« J’aime beaucoup la Trinité, dans laquelle chaque personne est tournée vers l’Autre. La religion qui m’a été apprise est un mouvement qui sort de soi, penché vers l’autre » (Sœur Emmanuelle, avec laquelle j’ai vécu en 1985 au Caire, aidant les chiffonniers des bidonvilles, éboueurs de la ville, à se doter de maisons en dur. La photo ci-dessous est prise lors d’une de nos sorties au Canal de Suez, permettant à leurs enfants de découvrir la mer pour la première fois de leur vie).
‘Mordieu’, c’est jurer par la mort de Dieu. ‘Jarnibleu’ = « je renie Dieu! ».
Ce sont des blasphèmes qui ont rang de « péché mortel ». Car jurer par le Nom de Dieu, c’est enfreindre le troisième commandement du Décalogue.
Aussi, depuis des millénaires, beaucoup de jurons religieux s’arrangent pour dire sans dire, en évitant de prononcer directement les noms (jeu de oui / non). Exemple : La terminaison -bleu est un euphémisme qui évite de dire Dieu, et donc de blasphémer. Dire sacrebleu plutôt que sacré dieu, Scrogneugneu (ou sa forme ancienne sacrégnongnieu) plutôt que sacré nom de Dieu !
Dire Rrronteudjeu plutôt que Nom de dieu / crédieu / crébondieu… Dire ‘Jarnicoton’ plutôt que ‘Jarnibleu’ : Cotton, le confesseur d’Henri IV lui demandait de remplacer le blasphème ‘Jarnibleu’ (je renie Dieu) par ‘Jarnicoton’ (je renie Cotton), moins grave !
Et Georges Brassens de s’en donner à cœur joie : Voici la ronde des jurons Qui chantaient clair, qui dansaient rond, Quand les Gaulois de bon aloi Du franc-parler suivaient la loi, Jurant par-là, jurant par-ci, Jurant à langue raccourcie, Comme des grains de chapelet Les joyeux jurons défilaient : Tous les morbleu, Tous les ventrebleu, « par le ventre de Dieu! » Les sacrebleu et les cornegidouille, Ainsi, parbleu, Parbleu Par Dieu ! Que les jarnibleu Et les palsambleu, « par le sang de Dieu! » Tous les cristi, Les ventre saint-gris, Les par ma barbe et les nom d’une pipe, Ainsi, pardi, Que les sapristi Sapristi et sacristi Et les sacristi, Putain de Tabarnac ! Sans oublier les jarnicoton, Les scrogneugneu et les bigre et les bougre, Les saperlott’, les cré nom de nom, Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre, Tous les Bon Dieu, Tous les vertudieu, Les saperlott’, les cré nom de nom, Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre, Tous les Bon Dieu, Tous les vertudieu, Tonnerr’ de Brest et saperlipopette, Ainsi, pardieu, Que les jarnidieu Et les pasquedieu … (Le pornographe, 2, 1958).
« Apprends-moi l’art des petits pas. Je ne demande pas de miracles ni de visions, mais je demande la force pour le quotidien ! Rends-moi attentif et inventif pour saisir au bon moment les connaissances et expériences qui me touchent particulièrement. Affermis mes choix. Dans la répartition de mon temps, donne-moi de sentir ce qui est essentiel et ce qui est secondaire. Je demande la force, la maîtrise de soi et la mesure. Que je ne me laisse pas emporter par la vie, mais que j’organise avec sagesse le déroulement de la journée. Aide-moi à faire face aussi bien que possible à l’immédiat et à reconnaître l’heure présente comme la plus importante. Donne-moi de reconnaître avec lucidité que la vie s’accompagne de difficultés, d’échecs, qui sont occasions de croître et de mûrir. Fais de moi un homme capable de rejoindre ceux qui gisent au fond. Donne-moi non pas ce que je souhaite, mais ce dont j’ai besoin. Apprends-moi l’art des petits pas ! » (Antoine de Saint-Exupéry).
Pendant cet ‘Intensif QUI SUIS-JE’, je suis cet enfant tout joyeux de déballer son cadeau, comme à Noël. Surprise, à l’intérieur, encore un cadeau. Oui, mais il est plus petit ! Surprise, à l’intérieur, encore un cadeau. Et ainsi de suite… Devant les cadeaux de plus en plus petits, voici l’enfant déconfit…, jusqu’à la vérité toute simple que l’Amour infini EST le cadeau et qu’Il souhaite ne faire qu’UN avec moi. Il veut être tout en moi et moi tout en Lui. Il n’y a rien à déballer, sinon de me recevoir tout entier comme cadeau, en Le laissant être Cadeau en moi.
À mon premier Intensif, à la première dyade du troisième jour, j’étais cet enfant tout curieux de creuser là où la source jaillit, pour voir d’où elle vient. Et il avait beau creuser, le mystère du jaillissement se creusait avec lui, comme notre ombre qui nous suit fidèlement, simplement. J’étais proche de n’être plus qu’un avec la Source mais je restais là, dans l’apparente humilité de me sentir créature ; je ne suis pas Dieu… jusqu’à ce que jaillisse la générosité de Dieu qui ne demande pas mieux que d’être tout en moi et moi tout en lui. Le cadeau n’est rien d’autre que tout moi et tout Lui qui ne font plus qu’Un. Explosion de vie qui se communique partout en moi, jusque dans les moindres recoins, jusqu’aux cellules les plus lointaines aux bouts de mes extrémités. C’est dans cette prodigieuse simplicité-là que réside la véritable humilité de l’enfant tout confiant et tout réceptif au Don infini, qu’ont peine à concevoir les sages et les savants…
« À chaque instant, la porte peut s’ouvrir sur ton destin et, par les yeux de n’importe quel mendiant, il peut se faire que le ciel te regarde » (Christiane Singer).
« Le chemin ne mène pas vers une destination, il relie plus profondément à la Présence » (Jeff Foster).
« Être heureux n’est pas un destin, c’est une aventure pour ceux qui savent voyager dans leur propre être » (Pape François).
Au milieu des fausses rumeurs colportées, expérimenter que la tendresse va jusqu’à se mettre à genoux, pauvre et démuni, devant la liberté de l’autre. Devant les médisances et les calomnies, rester en silence ; ne pas ravaler ce qui mord le cœur, les souffrances ; plutôt faire et refaire le choix de les offrir à Jésus, dans la confiance, en se tenant au pied de la croix, soutenu par le Paraclet (Jn 14-18).
Faire l’étonnante expérience, encore et encore, que là où la blessure béante gît et saigne, mystérieusement, l’amour s’élargit et règne, plus fort encore que nos pourritures de mort.
« Vous avez porté, Vierge, digne princesse, Jésus dont le règne n’a ni fin ni cesse. Le Tout-Puissant, prenant notre faiblesse, laissa les cieux et vint vers notre détresse, offrir à la mort sa très chère jeunesse » (François Villon, que j’ai légèrement retouché).
Photo : Alicia Keys, dans une robe qui représente New York, créée par Ralph Lauren.
Dans ses lettres, Ignace de Loyola exprime que tout est donné par surcroît à qui reçoit comme bénédiction la rosée du ciel, réalise que Son amour vaut mieux que tout, choisit la confiance au cœur de ses inquiétudes, cherche d’abord le Royaume de Dieu et sa justice.
« Car moi, le Seigneur, je sais bien quels projets je forme pour vous ; et je vous l’affirme : ce ne sont pas des projets de malheur mais des projets de bonheur. Je veux vous donner un avenir à espérer » (Jérémie 29,11).