La Pentecôte bouclant la Tour de Babel, Opéra en trois actes : 1) l’uniformisation à la manière de toutes les Pax impériales, avec leurs estafettes commerciales (de type Mc Donald), pour se faire un nom de gloire ; 2) le non du Dieu de la Bible à ces conquêtes impériales, dominatrices, orgueilleusement uniformisantes ; 3) l’accueil de la différence jusqu’à l’unité sans uniformité.
« Depuis la nuit des temps, l’histoire de Babel se répète. La course à la tour la plus haute du monde que gagnent en ce moment les pays arabes rappelle à la vieille Europe ses guerres de clochers au Moyen-âge : la compétition faisait rage entre les familles les plus riches de la Cité : c’était à qui construirait la tour la plus haute et la plus belle. La technologie est alors au service d’une politique de puissance. Le Dieu de la Bible dit non à ce nom-là. La Pentecôte est l’anti-Babel. La Pentecôte, c’est le récit d’une nouvelle création, d’une nouvelle convivialité, d’une nouvelle aurore de l’humanité. L’Esprit Saint crée la communion dans la différence » (extrait de mon livre La non-violence évangélique et le défi de la sortie de la violence, p. 205).
Merci pour chaque être humain qui, dans ses moments privilégiés, se révèle être de lumière.
Vivent ces langues de feu qui éclairent la nuit…
Puisque le Christ a pris l’Ascension pour monter, l’Esprit Saint prend l’ascenseur pour descendre la pente-côte ?…
Bonne montée et bonne descente à chacun.e, à leurs côtés… Bonne pente et bonne côte !
Fêtant ses cent ans, le MIR (Mouvement International de la Réconciliation) en France organise un colloque à Paris les 9 et 10 juin. Il m’a été demandé d’y prendre la parole à propos de « Jean Goss (1912-1991) et Hildegard Goss-Mayr, au service de la non-violence évangélique active : engagement, impact et influence ».
« Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair » (Ézéchiel 36,26).
Le livre des Proverbes (31,10-31) offre un poème en acrostiches (l’alphabet hébreu défile par la première lettre de chaque verset) : 10 Aleph — Une femme de valeur est une véritable trouvaille ! Sa valeur est plus grande que celle des perles. 11 Beth — Son mari peut lui faire confiance : il ne manquera pas de ressource. 12 Gimel — Elle fait son bonheur, et non pas sa ruine, tous les jours de sa vie. 13 Daleth — Elle sait choisir la laine et le lin, et ses mains travaillent volontiers. 14 Hé — Pareille aux navires marchands, elle est comme les navires marchands, faisant venir ses vivres de très loin. 15 Waw — Elle se lève avant le jour, prépare le repas de sa famille et distribue à ses servantes leur travail. 16 Zaïn — Après avoir bien réfléchi, elle achète un champ et plante une vigne grâce à l’argent qu’elle a gagné. 17 Heth — Elle rayonne de force et retrousse ses manches ! 18 Teth — Elle s’assure de la bonne marche des affaires, sa lampe ne s’éteint pas de la nuit. 19 Yod — Ses mains s’activent à filer la laine, ses doigts à tisser des vêtements. 20 Kaph — Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. 21 Lamed — Elle ne craint pas la neige pour sa maisonnée, car tous les siens ont des vêtements doublés. 22 Mem — Elle s’est fait des couvertures, des vêtements de pourpre et de lin fin. 23 Noun — Aux portes de la ville, on reconnaît son mari siégeant parmi les anciens du pays. 24 Samek — Elle confectionne des vêtements et les vend, elle livre des ceintures au marchand qui passe. 25 Aïn — La force et la dignité sont sa parure, elle sourit en pensant à l’avenir. 26 Pé — Elle s’exprime avec sagesse, elle sait donner des conseils avec bonté. 27 Çadé — Attentive à la marche de sa maison, elle ne mange pas le pain de l’oisiveté. 28 Qoph — Ses enfants viennent la féliciter. Son mari chante ses louanges. 29 Resh — « Bien des femmes se montrent de valeur, disent-ils, mais toi, tu les surpasses toutes ! » 30 Shine — Le charme est trompeur, la beauté est passagère ; seule une femme qui reconnaît l’autorité du Seigneur est digne d’éloges. 31 Taw — Que l’on récompense son travail ! Que l’on chante ses mérites aux portes de la ville !
Ce poème a été lu à si bon escient à l’enterrement de ma chère marraine, Monique Jamar. Ses funérailles ont été de bout en bout des moments de grâce pour moi. J’ai eu comme des flashs d’être bercé par elle. Elle a si bien pris soin de moi, tout-petit, elle et son mari, et ses 5 enfants, tous plus grands que moi, à une période où Maman n’allait pas bien (revenant seule avc moi du Rwanda pour se faire soigner, elle m’a déposé chez eux plus d’1 semaine. Je ne marchais pas encore).
A la fin de la messe, le curé congolais (un de mes anciens étudiants) a lancé : avant que la famille ne rende hommage à Monique, y a-t-il quelqu’un qui souhaite s’exprimer ? J’ai senti que j’avais à dire merci et je me suis levé sans réfléchir, sans rien avoir préparé…
Et j’ai dit, entre les larmes, qq ch comme :
Marraine, tu as été un des plus beaux cadeaux que j’ai reçu. J’étais tout petit et tu as pris soin de moi, en maman douce et délicate. À chacun de mes séjours dans la famille, où chacun.e m’a si bien accueilli, tu as été pour moi une maman qui m’a fait respirer des parfums de douceur que je n’avais jamais respirés ; tu m’as fait vivre des chants / champs d’amour que je n’avais jamais expérimentés. Dans ta manière de me bercer et de me chanter la vie, tu as été une maman si précieuse pour le tout-petit d’homme que j’étais. Tu m’as engendré à la vie, à la manière si simple et si sacrée de tes grâces. Merci, de toujours à toujours, ma reine.
« On peut se passer de religion mais pas de communion, ni de fidélité, ni d’amour » (André Comte-Sponville, L’esprit de l’athéisme. Introduction à une spiritualité sans Dieu, Albin Michel, 2006, p. 77).
« Faut-il des religions pour édifier une humanité digne, pacifiée, joyeuse et sensée ? Non, ce n’est pas nécessaire. [… Juste que la foi] est une participation à l’engendrement à la vie de Dieu. C’est de surcroît, gracieusement, que les saveurs de l’Évangile viennent se greffer sur l’humanisation pour transfigurer l’existence et la remplir de motifs supplémentaires de gratitude, d’engagement et de joie. [… Just wow quand nous vivons nos] valeurs à la lumière transfigurante de l’Évangile » (extraits légèrement modifiés tirés de André Fossion, Dieu désirable. Proposition de la foi et initiation, Lumen Vitae, 2010, à des endroits éparses).
Tu as ouvert les cœurs-esprits, on t’a fermé la bouche. Et tu as donné ton Esprit qui a ouvert nos bouches ! Toi dont on a frappé la joue, tu tendis l’autre joue = tu n’as pas répondu à la violence par la violence ; tu y as répondu par une surprise qui nous a tous fait sortir par le haut de ce guêpier mortel. Merci de tenir bon dans nos enfers embêtant, en fer en béton. Gratte, titube… jusqu’à gratitude !
« Quand Dieu se fait homme ça va loin, ma sœur, mon frère, masseur,…, ça va très loin. Ça commence par le grain jeté en terre et la grappe qui mûrit au soleil mais ça finit par du grain broyé et du raisin pressé pour devenir pain et vin » (dixit mon collègue s.j. Xavier Dijon). Les étincelles de les consommer et ça finit en étain-selles. Vie et mort : avec Lui, tout est or et rien n’est hors / tort. Même nos selles valent de l’or pour le grain jeté en terre, pour la semence qui recommence ! Dieu jaillit, même à la toilette, lieu qui peut, lui aussi, être éclaboussé par les étincelles du Ressuscité, non ?…
L’œuf est un symbole universel du cycle de la vie. Il y a 5 millénaires déjà, les Chinois s’offraient des œufs peints, à l’arrivée du printemps. Chez les Juifs, l’œuf dur fait partie du repas de deuil et du seder de la Pâque. Dans nos contrées, à l’époque où les chrétiens ne mangeaient pas de viande ni d’œuf pendant le carême, les poules continuant à pondre, on accumulait de grandes quantités d’œufs. De quoi, le dimanche de Pâques, cuire, décorer, bénir dans l’église puis offrir autour de soi : une manière de célébrer la joie de recevoir la vie nouvelle ensemble !
Dans des pays comme l’Angleterre et l’Allemagne, les enfants ont la tradition à Pâques de faire rouler les œufs jusqu’au bas de la colline. Dans des pays de tradition orthodoxe, après la célébration du Samedi saint, deux par deux, munis d’œufs par d’œufs décorés, démuni, on frappe son œuf contre celui de l’autre. Chance bénie pour qui parvient à garder son œuf intact… Version entrechoquante revisitée dans l’image ci-dessous (dont je ne connais pas le dessinateur)…
Miracle de l’œuf : une matière inanimée apparemment morte (du blanc et du jaune inertes sous coquille), alors qu’à l’intérieur, à vrai dire, une nouvelle vie prend forme, jusqu’à la surprise de cette vie nouvelle qui parvient à éclore ! Miracle qui a de quoi alimenter de nombreux mythes autour de la création et de l’origine du monde… La forme ovale de l’œuf pointe vers l’infini. Et puis, l’œuf qui aurait précédé la première poule représente avec elle (dont il est l’intime et incontournable partenaire) la renaissance et la régénération du cycle de la vie.
Amazing miracle…
Illustration : Léda et le cygne, œuvre esquissée en 1506 par Léonard de Vinci et reprise à droite par Francesco Melzi.
« Jésus ne cherche pas à avoir la paix mais à faire la paix. Il n’est pas mort dans son lit, n’ayant pas démissionné de son témoignage à la Vérité, de cette « parole de vérité, puissance de Dieu, armes offensives et défensives de la justice » (2 Co 6,7). « Celui qui vit en vérité vient à la lumière et provoque l’hostilité de ceux qui sont dans les ténèbres » (Jn 3,19-21).
Jésus se bat pour la justice du Royaume qui vient, il regarde les enjeux au-delà des urgences immédiates. C’est par une stratégie de long terme qu’il a opéré une révolution sociale. Il a sapé les fondements même de la domination des uns sur les autres, de l’esclavage, de l’oppression politique et économique. Le ferment de l’évangile a mis quelques générations pour subvertir l’Empire romain mais il le fit ! Et il n’a pas fini d’enfanter un nouveau monde » (Chomé Étienne, Jésus est doux ET ferme ET pugnace. Qu’est-ce à dire ?, dans Paraboles, n° 80, septembre 2014, p. 9).
Pour lire l’article complet, qui montre qu’il n’est pas que pugnace, en même temps doux et ferme :