Ensoleillés de l’intérieur

La voix de Sr Agathe : une pépite tombée du Ciel :

RESTE AVEC NOUS, Ô SEIGNEUR,
QUAND LA NUIT VIENT.
QUE TA PAIX VIENNE EN NOS COEURS,
NE SOIS PAS LOIN.
Veille sur ceux que j’aime.
Garde-les en ta grâce.
Protège chacun de leurs pas.
Donne-leur ta paix, ta joie.
Préserve ton serviteur,
de l’orgueil qui détruit.
Que je reste petit, même dans le bonheur.

La confiance du cœur au commencement de tout

Si la confiance du cœur était au commencement de tout,
si elle précédait toute démarche, petite ou grande…
tu irais loin, très loin.
Tu percevrais les évènements et les personnes
non pas avec cette inquiétude
qui t’isole et ne vient jamais de Dieu
mais à partir d’un regard intérieur de Paix.
Du coup, tu deviendrais un ferment de confiance
jusque dans les déserts de la famille humaine,
là même où elle se déchire » (Frère Roger, de Taizé).

« Tu te demandes parfois :
où sont les sources d’une vie intérieure ?
Heureux qui chemine non par la vue,
mais par la confiance de la foi.
Quand, dans ta nuit, tu descends aux sources,
la soif d’une confiance t’éclaire au-dedans.
Et tu voudrais dire au Ressuscité :
« Écoute, écoute ma prière d’enfant ;
donne-moi de tout te remettre à tout moment ;
que je me réjouisse de ta continuelle présence » » (Frère Roger, de Taizé)

Patate !

« La trompette a sonné. Des tombes entr’ouvertes
Les pâles habitants ont tout à coup frémi.
Ils se lèvent, laissant ces demeures désertes
Où dans l’ombre et la paix leur poussière a dormi.
Quelgues morts cependant sont restés immobiles ;
Ils ont tout entendu, mais le divin clairon
Ni l’ange qui les presse à ces derniers asiles
Ne les arracheront.

« Quoi ! renaître ! revoir le ciel et la lumière,
Ces témoins d’un malheur qui n’est point oublié,
Eux qui sur nos douleurs et sur notre misère
Ont souri sans pitié !

Non, non ! Plutôt la Nuit, la Nuit sombre, éternelle !
Fille du vieux Chaos, garde-nous sous ton aile.
Et toi, sœur du Sommeil, toi qui nous as bercés,
Mort, ne nous livre pas ; contre ton sein fidèle
Tiens-nous bien embrassés.

Ah! l’heure où tu parus est à jamais bénie ;
Sur notre front meurtri, que ton baiser fut doux !
Quand tout nous rejetait, le néant et la vie,
Tes bras compatissants, ô notre unique amie !
Se sont ouverts pour nous.

Nous arrivions à toi, venant d’un long voyage,
Battus par tous les vents, haletants, harassés.
L’Espérance elle-même, au plus fort de l’orage,
Nous avait délaissés.

Nous n’avions rencontré que désespoir et doute,
Perdus parmi les flots d’un monde indifférent ;
Où d’autres s’arrêtaient enchantés sur la route,
Nous errions en pleurant.

Près de nous la Jeunesse a passé, les mains vides,
Sans nous avoir fêtés, sans nous avoir souri.
Les sources de l’amour sous nos lèvres avides,
Comme une eau fugitive, au printemps, ont tari.
Dans nos sentiers brûlés, pas une fleur ouverte.
Si, pour aider nos pas, quelque soutien chéri
Parfois s’offrait à nous sur la route déserte,
Lorsque nous les touchions, nos appuis se brisaient :
Tout devenait roseau quand nos cœurs s’y posaient.
Au gouffre que pour nous creusait la Destinée
Une invisible main nous poussait acharnée.
Comme un bourreau, craignant de nous voir échapper,
À nos côtés marchait le Malheur inflexible.
Nous portions une plaie à chaque endroit sensible,
Et l’aveugle Hasard savait où nous frapper.

Peut-être aurions-nous droit aux célestes délices ;
Non ! ce n’est point à nous de redouter l’enfer,
Car nos fautes n’ont pas mérité de supplices :
Si nous avons failli, nous avons tant souffert !
Eh bien, nous renonçons même à cette espérance
D’entrer dans ton royaume et de voir tes splendeurs,
Seigneur ! nous refusons jusqu’à ta récompense,
Et nous ne voulons pas du prix de nos douleurs.

Nous le savons, tu peux donner encor des ailes
Aux âmes qui ployaient sous un fardeau trop lourd ;
Tu peux, lorsqu’il te plaît, loin des sphères mortelles,
Les élever à toi dans la grâce et l’amour ;
Tu peux, parmi les chœurs qui chantent tes louanges,
A tes pieds, sous tes yeux, nous mettre au premier rang,
Nous faire couronner par la main de tes anges,
Nous revêtir de gloire en nous transfigurant.
Tu peux nous pénétrer d’une vigueur nouvelle,
Nous rendre le désir que nous avions perdu…
Oui, mais le Souvenir, cette ronce immortelle
Attachée à nos cœurs, l’en arracheras-tu ?

Quand de tes chérubins la phalange sacrée
Nous saluerait élus en ouvrant les saints lieux,
Nous leur crierions bientôt d’une voix éplorée :
« Nous élus ? nous heureux ? Mais regardez nos yeux !
Les pleurs y sont encor, pleurs amers, pleurs sans nombre.
Ah ! quoi que vous fassiez, ce voile épais et sombre
Nous obscurcit vos cieux. »

Contre leur gré pourquoi ranimer nos poussières ?
Que t’en reviendra-t-il ? et que t’ont-elles fait ?
Tes dons mêmes, après tant d’horribles misères,
Ne sont plus un bienfait.

Au ! tu frappas trop fort en ta fureur cruelle.
Tu l’entends, tu le vois ! la Souffrance a vaincu.
Dans un sommeil sans fin, ô puissance éternelle !
Laisse-nous oublier que nous avons vécu »
(Louise Ackermann, Les Malheureux).

Prendre soin de nos fragilités

Quant à ma colère d’être injustement présenté,
le système en place lui a retiré les droits de Cité. 
Cela ne me retire pas le droit de la citer. 
Ne passons pas à côté de nos appels à maturité.
Relevons ensemble nos défis d’humanité,
même plus : d’amour en vérité,
d’accueil humble de nos pauvretés,
sans s’accuser,
jusqu’à connecter
nos vulnérabilités.

Image : un vieux chêne de 800 ans.

Passage de l’amor, de la mort

« Quelqu’un meurt, et c’est comme des pas qui s’arrêtent.
Mais si c’était un départ pour un nouveau voyage ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un arbre qui tombe.
Mais si c’était une graine germant dans une terre nouvelle ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme une porte qui claque.
Mais si c’était un passage s’ouvrant sur d’autres paysages ?

Quelqu’un meurt, et c’est comme un silence qui hurle.
Mais s’il nous aidait à entendre la fragile musique de la vie ? »
(Benoît Marchon, L’arbre et la graine).

La mort, l’âme hors

« La mort n’est rien,
je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.
N’employez pas un ton différent,
ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées,
simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin »
(Henry Scott-Holland).