Un cas de non-violence active freinant la déportation des Juifs

Imaginez que vous êtes en 1940. Votre pays a été envahi par l’Allemagne. Les Nazis exigent que les Juifs portent l’étoile de David au bras, sans dire que c’est la première étape en vue de leur déportation et de leur extermination. Vous êtes un simple citoyen, pauvre et démuni. Que faites-vous ? Comme vous êtes créatif et résolument engagé dans la non-violence active, c’est-à-dire dans l’art d’empêcher tout groupe humain d’abuser de son pouvoir, de l’empêcher d’en tirer le moindre profit, vous réfléchissez, de cette intelligence imaginative qui crée des solutions nouvelles. Vous vous dites : ils veulent distinguer les Juifs et nous préparer à les mettre à part de notre société.

Que faire, pour ne pas tomber dans leur panneau de basse-quête ?

Eureka,

allons donc tous porter l’étoile. Comment faire ?

J’ai trouvé : je vais trouver le roi du pays, je lui en parle. Quand il est convaincu, je lui demande de convaincre les élites aux pouvoirs politiques et économiques + l’intelligentsia que tous se mettent à porter le brassard à l’étoile en même temps.

Et que tous invitent à faire de même, autour d’eux : conjoint, enfants, voisins, etc., etc.,…

« L’Union fait la force » (devise de la Belgique et de ce petit village/pays qui a la gaule/potion magique de la créativité pour résister encore et toujours à l’envahisseur).

« Personne ne peut obtenir notre infériorité sans notre consentement » (Éléonore Roosevelt).

Tabou levé

Est-il tabou de toucher au mot tabou ? C’est en tous les cas un des rares mots qui signifient la même chose dans toutes les langues. What about tabou (anagrammes !) ? C’est un mot polynésien qui désigne les interdits sacrés. Le terme est parvenu à l’ensemble des humains via les carnets de voyage du capitaine Cook : sous l’influence des missionnaires chrétiens, la reine Elizabeth Kaahumanu a eu le courage, à la mort de son époux, en 1819, de lever le tabou interdisant les femmes de manger avec les hommes lors d’un banquet. Sa manière à elle d’honorer la mémoire de son époux sans laids poux !

Choisir l’essentiel : « Tu ne tueras pas », même si les autres le font

Une habitante de Kiev a eu cette semaine une vision dans un rêve : dans une ville détruite par la guerre, elle cherche sa famille. Jésus se rapproche d’elle et celle-ci lui demande de lui donner un coup de main. Jésus, de la croix, répond : « Tu ne peux pas faire les deux choses ensemble ; tu ne peux pas me crucifier et en même temps demander mon aide. Tu dois choisir : l’un ou l’autre. »

Quand cette personne s’est réveillée, après cette vision, elle a dit à tout son entourage qu’elle avait décidé de choisir l’essentiel. C’est le nonce apostolique à Kiev qui partage ce témoignage ce 11 mars 2022.


Choisir l’essentiel : « Tu ne tueras pas », même si les autres le font.


La non-violence choisit l’essentiel : si tous les habitants d’un pays décident de se tenir la main pour ne pas coopérer avec l’envahisseur, celui-ci ne pourra pas les soumettre et tirer profit de ses agressions violentes, d’autant plus si des milliards d’humains de la planète leur tiennent aussi la main, de là où ils sont. Ce ne sont pas les armes qui font la grandeur et l’héroïsme d’une personne, d’une nation, c’est 1) sa fermeté courageuse à ne pas coopérer aux injustices dont elle a conscience (et la guerre en fait partie), 2) sa capacité à comprendre et à reconnaître la vérité profonde de chaque partie, 3) l’art de créer un accord qui en tienne compte : cadre de droit, communication vraie et négociation efficace, pour une paix juste. Ne pas perdre le cap.

Portés et soutenus

« Même dans ces moments où tu es à terre, où tu ne sens rien d’autre qu’argile contre terre noire, tu n’es jamais seul. Tu as des milliers d’ancêtres puissants derrière toi, ceux qui ont traversé la vie sauvage et les terres désolées, les chagrins et les épreuves, et qui marchent avec toi maintenant ; ceux qui te portent dans l’étreinte noueuse et nouée de l’Arbre de Vie, et qui déposent une sombre graine de promesse dans tes cellules endormies.
Entends leurs voix fières. Leurs rêves et leurs conseils sont comme un clair de lune. Sens leurs mains aimantes te soulever des bords du désespoir, de la douleur ou de l’égarement, et t’amener à la clarté.
Écoute leur message : c’est le voyage qui est important, le chemin se fait en marchant, c’est là qu’est ta bonne étoile. Ainsi te remettent-ils doucement sur pied, …et dans la vie que tu es venu vivre ici » (Rachel Alana).

« Le témoignage des moines de Tibhirine est un acte fondateur qui inscrit en lettres de feu la non-violence dans la trame de notre histoire » (http://www.non-violence-mp.org/muller/HTML/tibhirine.htm).

Demande d’asile et racisme

Le jour où je me suis retrouvé étranger en difficulté en terre inconnue, loin de chez moi, et que j’ai trouvé refuge chez des gens d’une hospitalité simple et spontanée, leur humanité m’a humanisé, elle m’a ouvert les yeux du cœur sur les réflexes européens de forteresse se croyant assiégée par ‘’toute la misère du monde’’…

« Il a fait fleurir le désert comme une rose, il m’a arraché à l’amertume solitaire de l’exil pour me mettre en harmonie avec le grand cœur blessé et brisé du monde » (Oscar Wilde, De Profundis).

« Secours-moi, sois mon ami, ô Bien-aimé, ne dors pas !
Ô rossignol enivré, ne t’endors pas dans la roseraie.
Protège les amis exilés, ne dors pas !
Cette nuit est la nuit de la libéralité,
sois attentif, ne dors pas.
Si tu désires l’éternité et la victoire, ne dors pas.
Brûle-toi à la flamme de l’amour de l’Ami, ne dors pas.
Plonge comme le seau dans les ténèbres du puits,
il se peut que tu arrives à la margelle du puits ;
ne dors pas » (Rûmi).

Image tirée de https://www.facebook.com/WearThe PeaceClothing/

Appel à la solidarité pour les victimes de la guerre au Nord-Kivu

Je reçois le cri déchirant d’un de mes proches, vivant à Butembo-Béni à l’Est de la RDCongo, qui fait partie de mon équipe de formateurs  :

« Nous vivons des massacres au quotidien. Tous nos frères qui viennent de mourir égorgés chaque jour au Nord-Kivu n’ont-ils pas la même valeur humaine que ceux des autres provinces du pays, que ceux d’Ukraine ? Qu’est-ce qui fait qu’ailleurs, dans la majeure partie du pays, les activités et la vie peuvent se dérouler normalement alors que nous, poussés par la faim qui nous est imposée, nous risquons la mort chaque fois que nous allons dans nos propres champs, qui nous reviennent de droit ? C’est souvent une mort tragique qui nous y attend, tel un agneau isolé au milieu de loups, une mort planifiée par des hommes comme nous, qui s’infiltrent pour s’accaparer nos terres. Est-ce vraiment ça ce que nous méritons ? Nos larmes n’ont-elles pas encore suffi pour que les Puissants de ce monde nous écoutent et nous viennent urgemment en aide pour stopper ce massacre ? Est-ce parce que dans leurs veines coule de la sève et non du sang ? Nos gouvernants, nos députés, nos sénateurs, la soit-disant Communauté internationale, MONUSCO, UE, etc., ont-ils du sang en or à protéger tandis que le nôtre coule sous les pieds de nos arbres, en pleurant nuit et jour ? Qui se soucie de savoir comment nous trouvons à manger, comment nous nous vêtissons ? Comment ferment-ils l’œil ici, alors qu’ils se préoccupent tant de la paix à l’Est de l’Europe ? Qu’avons-nous fait à l’humanité pour être ignorés comme ça ? Comment des personnes responsables peuvent aller danser dans des hôtels, ou aller contenter des voisins, pendant qu’ils savent que les corps de leurs propres enfants sont en train de se décomposer dans une des chambres de leur appartement ?

Croyez-moi, s’il vous plait, les gens sont en train de mourir. Ne faites pas semblant comme si tout va bien au Congo-Kin. Merci pour votre solidarité à nos côtés ».

Je retourne là-bas dans 3 mois et j’y donnerai des ateliers sur l’art de mobiliser la société civile en vue de faire tomber les injustices sociétales. Nous avons besoin de soutien et nous préférons rester indépendants de la plupart des organismes officiels. Si vous sentez en vous que c’est juste et prioritaire de soutenir ce projet, voir 

http://etiennechome.site/parrainage-de-formateurs-en-formation-dans-la-region-des-grands-lacs/ dont le message de 2021 et le n° de compte restent valables. Je vous remercie pour chaque euro précieux. À mes côtés, mes sœurs et frères du Nord-Kivu vous remercient, moi aussi. Étienne

Ci-dessous le tableau « Agnus » par le russe Konstantin Korobov.

De la guerre subie à la guerre menée

« Pendant la Seconde Guerre Mondiale, un soldat russe revint des lignes de combat à la maison, pour une courte pause. Approchant de l’appart où il vivait avec sa femme, il vit un tas de corps empilés dans la rue que des hommes chargeaient sur un camion, en vue de les enterrer. Arrivé tout près, il vit une jambe de femme portant une chaussure qu’il reconnut : c’était sa femme. La prenant dans ses bras, il réalisa qu’elle était encore en vie. Dans l’appart, il en prit soin et elle survécut. 8 ans plus tard, en 1952, leur fils naquit : Vladimir Putin » (Hillary Clinton, Hard Choices).

Je reçois cette histoire comme l’invitation à regarder en conscience l’enchainement souvent inconscient et sourd des violences, qui commencent dans le concret de nos drames personnels traumatisés par la guerre…

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » (préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO, 1945).

Les pièges de la violence, ses illusions

Connaître les pièges de la violence et ses illusions. Les repérer à l’œuvre partout dans le monde et de tout temps, dans l’histoire de l’humanité :

1er piège : La violence se cache, se maquille, s’habille, se déguise. Elle se donne de bonnes raisons, elle est très douée pour se justifier.

Et à l’inverse, tout chemin non-violent commence par la prise de conscience et la reconnaissance de sa propre violence, puis il se joue essentiellement à l’intérieur de nous-mêmes, en apprenant à déployer d’autres formes de forces, non-violentes.

2ème piège : Ma violence est toujours seconde, en réaction à la tienne, qui est première.

Ma violence est légitime défense. Le problème, c’est que tous, nous sommes convaincus que notre violence est seconde, qu’elle réagit à l’agression de l’autre. Comprendre comment les violences s’enchaînent.

3ème piège et illusion : Ma violence va être la dernière, elle est en mesure de mettre un point final à la violence, elle réussira à faire taire la violence. Alors qu’en fait, chercher à vaincre une violence par une autre violence, c’est offrir une victoire de plus à la violence.

Étienne Chomé, extrait du document n°17 sur

http://etiennechome.site/outils-pour-de-meilleures-relations-humaines/ .

La cinquantaine

La cinquantaine ?

Période de vie descendante : on sent qu’on vieillit, on prend soin de ses vieux parents (ascendants qui descendent aussi) et les deuils se multiplient, des proches nous quittant les uns après les autres, avec un rythme d’enterrements croissant. 

ET en même temps période de vie ascendante : on prend soin de ses enfants qui deviennent des adultes (descendants qui montent en force) et qui virent leur cuti, on cherche comment se faire pardonner pour leurs blessures d’enfance, on fait le deuil des modes de fonctionnement parent-enfant surannés pour créer une relation nouvelle d’adulte à adulte, avant de devenir grands-parents ! 

Merci, cher Desmond Tutu, pour cette clé essentielle :
« Nous sommes capables d’aimer autrui – avec ses faiblesses –
lorsque nous cessons de nous détester – pour nos faiblesses ».