« « C’est quoi l’herbe ? », m’a posé la question un enfant, les mains pleines de touffes. Qu’allais-je lui répondre ? Je ne sais pas davantage que lui. Peut-être que c’est le drapeau de mon humeur, tissé d’un tissu vert espoir. Peut-être que c’est le mouchoir de Notre Seigneur, laissé sciemment à terre par lui, cadeau parfumé pour notre mémoire, portant la marque de son propriétaire, dans un coin, bien visible, pour que nous demandions « À qui est-ce ? ».
Ou bien l’herbe, qui sait, est peut-être aussi une enfant, la toute dernière-née de la végétation ? Ou bien, pourquoi pas, une livrée hiéroglyphique, qui veut dire : « je pousse indifféremment partout, zones larges ou étroites, je pousse aussi bien chez les Noirs que chez les Blancs, Kamuck, Tuckahoe, Congressistes, Cuff, tout le monde aura la même chose, tout le monde y a droit sans distinction. »
Et puis je me dis, tout à coup, que c’est peut-être la splendide et folle chevelure des tombes. En moi, un caresseur de vie où qu’elle bouge, où qu’elle vire, avant, arrière, attentif aux coins reculés, secondaires, ne faisant l’impasse sur personne, sur rien, absorbant tout, très au fond de moi, pour mon chant » (Walt Whitman).
« Une rose a pleuré sous les coups de midi, une rose empourprée par des hontes à maudire. Et moi, j’ai recueilli toutes ses larmes pour les ciseler en sourires, pour voir de nouveaux printemps dans les massifs de son désir. Oui, j’ai attrapé tant de soleils juste pour sécher ses joues parce que, dans le fond de sa peine, je ne savais plus comment rire ! Je les ai bues à même ses yeux pour y noyer tous mes ‘Je t’aime’. Il fallait remettre la rose dans les jardins de l’Eden » (Joel Grenier).
« Si l’enfance existe encore en vous, gardez-la. Il est peu croyable qu’il vous en reste assez pour vous aider à vivre, mais ça vous servira sûrement pour mourir » (Georges Bernanos).
« Un mistigri couleur de charbon trottait sur la balustrade, à la recherche d’une bonne fortune dotée de grandes oreilles roses et d’une queue de rat » (Frédéric Lenormand, Le diable s’habille en Voltaire, Éditions Jean-Claude Lattès, 2013).
Une maison sans mistigri, serait-ce comme un moine sans sa bure ou un Basque sans son béret ?
Relire sa vie (inspiré par St Ignace, Exercices Spirituels, n° 43).
1) Sors vers toi, c-à-d entre en prière ! Arrête ton moulin : juste être, avec le silence qui est Présence, dans la joie de respirer, d’être traversé par le souffle de la Vie. Rejoindre l’Hôte intérieur, qui t’attend sur le rivage, t’installer sur ce bord de l’eau, d’où tu vois défiler tes soucis, d’où tu les laisses filer (suggestion d’Anthony de Mello).
2) Dis merci à la source de la Vie pour ses cadeaux, émerveille-toi de chaque chose que tu reçois gratuitement à chaque instant, en commençant par l’air, la lumière, la mer, la terre nourricière…
3) Relis tes vécus du jour pour y lire les clins d’yeux d’Dieu, comment Il t’a fait signe aujourd’hui ! Cherche et trouve-Le en toutes choses. Demande son Esprit pour ouvrir ta vie à son amour et à sa miséricorde.
4) Parle d’ami à ami avec Celui qui te précède sur le rivage de Galilée. Écoute-le te suggérer comment repartir, en alliance.
Une relecture suivie d’une autre et d’une autre, jour après jour : tu relis et tu relies les perles du collier, celles de ton histoire sainte.
Merci, grand frère Ignace, de nous inspirer. Oui, « ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui satisfait et rassasie l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement. »
Amie / Âme-mie, voici ce qui est monté en moi, après que toi et moi avons zieveré (*) sur la Providence !
(*) NB pour qui n’est point familier de notre belgitude : « Zieverer » (prononcer [zîveré]) vient du flamand et signifie : blablater, débiter des bêtises. Un Flandricisme ou un Flandrisme est un trait linguistique du français de Belgique et du patois du nord de la France emprunté au flamand / néerlandais de Belgique (ou parfois au Bruxellois). C’est le même mécanisme linguistique qu’un anglicisme du style « Let’s go » dans une conversation française ou « bon appétit » dans une conversation anglaise.
Quelques exemples de notre belgitude sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Flandricisme.
« Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient UN comme nous sommes UN » (Jean 17,21-22).
« Et nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande dans le Seigneur, qui est Esprit » (2 Co 3,18) : l’appel de Dieu à la sainteté nous fait aller de gloire en gloire…
« Chers frères et sœurs, rendons grâce à Dieu pour les merveilles qu’il a accomplies dans les saints, dans lesquels resplendit sa gloire. Laissons-nous attirer par leurs exemples, laissons-nous guider par leurs enseignements, afin que toute notre existence devienne comme la leur un cantique de louange à la gloire de la Très sainte Trinité » (Benoît XVI).
« La mort n’est pas une fin, elle peut-être un commencement, une naissance ou un voyage » (Marguerite Yourcenar, Le mystère d’Alceste).
« Il n’y a rien de plus significatif que la Mort, soit qu’elle ferme l’horizon de l’homme, soit qu’elle le rouvre » (Edmond Thiaudière, La soif du juste).
« Prendre appui sur ce qui nous enferme pour devenir libre ! » (Coline Billen, proposant des exercices physiques de conscience corporelle, qui font vivre cela).