Descendre du linge et du singe ?

Un jour, une petite fille demande à sa mère :

— Dis maman, comment ils sont nés les tout premiers parents ?

— Eh bien, lui répond sa maman, c’est Dieu qui a créé les premiers parents humains, Adam et Ève. Adam et Ève ont eu des enfants qui plus tard sont devenus parents à leur tour et ainsi de suite. C’est ainsi que s’est formée la famille humaine…

Deux jours plus tard, la fillette pose la même question à son père. Celui-ci lui répond :

— Tu vois, il y a des millions d’années, les singes ont évolué lentement jusqu’à devenir les êtres humains que nous sommes aujourd’hui. La petite fille toute perplexe retourne aussitôt voir sa mère.

— Maman, comment c’est possible que tu me dises que les premiers parents ont été créés par Dieu et que Papa me dise que c’était des singes qui ont évolué ?

La mère lui répond avec un sourire :

— C’est très simple ma chérie, moi je t’ai parlé de ma famille

et ton père te parlait de la sienne.

Sens du shabbat

Shabbat signifie « cesser ». Le Shabbat est bien plus qu’un repos, en mémoire du repos divin, le 7ème jour de la création ; c’est une rupture radicale avec tout ce qui nous accapare la semaine : les Juifs arrêtent le téléphone, l’internet, la TV ! Ils se libèrent de tous leurs engrenages quotidiens… Un vide pour mettre au premier plan l’essentiel et avoir le courage de dire « Assez ! » à tout le reste… Un espace privilégié pour prendre le temps de recevoir les inspirations de la semaine à venir.

Inspirant pour les chrétiens le dimanche ? + pour toute personne connectée à la Source ?

« Même si notre âme est angoissée, même si nos gorges serrées ne laissent s’élever aucune prière, le pur et silencieux repos du Shabbath nous mène vers un royaume de paix infinie, au seuil de l’éternité. Il est peu d’idées au monde chargées d’autant de force spirituelle que l’idée du Shabbath. Dans bien des siècles, lorsque de toutes nos théories ne subsisteront même plus les traces, la splendeur du Shabbath illuminera encore l’Univers » (Abraham Heschel, Les Bâtisseurs du temps).

Pour que ou parce que ?

Dans un mouvement de religiosité spontanée, les êtres humains produisent de la religion : ils font divers sacrifices aux dieux pour que ceux-ci les protègent, leur donnent sécurité, santé, richesses, prospérité, etc.
 
Dans la Révélation biblique, c’est l’inverse : Dieu vient toucher le cœur et la conscience d’une personne pour l’appeler à cheminer ensemble et à vivre une aventure à ses côtés. Le Dieu biblique n’offre pas la tranquillité, Il met la personne en route, Il lui envoie un Souffle qui gonfle généreusement ses voiles mais qui peut gonfler ses boules car les appels divins à la  mission font éclater ses sécurités et ses conforts… au point que bien des personnes ferment leurs oreilles, yeux, cœur ; au point que des prophètes dans la Bible fuient Dieu (cf. Jonas envoyé à Ninive et qui n’en veut pas).
 
Nos projections de religiosité spontanée :
je fais des sacrifices
pour que Dieu fasse attention
et me donne des faveurs.
Les injections de l’Esprit (Révélation en cours) :
j’accepte de me sacrifier
parce que Dieu me comble de son amour
et m’envoie en mission ! Mais parfois, Il me
les gonfle : à me prier de perdre ma vie ainsi…
 
Pour creuser : https://etiennechome.site/pour-que-dieu-maime-ou-parce-quil-maime/

« Ce qui me permet de suivre aujourd’hui Jésus comme un Maître, c’est précisément qu’il ne promet pas l’évitement du risque.
C’est ce crédit qu’il accorde au réel, sa plongée inconditionnelle dans la complexité du monde et de l’âme humaine, sans tenter de nous y soustraire, de la résoudre ou de la contourner.
Voilà les seules paroles qui puissent me toucher, me rejoindre.
Vivre la paix d’une bénédiction originelle pour ne pas céder aux
tranquillités qui nous privent de la grâce de savoir être dérangés »
(Marion Muller-Colard, L’intranquillité).

« Fâchée avec mon Dieu imaginaire qui avait rompu sans préavis mon contrat inconscient de protection, je manquais de secours spirituel. Je ne trouvais pas de prière qui puisse être autre chose qu’une immense contradiction, une négociation régressive avec la peau morte d’un Dieu qui ne tenait pas.

Pourtant, lorsque je caressais, du bout des doigts, le visage bleu et enflé de cet enfant presque étranger, dans le roulis devenu rassurant de l’oxygène qui lui parvenait machinalement, j’étais parfois saisie par une sérénité démente. Il arrive que l’impuissance ouvre sur des paysages singuliers.

La détresse m’avait dilatée et, en quelque sorte, elle avait élargi ma surface d’échange avec la vie. Et près de ce petit corps, se superposait à ma supplication muette pour qu’il vive, la conviction profonde que, ‘quoi qu’il arrive’, ce qui était incroyable et sublime, c’était qu’il fût né. Et que cela, jamais, ne pourrait être retiré à quiconque. Ni à lui, ni à moi, ni au monde, ni à l’histoire.

Je mis du temps à comprendre que cette clairvoyance fulgurante était peut-être la première véritable prière de ma vie.

[…] En dépit des relents de superstition qui me saisissent parfois, en dépit de mon petit négoce intérieur qui n’en finira jamais tout à fait de marchander avec un Dieu imaginaire, j’ai entrevu un Autre Dieu qui ne se porte pas garant de ma sécurité, mais de la pugnacité du vivant à laquelle il m’invite à participer. » (Marion Muller-Colard, L’autre Dieu).

Christos Chrestos

Dans sa « Vie de Claude », Suétone cite Χρηστός pour le Christ. Il confond χρηστός et χριστός (christos, qui signifie l’oint et même, littéralement « le graisseux » ; ce terme est choisi par les juifs hellénisés pour traduire le mot hébreu meshiah). Par contre, le premier terme χρηστός (chrestos) est encore aujourd’hui un prénom grec, qui signifie littéralement « bon, vertueux, excellent », utilisé par exemple dans « mon bon ami ». Les deux termes sont très souvent confondus.

Témoignage : « je m’appelle Χρήστος et quand je me gourais en écrivant mon nom avec un iota (Χρίστος), ma marraine me reprenait chaque fois, en disant « Χρήστος » et non « Χρίστος » qui est réservé au Messie ». Plus de précisions : http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=20009

Le Souffle créateur

La cinquième lettre de l’alphabet hébreu est ‘ה’ (se prononce /hɛ/).
Dans la Bible, ‘ה’ correspond au Souffle créateur. Cette lettre se
trouve deux fois dans ‘יהוה’ (YHWH = le tétragramme par lequel
le texte biblique pointe vers Dieu). Le seul être humain qui a
l’honneur (la force de vie) de porter aussi ce double ה, c’est חַוָּה = Ève.
Son nom signifie « dispensatrice de vie ». C’est par elle que Dieu
engendre les humains et c’est elle qui a
la vocation de leur faire reconnaître Dieu.

En hébreu, Adam est le terreux (Adama = la terre). Le sens donc, c’est qu’Ève, la vie (porteuse doublement deה , le souffle divin), féconde Adam et ensemence Adama, la terre. À deux, ils sèment la vie sur la terre, premiers parents d’une multitude : « Fructifiez ! Multipliez ! Remplissez la terre et cultivez-la ! » (Genèse 1,28). En hébreu, on fait tout de suite le lien entre « semence humaine » et « semence agricole ». Tout est ensemencé sous l’effet du souffle divin…

Et c’est ce fameux ‘ה’ que Dieu ajoute aux noms d’Abram et Saraï.
« Désormais, ton nom ne sera plus Abram (Père éminent),
mais AbraHam (Père d’une multitude), car je ferai de toi
le père d’une multitude de peuples » (Genèse 17,5).
« Saraï, ta femme, tu ne l’appelleras plus du nom de Saraï
car son nom est SaraH » (Genèse 17,15).
Dans la Bible, Dieu crée en nommant. Sa parole est performative :
« Dieu dit : “Que la lumière soit !” Et la lumière fut » (Gn 1,3).
Et quand il change le nom de quelqu’un, cela signifie qu’il l’invite
à une nouvelle vocation. Saraï (= ma princesse ; point de vue
d’Abram) est reconnue dans son essence :שָׂרָה , SaraH
(= princesse / noble dame, sans l’adjectif possessif),
qui devient la mère, la reine d’une multitude de nations,
une fois en couple avec AbraHam.

L’ajout du ה , H dans leurs noms n’est pas mince : AbraHam et SaraH,
enrichis ensemble par ces deux H, disent que homme et femme
ensemble sont à l’image de יהוה / JHVH.

Le couple SaraH-AbraHam est appelé à une mission commune de
porter la vie, sans fusion : Dieu enseigne à Abram que « sa » princesse
est appelée à ne pas lui appartenir… Elle est pour tous et porteuse de
la Vie divine, dans l’Histoire du salut/recréation ; Dieu donne un ordre
à Abraham : « Écoute tout ce que Sarah te dira, car c’est par Isaac
qu’une descendance portera ton nom » (Gn 21,12). Dans la Bible,
l’homme n’est pas supérieur à la femme,
des entrailles de laquelle il est sorti !

Vivent toutes les Ève, Sarah et nobles dames / nobles d’âme !

Le véritable amour ne possède pas, il se donne

« Une personne amoureuse devient généreuse, aime faire des cadeaux, écrit des lettres et des poèmes. Elle cesse de ne penser qu’à elle-même pour se projeter entièrement vers l’autre, que c’est beau ! Et si vous demandez à une personne amoureuse : « pour quel motif tu aimes ? », elle ne trouvera pas de réponse : à bien des égards, son amour est inconditionnel, sans aucune raison. Patience si cet amour si puissant, est aussi un peu « naïf » : l’amoureux ne connaît pas « vraiment » le visage de l’autre, il a tendance à l’idéaliser, il est prêt à faire des promesses dont il ne saisit pas immédiatement le poids… Ce « jardin » où se multiplient ces merveilles n’est pourtant pas à l’abri du Mal : il est souillé par le démon de la luxure, et ce vice est particulièrement odieux, pour au moins deux raisons. 1) Il dévaste les relations entre les personnes. Combien de relations qui avaient commencé dans les meilleures conditions se sont transformées en relations toxiques, de possession de l’autre, de manque de respect et du sens de limite ? Ce sont des amours où ‘la chasteté’ a fait défaut : une vertu qu’il ne faut pas confondre avec ‘l’abstinence sexuelle’ – la chasteté est « plus » que l’abstinence sexuelle –, elle doit plutôt être reliée avec la volonté de ne jamais « posséder » l’autre. Aimer, c’est respecter l’autre, rechercher son bonheur, cultiver l’empathie pour ses sentiments, se disposer à la connaissance d’un corps, d’une psychologie et d’une âme qui ne sont pas les nôtres et qui doivent être contemplés pour la beauté qu’ils portent. Aimer c’est cela, et c’est beau l’amour. 2) De tous les plaisirs humains, la sexualité a une voix puissante. Elle met en jeu tous les sens, elle habite à la fois le corps et la psyché, et c’est très beau, mais si elle n’est pas disciplinée avec patience, si elle n’est pas inscrite dans une relation et dans une histoire où deux individus la transforment en danse amoureuse, elle se transforme en une chaîne qui prive l’homme de sa liberté. Nous devons défendre l’amour, l’amour du cœur, de l’esprit, du corps, l’amour pur dans le don de soi, l’un à l’autre. Et c’est cela la beauté de la relation sexuelle. Gagner la bataille contre la luxure, contre la « chosification » de l’autre, peut être l’affaire de toute une vie. Mais le prix de cette bataille est absolument le plus important de tous, car il s’agit de préserver cette beauté que Dieu a inscrite dans sa création lorsqu’il a imaginé l’amour entre l’homme et la femme, qui n’est pas pour s’utiliser l’un, l’autre, mais pour s’aimer. Cette beauté qui nous fait croire que construire une histoire ensemble vaut mieux que partir à l’aventure – il y a tant de Don Juan ! –, cultiver la tendresse vaut mieux que céder au démon de la possession – le véritable amour ne possède pas, il se donne –, servir vaut mieux que conquérir. Car s’il n’y a pas d’amour, la vie est une triste solitude. Merci » (Pape François, extraits de l’Audience Générale du 17 janvier 2024, sur Th 4, 3-5).

Des si déments, décidément

« Mais il n’y aura pas pour toujours des ténèbres sur ce pays envahi par l’angoisse… Le peuple qui vivait dans les ténèbres verra briller une grande lumière… » (Isaïe 8,23 ; 9,1).

« La Parole est faite chair et la lumière de Dieu vient briller dans les ténèbres de notre humanité » (Isaïe 9,5-6 ; Jean 1,1-5).

Passages bibliques cités par Augustin Nkundabashaka dans le Bulletin de Noël 2023 du M.I.R.-France (branche française du Mouvement International de la Réconciliation), qui présente le travail de plusieurs des personnes avec qui je collabore étroitement :

cf. le bulletin de Noël du M.I.R.

L’épiphanie d’une nouvelle royauté

La « galette des rois » est une tradition bien vivante chez nous :
le premier dimanche de janvier, pour l’Épiphanie, on “tire les rois”
en famille. Cette année, nous avons la joie de vivre cette tradition
avec des Mauriciens qui ne connaissent rien de cette tradition.
Alors, je la raconte ici.

Le clou de la fête est au dessert, autour de la galette à frangipane
(en forme de couronne) qui a été cuite pour l’occasion avec,
en son sein, une fève cachée : aussitôt que la personne
dont la part de gâteau contient la fève la découvre,
elle est reconnue reine/roi et elle choisit qui sera
roi/reine avec elle, pour toute la journée.
Et on leur met une couronne royale dorée sur la tête.
Au moment de la découpe de la galette, comme tous prennent
un malin plaisir à repérer dans quelle part se trouve la fève,
la personne la plus jeune d’entre nous est envoyée sous la table
pour être la voix innocente : la maîtresse de maison pointe une
part de gâteau en lui demandant à qui attribuer cette part…

Cette fête existait avant le christianisme. Après le solstice d’hiver,
les Romains fêtaient le retour de la lumière de cette manière : 
maîtres et esclaves de la même maisonnée partageaient un gâteau,
souvent fourré de miel et de datte, dans lequel était cachée la fève,
sorte de tirage au sort de la personne honorée en roi/reine pour un jour.

Ce que les chrétiens ont apporté à cette fête, c’est un sens neuf
de la royauté, de la couronne (forme qu’ils vont donner
à la galette) et de la lumière.

Il y a les rois, au sens des chercheurs de l’essentiel
qui ont la joie de connecter le Ciel et qui auront la
surprise d’être illuminés de l’intérieur d’une étable :
« Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?
Nous avons vu se lever son étoile et nous
sommes venus nous prosterner devant lui. »

Il y a Hérode, le roi-politicien, qui cherche à éliminer le rival :
« Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant.
Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour
que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »

« Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode,
les sages d’Orient regagnèrent leur pays
par un autre chemin » (Mt 2, 1-12).

Il y a ce bébé innocent dans la mangeoire,
dont tout l’être irradie d’une lumière nouvelle,
dont la couronne royale deviendra couronne d’épines…
Et la Passion commence déjà dès sa naissance :
à tour de bras, le roi Hérode crucifie de saints
innocents, hier comme aujourd’hui encore !

Je nous souhaite belle réception de cette lumière
autre que celle du soleil extérieur
et bonne royauté alternative !