Sa gloire, Son rayonnement

Prendre un temps de retraite, se retirer en silence (au moins une heure par jour, un jour par semaine, une semaine par an), contempler Son rayonnement, Sa gloire (kabôd dans la bible : sa densité, son pesant d’or, sa manifeste présence) autour de moi et en moi, comment elle pénètre et éclaire tout : mes ombres et mes lumières… Descendre peu à peu dans cet ample espace où monte ma musique sacrée et s’activent mes pas de danse autour de mon axe de lumière… Respirer la joie d’‘être simplement’.

« Le Seigneur lui-même marchait à leur tête : le jour dans une colonne de nuée pour leur ouvrir la route, la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer ; ainsi pouvaient-ils marcher jour et nuit » (Exode 13,21).

« La nuée couvrit la tente de la Rencontre, et la gloire du Seigneur remplit la Demeure. À chaque étape, lorsque la nuée s’élevait et quittait la Demeure, les fils d’Israël levaient le camp. Si la nuée ne s’élevait pas, ils campaient jusqu’au jour où elle s’élevait. Dans la journée, la nuée du Seigneur reposait sur la Demeure, et la nuit, un feu brillait dans la nuée aux yeux de tout Israël. Et il en fut ainsi à toutes leurs étapes » (Exode 40,34‑38).

« Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer » (psaume 22).

‘je’ & ‘tu’ s’engendrent mutuellement

« « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Deutéronome 6,6). Dans ce « comme toi-même », nous sommes à la recherche d’un droit à l’amour de nous-même ; c’est la première pulsion éthique. Je peux me percevoir moi-même comme une histoire de vie qui a de la valeur, qui mérite d’exister…

Le souci d’autrui, deuxième composante de l’exigence morale, est un point sans doute plus évident. Mais je ne peux vraiment le formuler que si j’ai droit au premier. Parce que, respecter autrui –  « traiter autrui comme une fin en soi, disait Kant, et non pas seulement comme un moyen » – c’est vouloir que ta liberté ait autant de place sous le soleil que la mienne. Je pense que toi aussi, comme moi, tu agis, tu penses, tu es capable d’initiative, de donner des raisons pour tes actes, de faire des projets à longue distance, de composer le récit de ta propre vie.

Par conséquent, le ‘je’ et le ‘tu’ s’engendrent mutuellement. Je ne pourrais pas tenir autrui pour une personne si je ne l’avais fait d’abord pour moi-même. L’estime de soi et le respect de l’autre se produisent réciproquement, et c’est là le premier socle de l’éthique » (Paul Ricoeur, L’éthique, la morale et la règle, dans Autres Temps, 1989, p. 54).

Source, Souffle, Lumière

En tous temps, en tous lieux, tous les vivants célèbrent leur source, leur souffle, leur lumière.

La Bible honore ces fondamentaux du Vivant :
« En toi, est la source de vie ;
c’est par ta lumière que nous
‘soufflons’ la lumière » (Ps 35,10).

« La prière est le souffle de l’âme, l’oasis de paix où nous pouvons puiser l’eau qui irrigue notre vie spirituelle et illumine notre existence » (Benoit XVI, L’âme de la prière, p. 297).

Dans les bras de la mère qui engendre la vie, porteuse du souffle vital, fils et père, réunis, se réjouissent. Cette dynamique du Vivant court sur toute la terre, à l’image et à la ressemblance du Créateur, qui partage sa plénitude de communion. Bienheureux qui se laisse combler de sa joie légère à chaque inspire et qui, à chaque expire, y prend part de tout son être…

Hasard et Providence

« La Providence est-elle le nom de baptême du Hasard ?

Le Hasard est-il un sobriquet de la Providence ? »
(inspiré de Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées, 1781).

« Tu naquis : ma tendresse, invisible et présente,
ne livra pas mon œuvre aux chances du hasard.
J’échauffai de tes sens la sève languissante,
des feux de mon regard.

D’un lait mystérieux, je remplis la mamelle.
Tu t’enivras sans peine à ces sources d’amour.
J’affermis les ressorts, j’arrondis la prunelle
où se peignit le jour.

Ton âme, quelque temps par les sens éclipsée,
comme tes yeux au jour, s’ouvrit à la raison.
Tu pensas, la parole acheva ta pensée,
et j’y gravai mon nom »
(Alphonse de LAMARTINE, La providence à l’homme).

Butinons l’or du visible, trame de l’invisible

« Vivent les heureux hasards qui font sens, les synchronicités, les mystérieuses coïncidences : je pense à toi, et hop tu m’appelles ! Vivent les liens dans ce monde que nous ne voyons pas. Nous sommes très limités avec la vue…

Dans leurs derniers jours sur cette terre, plusieurs disent : « je vois dans ma chambre mon père, ma mère… ». En fin de vie, les frontières entre le visible et l’invisible s’amenuisent complètement.

Les Japonais sont sans cesse à la limite du visible et de l’invisible ! » (Marie de Hennezel, s’exprimant à La grande libraire).

« Le lien humain avec l’invisible est naturel, secret, spontané, parfois poétique. Il peut prendre des formes variées : intuitions, rêves prémonitoires, synchronicités, dialogue avec un ange gardien ou présence protectrice d’un saint, d’une personne disparue… Les chemins vers la prescience d’un ailleurs, d’une possible proximité avec l’au-delà, sont innombrables » (Marie de Hennezel, Vivre avec l’invisible).

«La vie est encadrée par l’invisible, les anges vivent dans cet invisible. Et notre tâche à nous les hommes est de transformer le visible en invisible, d’imprimer en nous cette terre provisoire et caduque, si profondément, si douloureusement et passionnément que son essence resurgit invisiblement en nous. Nous sommes les abeilles de l’invisible. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l’accumuler dans la grande ruche d’or de l’Invisible. Butinons l’or du visible pour en faire la trame de l’invisible ! » (Stéphane Hessel traduisant librement les harmoniques du poète Rainer Maria Rilke, dans Les Élégies à Duino).

C’était son propre silence à lui

« La Forêt Merveilleuse, au temps de II-était-une-fois, était très calme. Et l’Ours pouvait entendre différentes sortes de silence. Il y avait le petit silence des feuilles et le profond silence de la terre et le vieux silence des arbres. Et il y avait un silence plus silencieux que tous les autres et plus difficile à repérer. C’était son propre silence à lui. L’Ours tendit l’oreille attentivement et suivit la musique de son propre silence jusqu’au cœur de la forêt » (Oren Lavie & Wolf Erlbruch, L’ours qui n’était pas là).

Croissance / croix-sens

« S’il vit, alors il pourra être présent dans ta vie, à chaque moment, pour la remplir de lumière. Il n’y aura ainsi plus jamais de solitude ni d’abandon. Même si tous s’en vont, lui sera là, comme il l’a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Il remplit tout de sa présence invisible, où que tu ailles il t’attendra. Car il n’est pas seulement venu, mais il vient et continuera à venir chaque jour pour t’inviter à marcher vers un horizon toujours nouveau » (Pape François, Christus vivit, exhortation apostolique, § 125).

Une musique éternelle produit à chaque fois une création nouvelle

« La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie » (Ludwig Van Beethoven).

« Écouter de grandes et belles harmonies, c’est comme un bain de l’esprit : cela purifie de toute souillure, de tout ce qui est mauvais, mesquin ; cela élève l’homme et le met en accord avec les plus nobles pensées dont il soit capable, et alors il sent clairement tout ce qu’il vaut, ou plutôt tout ce qu’il pourrait valoir » (Arthur Schopenhauer).

« La musique a cet avantage que chacun l’interprète à sa façon ; chacun peut s’imaginer qu’elle lui raconte sa propre histoire » (Victor Cherbuliez).

L’Éternel Aujourd’hui

Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère.
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit.
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre
Je n’ai rien qu’aujourd’hui !…

Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ?
Te prier pour demain, oh non, je ne le puis !…
Conserve mon cœur pur, couvre-moi de ton ombre
Rien que pour aujourd’hui.

Si je songe à demain, je crains mon inconstance
Je sens naître en mon cœur la tristesse et l’ennui.
Mais je veux bien, mon Dieu, l’épreuve, la souffrance
Rien que pour aujourd’hui.

Je dois te voir bientôt sur la rive éternelle
Ô Pilote Divin ! dont la main me conduit.
Sur les flots orageux guide en paix ma nacelle
Rien que pour aujourd’hui.

Ah ! laisse-moi, Seigneur, me cacher en ta Face.
Là je n’entendrai plus du monde le vain bruit
Donne-moi ton amour, conserve-moi ta grâce
Rien que pour aujourd’hui

Je volerai bientôt, pour dire tes louanges
Quand le jour sans couchant sur mon âme aura lui
Alors je chanterai sur la lyre des Anges
L’Éternel Aujourd’hui !…

(Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Mon chant d’aujourd’hui).