, et son mari, qui l’aimait, lui cria : « Arrête, ma chère femme ! je te donne la permission de souhaiter tout ce que tu voudras. — Eh bien, dit la femme, je souhaite que le boudin tombe à terre. » À l’instant le boudin tomba, et la femme, qui avait de l’esprit, dit à son mari : « La fée s’est moquée de nous, et elle a eu raison. Peut-être aurions-nous été plus malheureux étant riches que nous ne le sommes à présent. Crois-moi, mon ami, ne souhaitons rien, et prenons les choses comme il plaira à Dieu de nous les envoyer. En attendant, soupons avec notre boudin, puisqu’il ne nous reste que cela de nos souhaits. » Le mari pensa que sa femme avait raison ; ils soupèrent gaiement, et ne s’embarrassèrent plus des choses qu’ils avaient eu dessein de souhaiter » (Conte des trois souhaits, par Jeanne Marie Leprince de Beaumont et Eugénie Foa, 1843 ; j’ai raccourci le début).

L’Épiphanie dans tous les sens / l’essence ?

En littérature, « épiphanie d’une réalité » se dit d’une prise de conscience soudaine et lumineuse de la nature profonde de cette réalité : on parle d’une épiphanie de la musique, de l’épiphanie d’une amitié…

Dans son sens philosophique, « épiphanie » convient pour l’expérience d’une personne qui découvre une nouvelle information ou expérience, souvent insignifiante en elle-même, qui illumine de façon fondamentale l’ensemble. C’est voir la chose dans son intégralité, après avoir rassemblé toutes les pièces du puzzle ; genre Archimède s’écriant « Eurêka / J’ai trouvé ».

Fêter l’épiphanie, le 6 janvier, serait-ce donc célébrer la joie que les pièces du puzzle biblique sont désormais toutes assemblées ? Les mages, en quête du sens premier de la vie, partent de chez eux, quatre à quatre. Les voici à côté d’un bœuf et d’un âne, pour reconnaître et honorer le Fond de l’être, que ce bébé incarne si bien et que nous pouvons percevoir, en déployant notre stéthoscope divin, avec ses antennes célestes et capteurs terrestres…

Bonne fête de l’Épiphanie…

Au creux de la nuit, au solstice d’hiver

C’est la cure d’hiver.

Le froid invite la sève des arbres à retourner aux racines.
La nuit prie l’attention de descendre des yeux
vers ce qui ne se voit pas d’habitude.
Émerge lentement ce qui EST (l’été,
c’est souvent enfoui, caché sous la surface).
La nature vit un retour à l’essence-Ciel de sa Terre.
Sa vraie nature se révèle dans les profondeurs, à l’intérieur.

Car seul le cœur de mon cœur peut embrasser tout ce que je suis,
avec un amour inconditionnel,
sans rejeter les aspects de moi
que d’autres parts en moi n’aiment pas…

Prendre le temps pour ce passage de 2023 à 2024

Sous les festivités de surface,
je choisis de passer de 2023 à 2024
en prenant un temps de retraite.
Regarder ce passé proche, repérer
ce qui intoxique, dont il est bon de me débarrasser ;
ce qui est mort, dont il est bon de faire le deuil :
lâcher, accepter la perte ;
mes illusions que je peux regarder et laisser se consumer…
 
Prendre le temps de respirer dans un espace aéré,
admirer les pousses naissantes au ras de ma terre quotidienne ;
s’ouvrir aux renouveaux qui pointent
sous les décombres de mes morts ;
accueillir le neuf qui en vaut la peine et la priorité,
aligné à ma vérité profonde…

The Larger Self

« Avec des mots différents, toutes les grandes religions expriment que nous sommes des étincelles de la flamme éternelle. Le divin intérieur (ce que les chrétiens appellent l’âme ou la Conscience du Christ, les bouddhistes appellent la nature du Bouddha, les hindous Atman, les taoïstes Tao, les soufis le Bien-aimé, les Quakers la Lumière Intérieure), souvent, il ne faut pas des années de pratique méditative pour y accéder parce qu’il existe en nous tous, juste sous la surface de nos parties extrêmes. Une fois que celles-ci acceptent de se séparer de nous, de nous laisser un peu d’espace, nous avons soudainement accès à qui nous sommes vraiment.

Concernant la rapidité avec laquelle un  accompagné peut accéder à son Self, le plus important est le degré avec lequel l’accompagnateur est pleinement présent, Self-led. C’est cette présence qui constitue l’élément de guérison en psychothérapie, indépendamment de la méthode ou de la philosophie du praticien » (Richard Schwartz, The Larger Self ; cf. https://artoflivingretreatcenter.org/blog/the-larger-self/).

Merci, chère Manya Ronay.

Alliées plus qu’ennemies

Je viens de lire « À la mémoire de Thérèse qui a perdu son combat contre le cancer, à 85 ans ». « Perdre son combat contre… » ? Cette mise en mots ne correspond pas à la sagesse que la vie m’enseigne par rapport à la maladie et à la mort.

Voici ce qui sonne juste en moi, du point de vue biologique, puis psychique.

Dans la toute grande majorité des cas, les bactéries, virus et microbes (qui sont plus nombreux sur notre peau que les cellules humaines) cohabitent en symbiose et en collaboration avec notre organisme.

Plutôt que de lutter contre la maladie, la sagesse m’invite à l’écouter avec soin comme un utile signal d’alerte, en ce sens qu’à travers elle, s’expriment les membres de mon corps et de mon équipe intérieure, m’indiquant ce dont j’ai à prendre soin prioritairement, ici et maintenant. Pour aller plus loin, cf. mon post https://etiennechome.site/le-processus-naturel-de-guerison-devant-une-attaque-externe/

Et plutôt que de lutter contre la mort, la sagesse me prie d’accueillir le sens profond de ma vie et les étapes de mon pèlerinage sur le chemin de la Vie véritable.

J’ajoute, en outre, un point de vue biblique.

a) En Matthieu 5,38-39, le mot « contre » (ἀντί) est répété trois fois coup sur coup pour nous avertir du piège de « se battre contre ». À tous les niveaux, Jésus nous prie de sortir du piège mimétique de la violence. Et la violence commence déjà en ‘nous’-même, contre ce que ‘nous’ n’aimons pas en ‘nous’-même (il est intéressant d’accueillir ces 3 ‘nous’ différents…).

b) L’Apocalypse nous révèle qu’à la fin des temps, la bataille finale entre les Forces du Bien et du Mal sera aussi simple qu’un lever de soleil, dissipant les ténèbres, dans une totale asymétrie : la clarté du jour vient dissiper l’obscurité de la nuit. Il n’y aura aucune lutte contre mais bien l’avènement de la Vérité authentique. Pour en savoir plus à ce propos, cf. https://etiennechome.site/5387-2/.

Bonne fête d’Hanoucca, la fête juive des lumières (durant huit jours, chaque soir, chaque chaumière allume les lumières de Hanoucca).

ma lettre mal-être

Je t’écris un message, convaincu que tu as à l’entendre.
Une part de moi y crie ‘help, au secours, à moi’.
À vrai dire, c’est faute de trouver en moi
un Self leader, capable d’entendre ce cri.

Finalement, je ne t’enverrai pas ce message à toi ;
je prends un temps pour lui donner le droit d’être en moi,
et me laisser inspirer la petite initiative
qui me remet dans le flow de la Vie…
Et merci à Ouistiti (ma part jeu de mot), qui y contribue par ses acrobaties de branche en branche (qui me rebranchent à la vie).

Solitude n’est pas isolement

« La solitude nous amène vers la plus simple Lumière : nous ne connaîtrons jamais d’autre perfection que celle du manque. Nous n’éprouverons jamais d’autre plénitude que celle du vide, et l’Amour qui nous dépouille de Tout est celui qui nous prodigue le plus » (Christian Bobin).

Guérir mes coupures d’avec les autres + l’isolement qui m’a été imposé. Par ailleurs, choyer la solitude que je choisis et que j’assume pour goûter à la sagesse qui se révèle et se découvre à l’intérieur de moi.

Je te vois, à la fine pointe de ton être

Dans la fulgurance du désir de t’accueillir sans conditions,
je t’ai vue soudain telle que tu es, tout au fond de toi,
à la fine pointe de ton être, là où jaillit l’étincelle de Vie,
au cœur de ton cœur. De là, s’éclaire tout de toi, de ta vie.
De là, s’aperçoivent ta complétude et tous tes possibles.
Depuis, même quand ton corps de souffrance recouvre ton lieu-source,
je désire de tout mon être que tu puisses toi-même te voir à partir de là
et t’accueillir telle que tu es, dans tout ton être.
Alors tu irradieras sans peurs de renaître.
Joie en moi de te connaître ;
sans faux-fuyants, te reconnaître…