La Banque mondiale sort régulièrement ses statistiques, selon lesquelles la moitié de la population mondiale vit avec moins de 6 dollars par jour. Nous sommes habitués à entendre que près de quatre milliards d’humains peinent à satisfaire leurs besoins élémentaires.
« Que voulez-vous ? Le monde est ainsi ! » « Non, cher officier, le monde est ce que nous en faisons ! » (finale du film « Mission », sorti en 1986).
Bonne année 2024, bons choix de vie, bons engagements !
Impressionnant le haka de Hana-Rawhiti Maipi-Clarke, cette députée maorie de 21 ans, les yeux exorbités et le torse gonflé, pour prêter serment et appuyer son premier discours enflammé au parlement néozélandais. Son haka fut soutenu par des dizaines de Maoris dans les balcons. Ils veulent le maintien des droits des peuples autochtones, alors que le Premier Ministre veut abolir des lois qu’il juge rétrogrades et racistes car « encore fondées sur l’appartenance à un peuple particulier ».
Depuis 1905, les All Blacks néozélandais arrivent sur le terrain de rugby en excitant leur combativité à l’aide du célèbre rituel Haka, cette danse des Maoris – style gorille se frappant la poitrine – pour impressionner un maximum les adversaires.
Le mot ‘haka’ signifie littéralement ‘faire’ ; comme quoi, y a qu’à / yaka haka faire popo… (‘pó pó’ & ‘gōng gōng’ = grand-parents en langue hakka ; c’est en Chine et c’est une autre histoire ! ‘yaka awa’ = ‘viens ici’, en lingala ; encore une autre histoire !).
Quel est notre haka à nous ?
NB : Les Australiens, eux, ont leur « chant de combat des kangourous » : le « Wallee Mullara Choomooroo Tingal ». Et voilà que l’équipe des rugbymen français a adopté comme cri de ralliement le cri des spartiates mis en scène dans le film « 300 » de Z. Snyder.
Les îles de La Réunion et de Maurice sont en alerte cyclonique. Le premier cyclone de la saison qui oblige tout le monde à se calfeutrer a été nommé Belal. Il va probablement passer entre les deux îles (ou sur La Réunion) ce lundi tôt matin.
L’approche lente du cyclone crée une ambiance si spéciale, où se mêlent le meilleur et le pire, ce double creuset de nos récits passionnés. Il y a les intenses peurs des dégâts et un insoutenable suspense : serons-nous cette fois dans les sinistrés ? On se souvient, tous – même les jeunes qui n’ont qu’entendu les récits – des cyclones destructeurs, qui nous sont passés dessus, comme Carol en 1960, avec des vents à 256 km/h., comme Gervaise avec des vents à 280 km/h. en 1979, des vagues de plus de 10 mètres… Avec leurs maisons de tôles qui peuvent être soufflées, les pauvres ont le plus à craindre !
Les cyclones destructeurs nous terrifient. Et pourtant, nous prions pour avoir de bons cyclones : ceux dont les pluies torrentielles vont remplir nos réservoirs, sans nous détruire ! Notre île a vitalement besoin de ces pluies pour que nos réserves d’eau tiennent l’année… Ce besoin d’eau crée une religiosité naturelle dans les esprits et les âmes qui appellent la venue de cette Force de la nature, avec gratitude pour ses côtés bienfaisants, et qui, en même temps, supplient d’être protégés de ses côtés terrifiants et destructeurs…
Pour ma petite famille, qui y a vécu 6 saisons cycloniques, à part la peine des heures fastidieuses à visser des panneaux contre tous les châssis de fenêtres et à part les divers désagréments, du style une coupure d’électricité (au cyclone Dina, elle a duré plusieurs semaines dans la Cité Barkly – non prioritaire – où nous vivions), ce furent des moments extraordinaires que nous n’oublierons jamais : quels bons souvenirs pour nous, calfeutrés dans la maison en famille, tout excités à suivre les infiltrations d’eau et à prendre du temps ensemble, autour de la radio-infos et des jeux de société à la bougie…
Trombes d’eau : recevoir plus d’un mètre d’eau en un jour, ce que reçoit un endroit comme Paris en plus d’un an !
« Mais il n’y aura pas pour toujours des ténèbres sur ce pays envahi par l’angoisse… Le peuple qui vivait dans les ténèbres verra briller une grande lumière… » (Isaïe 8,23 ; 9,1).
« La Parole est faite chair et la lumière de Dieu vient briller dans les ténèbres de notre humanité » (Isaïe 9,5-6 ; Jean 1,1-5).
Passages bibliques cités par Augustin Nkundabashaka dans le Bulletin de Noël 2023 du M.I.R.-France (branche française du Mouvement International de la Réconciliation), qui présente le travail de plusieurs des personnes avec qui je collabore étroitement :
Des animaux en captivité peuvent vivre une profonde détresse. Cela a été prouvé par une expérimentation scientifique avec des perroquets. Ces animaux qui aiment vivre en société dépérissent quand ils sont seuls à s’ennuyer, en cage. Cela se voit quand ils font les cent pas, se balancent d’avant en arrière, s’automutilent, s’arrachent des plumes…
Rébecca Kleinberger (chercheuse au M.I.T., spécialiste de la voix en tant qu’outil de communication) et son équipe ont appris à 18 perroquets à se contacter les uns les autres par des appels en visio, depuis un écran tactile. Ils deviennent capables d’appeler quand ils veulent qui ils veulent dans la bande de copains (c’est vérifié que leurs appels ne sont pas faits au hasard). Certains vont chercher leurs jouets pour se les montrer. Ils apprennent des trucs en voyant ce que fait un camarade : un qui n’a jamais volé se met à voler ou à prendre l’initiative d’aller manger par soi-même… Incontestablement, ses échanges sociaux leur font le plus grand bien.
Cf. l’article Birds of a Feather Video-Flock Together: Design and Evaluation of an Agency-Based Parrot-to-Parrot Video-Calling System for Interspecies Ethical Enrichment dans Proceedings of the 2023 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems.
Photo : merci, Andrew Gray, d’avoir mis au point cette voiturette électrique pour ce perroquet gris d’Afrique, dont les ailes avaient été coupées…
L’île Maurice était une île vierge de tout habitant jusqu’à ce qu’y débarquent en 1598 les Hollandais, dit-on. Les Hollandais ? Vous êtes sûrs ? Voici quelques précisions.
Tant de gens parlent à tort de la Hollande pour désigner les Pays-Bas. Aujourd’hui, la province de Hollande-Septentrionale (avec Amsterdam) et la province de Hollande-Méridionale (avec Rotterdam) ne sont que deux des 12 provinces que comptent les Pays-Bas. C’est par métonymie, je dirais même plus par synecdoque que « Hollande » désigne l’ensemble des Pays-Bas.
{Métonymie : figure de style consistant à utiliser un mot pour signifier une idée distincte mais qui lui est associée. Synecdoque : cas particulier de métonymie qui y ajoute une relation d’inclusion ou de dépendance entre le terme donné et le terme évoqué}.
C’est comme si on disait Île-de-France pour désigner toute la France… Il s’agit des Pays-Bas et non de la Hollande donc.
Ce n’est pas fini. À proprement parler, étaient encore moins des Hollandais ceux qui débarquèrent en 1598 à l’île Maurice (avec leurs rats qui vont dévorer les œufs des dodos et condamner à l’extinction en moins de 80 ans ces gros palmipèdes indolents et ramollis par des millénaires de vie sans prédateurs, mais ça c’est une autre histoire, tout comme leur initiative d’y importer des cerfs de Java et de Bali (Indonésie)). Ces hommes en 1598 faisaient partie (et non « formaient partie » ; joyeux franglicisme mauricien) des « 17 Provinces-Unies », couvrant les actuels Belgique, Pays-Bas, Luxembourg ET nord de la France + des bouts Ouest d’Allemagne. C’est par la guerre de Trente Ans que les Provinces-Unies se sont affranchies de la monarchie espagnole. 1598 se situe au début de leur heure de gloire planétaire : grâce à un vaste empire colonial (la lucrative Compagnie néerlandaise des Indes orientales), elles ont été quelques décennies la première puissance mondiale, après le Portugal et l’Espagne et avant la France et la Grande-Bretagne (devenue Royaume-Uni en 1801)… Dans la fièvre de l’orgueil dégoulinant d’hubris et drapé dans de beaux projets civilisateurs, il y eut avant cela la Grèce puis longtemps l’Italie, et après cela, les États-Unis… Et ensuite, la fin de la suprématie blanche ?
« La violence avec laquelle s’est affirmée la suprématie des valeurs blanches, l’agressivité qui a imprégné la confrontation victorieuse de ces valeurs avec les modes de vie ou de pensées des colonisés font que, par un juste retour des choses, le colonisé ricane quand on évoque devant lui ces valeurs » (Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre).
Au temps des Gaulois, la Belgique allait jusqu’aux portes de Paris :
Je me mets sur mon 31 pour ma dernière occasion en 2023 de faire des commentaires potaches à propos de cette image :
1) Lundi, nous percevons dimanche loin… Dimanche, nous percevons lundi proche ! Le 31 décembre, nous percevons le 1er janvier tout proche. Le 1er janvier, nous percevons le 31 décembre bien loin… C’est notre perception linéaire du temps, tournés que nous sommes vers l’avant ?
2) Rétroviseur sur nos traditions anciennes : « nous macquerons » signifie, en vieux français, « nous romprons le chanvre ou le lin pour les rendre propres à être teillés ». Teiller ou tiller = débarrasser de la tille, détacher le filament du chanvre ou du lin, en brisant la chènevotte. Chènevotte = moelle du chanvre, partie ligneuse du chanvre dépouillée de son écorce… Et oui…
3) Connaissez-vous la différence entre les suffixes « -iste » et « -ien » ? Marc Arabyan situe son origine dans les guerres de religion entre Papistes, Calvinistes et Luthériens. Par exemple, les gaullistes / sarkozistes, etc., sont des militants en guerre, des partisans vindicatifs, en conquête ; les gaulliens / sarkoziens, etc., évoluent dans un état plus apaisé et stable. « -ien » est d’usage pour désigner le mouvement dans sa maturité, le courant de pensée établi.
Je nous souhaite moelleuses chènevottes, sous nos écorces endurcies, que nous soyons anti ou pro-macronistes/macroniens…
« Noël c’est le moment où nous embrassons la vulnérabilité de Dieu » (Soeur Mary Leddy).
Voici une phrase pour le moins énigmatique et une injonction insolite : embrasser la vulnérabilité de Dieu ? Le besoin de protection et la vulnérabilité se manifestent le plus souvent dans des situations extrêmement brutales. Les images d’Ukraine, d’Israël/Palestine et de nombreux autres endroits du monde ne cessent de nous en faire prendre conscience. Le message que transportent ces images est que les victimes ont besoin de protection, de sécurité, ce qui se traduit au quotidien par des bombes, des chars, des obus, des murs et des frontières. Mais sommes-nous capables de voir autre chose, quand nous sommes confrontés à ces images ? Sommes-nous capables de percevoir cet autre message : cessez enfin de vouloir nous protéger par les armes qui provoquent tant de souffrance et de destruction et qui suscitent invariablement la riposte, violente elle aussi.
Des parents israéliens qui ont perdu un enfant dans des attentats terroristes du Hamas palestinien et des parents palestiniens dont les enfants ont été tués par des soldats israéliens expriment ensemble leur blessure morale, leur deuil. Ils ont fondé l’organisation Parents Circle. Leur message : mettez fin à la haine ! Elle ne fera pas revivre nos enfants. Notre responsabilité commune est de rompre ce cycle infernal de la violence et de la contre-violence !
Ce message-là, l’enfant dans la crèche nous le fait entendre. Regardez : voici un être humain, un petit enfant qui a besoin des autres. Protégez cet enfant, protégez chaque être humain et tout particulièrement ceux qui sont les plus faibles et les plus vulnérables.
La vulnérabilité de Dieu est l’antithèse des systèmes de sécurité militaires et de la course mondiale aux armements qui engloutit chaque année des sommes colossales et fait grimper toujours plus haut la spirale de la haine, des menaces, des attaques et de la vengeance. « En Jésus-Christ, Dieu s’est désarmé », dit la théologienne évangélique Dorothee Sölle.
C’est le grand défi que nous lance son existence marquée par la vulnérabilité : celui de prendre le risque de notre propre vulnérabilité. Celle-ci nous accompagnera tout au long de notre vie, malgré tous les systèmes de sécurité. Si nous acceptons de reconnaître notre commune vulnérabilité et notre besoin de protection, nous deviendrons de plus en plus responsables, non seulement envers nous-mêmes, mais aussi envers l’autre, l’étranger, et nous nous encouragerons mutuellement à coopérer plutôt qu’à nous affronter, à aller les uns vers les autres plutôt qu’à ériger des murs entre nous.
Je vous adresse toutes mes salutations, en ces temps si sombres, avec les paroles d’un choral de l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach : Apparais, ô lumière du matin, Et laisse poindre le ciel ! Vous, les bergers, n’ayez pas peur, Car l’ange vous dit Que ce faible petit garçon Sera notre réconfort et notre joie, En plus il contraindra Satan Et apportera la paix – enfin ! Au nom du Conseil d’administration, Antje Heider-Rottwilm, présidente de Church and Peace https://www.church-and-peace.org/fr/2023/12/embrasser-la-vulnerabilite-de-dieu-a-noel/