L’enchaînement des violences

« La violence n’est pas la vraie réponse à la violence. Si la violence répond à la violence, le monde tombera dans une spirale de violence. La seule vraie réponse à la violence est d’avoir le courage de faire face aux injustices qui sont la violence nº 1 » (Archevêque Helder Camara).

« Plusieurs amis israéliens m’ont déjà partagé sincèrement : « Nous, Israéliens, nous ne menons aucune action terroriste, nous ne plaçons pas de bombes dans les bus. Quand nous recourons à la force armée, ce n’est jamais pour attaquer, c’est chaque fois pour nous défendre et nous protéger. » Ils parlent de leur propre violence (répression : violence nº 3) en réaction à celle des Palestiniens (terrorisme : nº 2), mais sans voir les violences nº 1 que sont les injustices. C’est pourtant elles qui sont à la base de l’enchaînement infernal des violences. Et comme le montre cette analyse, la solution à de tels conflits tient essentiellement dans la suppression des injustices (quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent). Et le début de la solution, pour ce qui est à la portée des plus forts, est de comprendre que la violence nº 3 ne résoudra jamais rien. Au contraire, elle ne fait qu’alimenter la spirale de violence. C’est aussi vrai que 1 v + 1 v  = 2 v et que 2 v + 1 v = 3 v ! C’est aussi simple que l’histoire d’une marmite brûlant sur le feu : si vous augmentez le feu, elle brûlera encore davantage ! » (Étienne Chomé, Pour qu’un tel attentat ne se reproduise plus, article paru le 28 septembre 2001 dans la presse mauricienne, quelques jours après les attentats du 11/9/2001).

Pour le lire en entier : cf. l’article n°3 sur

http://etiennechome.site/outils-pour-de-meilleures-relations-humaines/, où se trouvent aussi d’autres articles sur la non-violence active, que j’ai publié il y a 20 ans, dans le contexte de l’île Maurice.

Jean-Marie Muller, penseur de la non-violence

Jean-Marie Muller est décédé il y a un mois, 7 jours avant Noël. Il nous a offert des centaines d’articles + 36 livres prophétiques sur l’action non-violente, la non-violence engagée dans la Cité, dont voici un florilège. En 1967, il renvoyait son livret militaire et militait pour le droit à l’objection de conscience. En 1973, il s’engageait dans le « Bataillon de la paix », avec le Général Jacques de Bollardière. Avec tant d’autres, ils se sont investis dans une défense civile non-violente réaliste, ils ont créé le MAN (https://nonviolence.fr/), dès 1974, autour du ‘Manifeste pour une Alternative non-violente’, témoignant d’une attitude responsable face à la violence, sans rien céder à son apparente fatalité, en vue de « rendre crédible l’hypothèse de la non-violence », jusqu’à l’échelle des nations et de rendre nues « l’idéologie de la violence nécessaire, légitime et honorable », « toutes les contradictions et toutes les inefficacités de la violence ». « Cultiver la violence, c’est en faire une fatalité, mais c’est une fatalité tout entière faite de main d’hommes. Nous sommes mis au défi de cultiver la non-violence. »

« Le génie de Gandhi est d’avoir réconcilié la morale de conviction et la morale de responsabilité, d’avoir réconcilié les exigences de la vie spirituelle et les contraintes de l’action politique. Il faut corriger ce que Gandhi a pu dire par ce qu’il a fait, et se méfier du gandhiraton. Ce qui menace la paix, ce ne sont pas les conflits mais l’idéologie qui fait croire aux hommes que la violence est le seul moyen de résoudre les conflits. La violence n’est jamais la solution, elle est le problème. La violence ne peut que construire des murs et détruire des ponts. La non-violence nous invite à déconstruire les murs et à construire des ponts. »

C’est parce que les forces déployées par la non-violence sont d’un autre ordre que la violence, qu’elles échappent aux pièges de la guerre baptisée juste (violence agie sur) comme du pacifisme (violence subie sous) : « Le pacifisme est un vœu pieux. Certes, il vaut mieux formuler des vœux pieux que des vœux impies, mais cela ne change rien à la réalité ! » « La non-violence réconcilie la lutte et l’amour. Elle est le chaînon manquant entre la violence et l’amour. » « Il s’agit de conjuguer l’exigence morale qui consiste à délégitimer la violence avec l’attitude responsable qui vise à agir efficacement contre les systèmes de domination et d’oppression qui asservissent l’homme. Parce que la violence finit toujours par trahir et pervertir la fin qu’elle prétend servir, il est essentiel de rechercher des « équivalents fonctionnels » à la violence qui soient en cohérence avec la fin poursuivie. La non-violence offre cette cohérence tout en visant à l’efficacité » (cf. https://www.irnc.org/IRNC/Textes/226).

Plus d’infos : https://www.irnc.org/IRNC/Actualites/Monde/2809

Je prédis des fleurs… Car je viens d’en planter

« J’ai décidé de moins râler contre les maux de la société, mais de prendre juste ma part de responsabilité. J’ai réalisé que c’était plus important pour moi d’être ok avec moi-même que de donner des leçons aux autres » (Laurent Gounelle).

Larme, arc-en-ciel entre l’âme et le ciel

« La violence commence lorsque je choisis de ne pas remettre en question la pensée disant que j’ai raison de croire le jugement que je porte sur un être humain. La violence se poursuit lorsque je fais des choix, parle, pose des actions, à partir de ce jugement que j’ai validé.

La non-violence commence lorsque je choisis de traduire ce jugement pour découvrir quels besoins et aspirations ne sont pas nourris en moi lorsque je vois cette personne agir comme elle le fait : là, dans l’espace en amont des jugements, au-delà du conditionnement bien-mal, s’ouvre le champ de la rencontre possible, de cœur à cœur.

Se relier de cœur à cœur ne signifie pas être d’accord avec les actions de la personne en question, mais avoir conscience que, même si certaines de ses actions ne nourrissent pas mes besoins et aspirations profondes, le fait de me relier à lui au niveau de ce qui nous est commun – les besoins qui sous-tendent toutes nos actions – augmentera mes chances de trouver une façon d’être en relation qui soit en accord avec mon rêve de vivre dans un monde où les êtres humains vivent à cœur ouvert plutôt qu’à poings fermés…

Alors, amie, ami, si en ce jour tu t’apprêtes à valider le jugement que tu portes sur autrui, je t’invite à te demander dans quel monde tu souhaites vivre… » (Issâ Padovani).

Nous déclarer la paix

« De la Vie éternelle, je ne sais pas grand-chose, sinon que plus jamais l’homme ne sera loup pour l’homme. L’homme plus jamais n’accablera, ne jugera, n’humiliera son frère ; l’Absolu rassasiant notre cœur, nous verrons partout ses reflets. De la Vie à venir, je ne sais pas grand-chose, sinon que notre corps ne saura plus gémir. Plus jamais cette angoisse qui nous étreint à la gorge. Les longues nuits avec ces cruels souvenirs de trop de grands bonheurs perdus, les nuits qui n’en finissent pas… « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux… », « De mort, il n’y en aura plus… », « Car l’ancien monde s’en est allé ». De la Vie qui viendra, je ne sais pas grand-chose, sinon que la douceur aura gagné sur la violence. Le fort n’écrasera plus le faible… Il n’y aura plus de faibles ! Les hommes se déclareront la Paix. « L’enfant jouera sur le trou du cobra ». Chacun s’enchantera de la différence de l’autre, les parcelles de vérité, comme un puzzle achevé, seront réconciliées. « Les grandes eaux ne pourront éteindre l’Amour, ni les fleuves le submerger ». De la Vie qui t’attend, je ne sais qu’une chose… Dieu sera tout, en tous ; l’Amour sera tout pour chacun. L’homme aura retrouvé la passerelle qui mène au cœur de son frère et qui a nom Esprit Saint. « Et cette joie, nul, jamais ne pourra la ravir ». Amen »
(Stan Rougier, De la Vie éternelle, je ne sais pas grand-chose).

Ne pas identifier la personne au mal qu’elle fait

Mon regard sur la phrase de Macron « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emm*rder » : quand quelqu’un fait quelque chose de mal à mes yeux, il est sage de distinguer soigneusement ce quelqu’un de ses actes, afin de réussir à montrer en quoi le comportement ne me semble pas ajusté, sans du tout m’attaquer à la personne. Le défi est de rester entièrement sur le plan des actes citoyens, qui sont à réguler par la loi et par un cadre de droit juste ; ce plan est à distinguer soigneusement du registre des personnes à respecter.

Viser la personne, c’est se tromper de cible ! Porter atteinte à son intégrité, c’est se tromper de combat et s’éloigner de la solution juste. Pour aller plus loin, lire l’intro de mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, disponible sur http://etiennechome.site/publications-de-fond/sociopolitique/.

Dans sa lutte pour l’indépendance de son pays colonisé par les Anglais, Gandhi disait : « J’aime les Anglais. Je souhaite pouvoir vivre avec eux mais je hais le système qu’ils ont institué dans notre pays et je veux le détruire. Je m’arrange pour traquer le mal où qu’il soit, sans jamais nuire à celui qui en est responsable. Notre non-coopération ne s’en prend ni aux Anglais ni à l’Occident mais au système que les Anglais nous ont imposé ».

Conditions d’une campagne de désobéissance civile

Selon Hugo Bedau, pour qu’une campagne d’actions non-violente soit reconnue comme désobéissance civile dans un État de droit , elle doit réunir les conditions suivantes : être exprimée publiquement, en nom propre, de façon collective, en spécifiant en quoi l’obligation légale bafoue un droit fondamental et en fondant cette revendication sur l’invocation d’un principe supérieur à la simple légalité (égalité, justice, solidarité ou dignité). Cf. Hugo Bedau, On Civil Disobedience, dans Journal of Philosophy, n° 58, 1961, p. 653-665. 

Albert Ogien y ajoute que « ce refus doit faire l’objet d’une action en justice (civile ou administrative), car le procès est considéré comme la tribune du haut de laquelle la question du caractère néfaste ou scélérat d’un texte réglementaire peut être rouverte dans le débat public » (Albert Ogien, La désobéissance civile peut-elle être un droit ? dans Droit et société, n° 91, 2015/3, p. 579 à 592).

« Il existe une différence essentielle entre le criminel qui prend soin de dissimuler à tous les regards ses actes répréhensibles et celui qui fait acte de désobéissance civile en défiant les autorités et s’institue lui-même porteur d’un autre droit. Cette distinction est naturellement invoquée comme un argument primordial par tous ceux qui s’efforcent de faire reconnaître que la désobéissance civile n’est pas incompatible avec les lois et les institutions publiques […]. Le délinquant de droit commun, par contre, même s’il appartient à une organisation criminelle, agit uniquement dans son propre intérêt ; il refuse de s’incliner devant la volonté du groupe et ne cédera qu’à la violence des services chargés d’imposer le respect de la loi. Celui qui fait acte de désobéissance civile, tout en étant généralement en désaccord avec une majorité, agit au nom et en faveur d’un groupe particulier. Il lance un défi aux lois et à l’autorité établie à partir d’un désaccord fondamental, et non parce qu’il entend personnellement bénéficier d’un passe-droit » (Hannah ARENDT, Du mensonge à la violence, 1972, p. 76-77 dans la traduction française).

Tornade de gratitude et de reconnaissance

« Tu n’as pas à déplacer les montagnes.
Tombe simplement amoureux de la vie.
Sois une tornade de bonheur,
de gratitude et de reconnaissance.
Tu changeras le monde
en étant juste un être humain
chaleureux avec un grand cœur »
(Anita Krizzan).

« Je suis de plus en plus convaincu que
tous nos actes ont des conséquences.
Une bonne action ne s’évapore pas,
ne disparaît pas purement et simplement.
Notre amour se poursuit sur des générations »
(Archevêque Desmond Tutu).

« Sœurs et frères, cette voix venant du ciel, nous l’avons
nous-mêmes entendue dans ce temps fort que nous avons
vécu sur la montagne sainte : se confirme pour nous cette
parole prophétique à laquelle vous faites bien de donner
toute votre attention, comme on fixe son regard sur la
lampe brillant dans la nuit, jusqu’à ce que le jour vienne
à poindre et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs »
(2 Pierre 1,17-19).

Profond désir d’unité

בשנה הבאה יהיו כולנו בירושלים

« Leshana haba’a yiheyou koulanou beYerushalayim » =
Que l’année prochaine, nous puissions tous être à Jérusalem ! Tel est le souhait que s’échangent tous les Juifs de la diaspora, dans le rêve collectif d’un retour à la montagne de Sion.

Le désir d’unité est si profond en chacun.e de nous. Dans la Communauté du Chemin Neuf, nous prions chaque jour pour l’unité des chrétiens en chantant le psaume 121 :

Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »

Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !
Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu’un !

C’est là que montent les tribus,
les tribus du Seigneur,
là qu’Israël doit rendre grâce
au nom du Seigneur.
C’est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.

Appelez le bonheur sur Jérusalem :
« Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs,
le bonheur dans tes palais ! »

Pour l’amour de mes frères et de mes amis,
Laisse-moi dire : « Paix sur toi ! »
Pour la maison du Seigneur notre Dieu,
je désire ton bien, je prie pour ton bonheur.

L’architecture de la paix et l’artisanat de la paix

Début du message du Pape François, en cette Journée mondiale de la paix,
1er janvier 2022 :

Le dialogue entre générations, éducation et travail :
des outils pour construire une paix durable.

« Comme ils sont beaux, sur les montagnes, les pas du messager qui annonce la paix » (Is 52, 7). « Pourquoi donc, Israël, pourquoi es-tu exilé chez tes ennemis, vieillissant sur une terre étrangère, souillé par le contact des cadavres, inscrit parmi les habitants du séjour des morts ? »  (Baruch 3, 10-11). Pour ces gens, l’avènement du messager de paix signifiait l’espérance d’une renaissance sur les décombres de l’histoire. Aujourd’hui encore, la clameur des pauvres et de la terre ne cesse de s’élever pour implorer justice et paix. À chaque époque, la paix est à la fois un don du ciel et le fruit d’un engagement commun. Il y a, en effet, une “architecture” de la paix, dans laquelle interviennent les différentes institutions de la société, et il y a un “artisanat” de la paix qui implique chacun de nous personnellement. Chacun peut collaborer à la construction d’un monde plus pacifique : à partir de son propre cœur et des relations au sein de la famille, dans la société et avec l’environnement, jusqu’aux relations entre les peuples et entre les États. Je voudrais proposer trois voies pour construire une paix durable. Tout d’abord, le dialogue entre les générations comme base pour la réalisation de projets communs. Deuxièmement, l’éducation en tant que facteur de liberté, de responsabilité et de développement. Enfin, le travail pour une pleine réalisation de la dignité humaine. Ces trois éléments sont essentiels pour “l’élaboration d’un pacte social”, sans lequel tout projet de paix est inconsistant.

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