Mes meilleurs vœux pour 2022

2021 : Deux mille, vainc tes Huns !
2022 : De mil vint tête d’œufs ?
           Deux miles vint heureux ?
       Deux mille vain eux deux ?
Ou deux mille vins eux deux ?

Je nous souhaite la surprise de Cana :
les 2022 / 2000 vins d’eux deux, découlant du vin neuf du Royaume
qui sauve nos piquettes et nos vins qui tournent au vinaigre…

Côté ombre de l’anneau-alliance : « L’alliance est « le sésame ouvre-toi » de la femme, mais aussi l’anneau le plus solide de la chaîne forgée pour elle par des siècles de servitude » (Yvette Naubert).

Côté lumière : « La Bible commence et termine par de grandioses fresques d’une violence extrême : les onze premiers chapitres de la Genèse et l’Apocalypse nous tendent le miroir de nos parts les plus ténébreuses. Néanmoins, nous dit Paul Beauchamp, l’arc de cercle de la violence, entre le déluge de Noé et la bataille finale (Ap 16,16), est surplombé par l’arc de cercle de la douceur, entre la création et l’Eucharistie finale (Ap 22,17). La douceur est notre premier ‘état de créature’, formule que l’exégète jésuite préfère à celle d’’état de nature’. Et la douceur viendra après la violence parce qu’elle était avant elle. Entretemps, ce n’est pas en quittant le théâtre de la violence que la douceur conduit à la Vie qui n’en finit pas. C’est bien sur ce théâtre-là qu’elle rend possible ce que nous croyons impossible » (Étienne Chomé, Jésus est doux ET ferme ET pugnace. Qu’est-ce à dire ?, article paru dans Paraboles, Revue du Diocèse de Tournai, septembre 2014), disponible sur mon site http://etiennechome.site/theologie/).

Mes meilleurs vœux pour 2022 !

Le monde de la culture belge en désobéissance civile

Voici un extrait de mon article
L’objection de conscience rime-t-elle avec la désobéissance civile ? :

La « désobéissance civile » est une traduction phonétique de l’anglais « Civil disobedience », formule sortie de la plume de Henri David Thoreau, au milieu du 19ème siècle, aux États-Unis. À partir de 1840, Thoreau refuse de s’acquitter de l’impôt, ne voulant pas contribuer à la guerre impérialiste de son pays contre le Mexique et protestant contre le maintien du système esclavagiste des États du Sud. En juillet 1846, il est incarcéré mais libéré dès le lendemain : à son grand dam, sa tante avait payé l’impôt à sa place ! Un an et demi plus tard, le 26 janvier 1848, il donne une conférence « Resistance to Civil Government », reprise par l’éditeur après sa mort sous le titre « On the duty of civil disobedience » : « Si, de par sa nature, la machine gouvernementale veut faire de nous l’instrument de l’injustice envers notre prochain, alors je vous le dis, enfreignez la loi. Que votre vie soit un contre-frottement pour stopper la machine. Il faut que je veille, en tout cas, à ne pas me prêter au mal que je condamne ».

Thoreau est repris et relayé par l’écrivain russe Léon Tolstoï, à la fin du 19ème siècle. Il est aussi lu par le jeune Gandhi aux études en Angleterre. C’est sa lutte en Afrique du Sud qui donne à la désobéissance civile sa première expression historique collective, en 1906. Gandhi écrit : « Lorsqu’un gouvernement commet une grave injustice, celui qui en est le sujet doit lui retirer sa coopération entière ou partielle jusqu’à ce qu’il l’ait amené à renoncer à son injustice. »

Cinquante ans plus tard, Martin Luther King déclare dans son combat contre la ségrégation raciale : « Il y a deux sortes de lois : les lois justes et les lois injustes ; je suis le premier à préconiser l’obéissance aux lois justes ; c’est une responsabilité morale aussi bien que légale, or cette même responsabilité morale nous commande inversement de désobéir aux lois injustes. » Il provoque aux Etats-Unis un débat public sur ce devoir de « désobéissance civile ». La loi a pour fonction de garantir la justice, de défendre les plus faibles contre les puissants. Autrement dit, c’est la justice qui doit fonder la loi, et non la loi qui doit fonder la justice. Il ne suffit pas à une loi d’être légale pour être légitime : « oserons-nous dire que ces lois sont injustes, ou plutôt qu’elles ne sont pas des lois ? Car à mon avis, une loi injuste n’est pas une loi » (Saint Augustin).

Mon article L’objection de conscience rime-t-elle avec la désobéissance civile ?  =
12 pages soulignant l’importance d’incarner son objection de conscience dans un programme d’actions discernées, au risque de ne pas garder les mains pures

Voir aussi Chomé Étienne, Le nouveau paradigme de non-violence, p. 108s.

Iel et grammaire inclusive

« Iel est un pronom neutre inclusif de la troisième personne, issu d’une grammaire dite inclusive. Il s’utilise en français à la place de il ou de elle, soit pour désigner une personne dont on ne connaît pas le genre, soit pour désigner une personne non binaire (qui ne se considère ni comme un homme, ni comme une femme). Exemple : iel a réussi à me convaincre. On peut aussi employer ce pronom à la place de lui ou de elle. Par exemple : on verra ça avec iel.

Même si ce pronom existe depuis le tout début des années 2010, il semble que ce soit en 2013 qu’il a commencé à se diffuser. Il a été de plus en plus employé à partir de l’année suivante, mais surtout dans des milieux militants. À l’automne 2021, il se fait remarquer suite à une polémique qui enflamme les médias et les réseaux sociaux.

Sa forme du pluriel, ‘iels’ avec un s, s’emploie de la même façon que la forme du singulier. En outre, le ‘iels’ pluriel peut aussi être utilisé en langage inclusif pour désigner un groupe d’hommes et de femmes.

Le choix du pronom appartient à la personne désignée. Concrètement, c’est la personne non binaire, ne souhaitant pas être désignée par il ou par elle, qui demande à son entourage de recourir au pronom iel (ou à un autre pronom neutre) pour la désigner. Un pronom neutre est donc revendiqué par la personne qu’il désigne, mais ce choix n’est pas toujours respecté par l’entourage ou par la société, car la notion de non-binarité n’est pas admise par tous.

Il existe deux façons d’accorder avec iel : le neutre grammatical et l’inclusif. La différence entre les deux est subtile et n’est pas appliquée par tout le monde.

Le neutre grammatical se pose comme un troisième genre, ni masculin, ni féminin. En français, il se traduit notamment par l’utilisation d’adjectifs épicènes (qui ont la même forme à tous les genres) : iel est aimable, où aimable évite d’utiliser gentil ou gentille, par exemple.

Le langage inclusif, qui est de plus en plus répandu à l’écrit, est plutôt une façon de s’exprimer qui englobe tous les genres. Les adjectifs prennent à la fois la forme du masculin et celle du féminin. Actuellement, il existe plusieurs conventions différentes pour l’écriture inclusive : parenthèses, iel est gentil(le), point médian (ou à défaut, point ou tiret), iel est curieux·euse, iels sont tou-te-s venu-e-s, majuscule intermédiaire, iels sont intelligentEs, concaténation des deux formes, les directeurices de l’agence, les acteurs/actrices du film.

L’écriture inclusive est critiquée pour diverses raisons : à cause de cette hétérogénéité des usages, ou bien du fait que la forme du féminin est tronquée, ou encore parce que c’est difficile à oraliser, parce que c’est difficile à lire, parce que c’est sous-tendu par une idéologie qui ne fait pas l’unanimité »
(https://dictionnaire.orthodidacte.com/article/definition-iel).

Ostende et le poète Carl Norac

« Nous entrons dans une ville comme on pénètre dans une musique : par la vibration, avant la mélodie. Il faut pouvoir explorer ses tissus, ses ourlets, ses laines, ses fibres, avant de prétendre s’en vêtir. On n’habite pas une ville avant d’en être habité, pas avant que l’odeur de ses murs ne vienne sous les ongles, pas avant que ses ombres, la nuit découpée, ne contiennent l’allongement de nos pas, nos instants de fuite, pas avant que son bord de route ou de mer ne soit le jeu de fermer les yeux, imprudemment, pour traverser une avenue, un coin de vague. La ville commence en nous comme une chanson, un peu sourde, l’aigu des coquillages sous les pieds, l’âpreté de l’asphalte. Mais ensuite, même si le couplet manque encore, la mer vient, au large puis plus près, sans aucun bruit de clé et nous submerge par cette vibration. Ainsi, pour dire vrai, sans connaître la langue d’ici sinon sur ma peau, il semblerait bien que déjà, je fredonne Ostende » (le poète belge Carl Norac, qui aime faire des photographies verbales, ici inspiré par la ville côtière d’Ostende, où il a choisi de vivre).

Photo : Ostende il y a 120 ans.

Prison algorithmique

Dans Ceci tuera cela, Annie Le Brun tire la sonnette d’alarme : avec internet, le capital et la technologie ont fait une très puissante alliance, leur offrant une folle croissance exponentielle et réduisant tout ce qui circule à un objet de calculs algorithmiques. C’est ceux-ci qui décident de la plus ou moins bonne fortune des publications des uns et des autres, de la visibilité de chacun et donc de son succès public. Ils modèlent de plus en plus notre vie.

Persuadés d’être de plus en plus libres, nous sommes à vrai dire de plus en plus enfermés dans cette prison du virtuel. Les héros d’autrefois ont réussi à sortir du labyrinthe qui les retenait. À nous d’inventer l’anti-système qui débouche l’horizon et nous sorte de cette prison algorithmique…

Je nous souhaite un Avent curieux de cette Advenue non prévue d’une crèche, qui ouvre l’horizon par excellence,
qui fait qu’il y a un Avant 😉 et un Après J-C !

Le génie politique

« Le secret de la politique est de donner des espérances à tout le monde » (Victor Cherbuliez, L’Espagne politique, 1874).

« Avec une politique droite, habile, ferme, persévérante, exempte de témérité et de morgue, mais exempte aussi de timidité et d’abaissement, avec une administration simple, vigilante, économe, judicieuse, la France peut encore reprendre en Europe le rang qu’elle n’y aurait jamais dû perdre » (Émile de Girardin, Les pensées et maximes, 1867, 3 ans avant que la France ne déclare la guerre à l’‘Allemagne’ et la perde moins de 2 mois après!).

« Le génie politique fait des institutions qui forment des citoyens et créent à leur tour de nouveaux génies politiques » (Pierre-Jules Stahl, Les pensées et réflexions diverses, 1841) :

Ce 24 novembre 2021 : accord trouvé pour un gouvernement de coalition en Allemagne, avec le SPD, les Verts et les libéraux. La fin de L’ère Merkel est confirmée.

La paix véritable se gagne dans les conflits osés et gérés en amont de la violence

« La paix est un combat courageux à mener avant que n’éclate la violence. Chaque société a intérêt à entrer en conflit pour faire tomber les injustices dont elle souffre. Pour dire adieu à la guerre, il ne suffit pas de dire bonjour à la paix, il s’agit de mener un combat contre les injustices, grâce à une mobilisation générale des moyens et des personnes. La paix véritable se gagne dans les conflits osés et gérés en amont de la violence »
(Étienne Chomé, La méthode D-I-A-P-O-S pour faire tomber une injustice, parcours de formation en ce moment donné à Namur, à l’Institut International Lumen Vitae : cf. mon article Réussir une mobilisation collective est un art qui s’apprend, téléchargeable sur http://etiennechome.site/publications-de-fond/sociopolitique/).

J’ai ouvert la fenêtre pour humer l’ivresse d’être

Au bout d’un blanc chemin bordé par des prairies,
s’ouvre mon jardin odorant.
Descends parmi les fleurs, visite, je te prie,
le beau chalet de mes parents.

C’est dans cette attentive et studieuse chambre,
où les anges m’ont tout appris, […]
c’est là que j’ai connu, en ouvrant mes fenêtres
sur les orchestres du matin,
l’ivresse turbulente et monastique d’être
sûre d’un illustre destin.
C’est là que j’ai senti les rafales d’automne
m’entr’ouvrir le cœur à grands coups
pour y faire tenir ce qui souffre et frissonne :
c’est là que j’eus pitié de tout !
Tout me semblait amour, angélique promesse,
charité qui franchit la mort.
On persévère en soi bien longtemps : peut-être est-ce
ma façon de survivre encor !

La nuit, me soulevant d’un lit tiède et paisible,
m’accoudant au balcon, j’interrogeais les cieux,
et j’échangeais avec la nue inaccessible
le langage sacré du silence et des yeux
(Anna de Noailles, Les Forces éternelles, 1920, pp. 97-99 & 117).

Empreinte carbone : on emprunte Terre bonne

« Les voitures giclent, les avions décollent, les usines fabriquent, les obus, les vêtements et les grues sortent des entrepôts. Le monde entier pompe le pétrole ramifié pour avancer, relâchant au passage des masses faramineuses de dioxyde de carbone, lequel s’élève dans l’atmosphère et vient s’agglomérer à l’épais ruban qui ceint la Terre. Le couvercle se referme » (Pierre Ducrozet, Le grand vertige, 2020).

« Le mythe du papatron pilier sécuritaire se consume à même la souche, en sachant le roi nu, personne ne se veut plus prince. Un sceptre, une dynastie. Faillite pour héritage et anosognosie, des châteaux en hospice avec vue sur le bilan carbone, la corruption transmise de gourdin en gourdin. Les trésors de papy, la jeunesse le remercie, mais elle n’a pas de placards dans sa colocation » (Chloé Delaume, Mes bien chères sœurs, 2019).

Glasgow sonne glas du « Go » à tout crin ?
Ou les COP écopent ?

L’anosognosie est diagnostiquée chez tout patient
incapable de reconnaître le mal dont il souffre.