« Être, c’est être volé, trompé, abusé, oui, induit en erreur, pris au piège et ensuite bafoué et, malgré toutes ces avanies, regarder tout cela comme rien au fond de vous-mêmes, et sourire… Car vous savez qu’un printemps viendra s’épanouir dans votre jardin, danser dans les feuillages, qu’un automne viendra mûrir vos raisins, et vous savez que si une seule de vos fenêtres s’ouvre à l’est, vous ne serez jamais sans rien. Vous saurez aussi que tous qu’on appelle malfaiteurs, voleurs, escrocs et trompeurs sont vos frères dans le besoin » (Khalil Gibran).
« Notre tâche n’est pas de réparer le monde entier d’un seul coup, mais de nous efforcer de réparer la partie du monde qui est à notre portée.
Toute petite chose calme qu’une âme peut faire pour aider une autre âme, pour aider une partie de ce pauvre monde souffrant, sera d’une aide immense.
Il ne nous est pas donné de savoir quels actes, ou par qui, feront basculer la masse critique vers un bien durable.
Ce qu’il faut pour un changement spectaculaire, c’est une accumulation d’actes, qui s’ajoutent, s’ajoutent, s’ajoutent encore…
L’une des actions les plus apaisantes et les plus puissantes que vous puissiez faire pour intervenir dans un monde orageux est de vous lever et de montrer votre âme »
« Chacun des deux sexes est, avec une égale dignité quoique de façon différente, image de la puissance et de la tendresse de Dieu. L’union de l’homme et de la femme dans le mariage est une manière d’imiter dans la chair la générosité et la fécondité du créateur. […] De cette union procède toutes les générations humaines » (CEC, § 2335).
« L’amour conjugal et l’amour familial comme tout amour, s’éprouvent et se construisent dans le temps. Souvent le meilleur et le pire sont mêlés : don et possession amour et haine, réconciliation et refus. La grâce du sacrement de mariage exerce son action à l’intérieur de l’amour humain et de ses fragilités, pour conformer cet amour à celui qui constitue toute la vie du Christ, et qu’il ne cesse de nous témoigner » (Évêques de France, Catéchisme pour Adultes, § 479).
François Villon écrit la « Ballade des pendus » en 1462, alors qu’il est condamné à la pendaison pour vols et meurtre :
Frères humains, qui après nous vivez, n’ayez les cœurs contre nous endurcis. Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : quant à la chair, que trop avons nourrie, elle est piéça dévorée et pourrie. Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s’en rie. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
[…]
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie. À lui, n’ayons que faire ne que soudre. Hommes, ici n’a point de moquerie. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !
Loin d’être un facteur de paix, le commerce des armes nourrit les guerres, appauvrit les nations, et enrichit l’industrie de l’armement.
En 2020, le chiffre d’affaires des cent plus grands groupes du secteur de l’armement a atteint un nouveau sommet: 531 milliards de dollars. Les États ont dépensé en 2021 la somme de 2113 milliards de dollars (rapport annuel du SIPRI).
Douze milliards de balles sont fabriquées chaque année, assez pour tuer la population entière de la planète !
Contre la tenue du salon de l’armement Eurosatory du 13 au 17 juin 2022, venez nombreux samedi 11 juin à une manifestation à Paris (Villepinte) et à Strasbourg (Place Kléber) :
● de 14h à 17h: Exposition “Sans Armes Citoyen.nes” en plein air sur le commerce des armes, avec cercle de silence.
● 17h: Célébration œcuménique au Temple Neuf.
Organisateurs :
Stop fuelling War (https://stopfuellingwar.org/fr/)- Cessez d’alimenter la guerre & Association des Églises Évangéliques Mennonites de France, via sa Commission de Réflexion pour la Paix
Contact: Thaddée Ntihinyuzwa thaddeentihinyuzwa@yahoo.fr et Pascal Keller pascal.keller119@gmail.org
Soyez les bienvenus à ce colloque, le 11 juin, à Paris (j’y prendrai part).
La guerre en Ukraine et les tensions persistantes dans les Balkans et dans le Caucase nous invitent à repenser à nouveau la sécurité en Europe. C’est pourquoi, lors de ce colloque, nous voulons découvrir la réflexion ‘Repenser la sécurité (Rethinking Security)’ lancée et portée par l’Église protestante de Bade, en Allemagne, depuis 2019.
Convaincus avec le Pape François que « toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé […], elle est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse et une déroute devant les forces du mal », convaincus avec Gandhi que « la fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence », nous nous interrogerons sur la façon de faire aujourd’hui de la non-violence active le cœur d’un projet de société européenne – en recherche de sécurité commune – encourageant la résistance non-violente civile – engagé pour une paix préventive et juste – faisant preuve d’un réalisme politique courageux.
« Une personne vivant sur Mars, du type négociateur dur, se reconnaît au fait qu’il est sûr de lui, il a confiance en ses capacités, est franc, direct, capable de dire quand il vit un problème, de défendre son point de vue, d’obtenir le respect de ses intérêts. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds, il dit ses envies, désirs, attentes, il ne met pas sur les épaules des autres le fardeau de deviner et d’y répondre implicitement. Il est autonome, responsable de sa vie, de ses choix. Son oui est oui et son non est non !
Une personne vivant sur Vénus, du type négociateur doux, se reconnaît au fait qu’il met la relation au premier plan, il est capable d’entretenir de bonnes relations, est délicat, attentionné, dévoué, sensible aux problèmes de l’autre, à l’écoute de ses besoins, devine ses attentes, sert l’autre en premier, est capable de faire passer les intérêts de l’autre avant les siens, trouve son bonheur dans la satisfaction de l’autre. Il parle doucement, sa force est de pouvoir se maîtriser. Il évite d’étaler ses titres de gloire et d’induire un sentiment d’infériorité chez son interlocuteur…
Les Martiens = des francs ; les Vénusiens = des attentionnés.
Les avantages d’une famille où les deux parents sont des Martiens : on sait ce que chacun pense et veut. Chacun a appris à défendre son point de vue et ses intérêts. La franchise et la clarté sont les qualités des martiens.
Les limites et dangers d’une famille martienne : quand leurs besoins divergent, ils sont capables de crier, de se rentrer dedans. Généralement, les martiens vivent à distance. Ils ont besoin d’espace entre eux ! Si trop de conflits ne sont pas résolus, ils se séparent…
Les avantages d’une famille où les deux parents sont des Vénusiens : chacun est programmé pour satisfaire les besoins de l’autre avant les siens. Personne n’a besoin de se pousser en avant. On sent facilement l’importance qu’on a pour l’autre. Il n’y a pas de cris. On se parle doucement, avec respect.
Les limites et dangers d’une famille vénusienne : ils ont peur des désaccords, ne disent pas franchement et sont frustrés quand l’autre ne les comprend pas, ils se sacrifient puis regrettent de s’être fait avoir, ils ont des difficultés à fixer des limites, à dire non » (Chomé Étienne, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, édité à l’île Maurice, 2005, p. 311).
« Le psychologue américain John Gray a développé sa réflexion autour de l’idée que les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus. La mythologie antique est riche en psychologie. Dans le panthéon grec/latin, Arès / Mars est le Dieu de la guerre et du conflit, Aphrodite / Vénus est la déesse de la beauté et de l’amour (du don et de la relation à l’autre). Chez les Grecs, ils ont une fille, que l’on a appelée Harmonie… La véritable harmonie se trouve donc dans l’union intime de ces deux-là ! Déjà Héraclite défendait que tout naît de la discorde et des contraires. Épictète le confirmait : « c’est de la discorde que peut naître la plus belle harmonie ». Tout un programme que les Grecs avaient déjà compris et tracé !… » (Chomé Étienne, Apprendre à mieux gérer nos conflits. Une communication vraie et une négociation efficace, édité à l’île Maurice, 2005, p. 310).
« La transmission opère par le lien. Si nous coupons le lien, par exemple en cloisonnant le monde, il n’y a plus de transmission » (Céline Alvarez).
« La vie est comme un arbre et les racines sont sa conscience. Lorsque nous prenons soin des racines, l’arbre entier s’en porte mieux » (Deepack Chopra).
Dès le IVe siècle, le traditionnel conflit de devoirs est posé par Ambroise de Milan : ou bien le chrétien observera le précepte selon lequel il doit s’abstenir de toute violence mais il manquera à l’obligation qui est la sienne de venir en aide à la victime de l’agression injuste, il deviendra alors complice de l’injuste agresseur ; ou bien il mettra sa force à la disposition de la victime de l’injustice et il manquera au précepte de non-violence contenu dans l’Évangile.
Nous avons les moyens aujourd’hui de sortir de ce dilemme très mal posé, au regard des actuelles ressources en gestion des conflits. Voir le schéma ci-dessous.
La meilleure défense possible n’est pas dans la contre-agression ni dans la passivité, elle est dans une mobilisation de nos meilleures forces vives (CD juste, CV et NE…) à même de réguler la violence des individus et d’optimiser les sorties de crise. « Renoncer à l’usage de la force » est une formule inadéquate qui crée le dilemme entre force (sous-entendue violente) ou non-force (sous-entendue non-violente ; à vrai dire, passivité). Le défi est d’optimiser le déploiement des forces sociales, économiques, culturelles, politiques, etc., qui font effectivement reculer le seuil des violences légitimées en dernier recours.
C’est dans le régime du « oui à la non-violence autant que possible mais il faut bien la violence en dernier recours » que les doctrines de la guerre juste ont aménagé les exceptions, étudié la licéité de la guerre dans certains cas, avec l’intention d’éclairer les politiciens à partir de la morale. C’est dans un mouvement très différent du « non seulement la fin juste mais déjà et encore des moyens non piégés par la violence » que les théologies de la paix juste s’intéressent à débloquer nos potentiels de créativité quand nous excluons les moyens violents : ouvrir les possibles et inventer les alternatives qui font effectivement reculer le seuil fatal du conflit basculant dans une violence sans retour. Tant de batailles sont gangrenées par le mal qu’elles prétendent combattre. Tant de violences justifiées en tant que « moindre mal » sont à vrai dire un mal qui se rajoute au premier, un « double mal ». Tandis que les théologiens d’antan s’intéressaient aux exceptions de légitime violence, que l’on doit bien accepter dans ce monde corrompu par le péché (la fin juste justifiant in fine les moyens violents, à titre de moindre mal), les porteurs du nouveau paradigme soulignent avec Gandhi la cohérence entre fin et moyen et s’intéressent au mécanisme inverse, à la manière dont des moyens injustes corrompent les fins et les rendent finalement injustes. La fin valant ce que valent les moyens, ils se concentrent sur les conséquences nécessairement impliquées par le jeu même des moyens mis en œuvre, et surtout ils apprennent comment déjouer les pièges diaboliques de la violence aussi glissante qu’une planche-à-savon très penchée, qui entraîne irrésistiblement les belligérants vers une riposte toujours plus aveugle.
Extrait de mon article à paraître dans les Actes du Colloque sur les paix justes, tenu à la Catho de Paris, 10-12 mars 2022.