Mobutu paya en monnaie de singe

À la fin de son règne, Mobutu Sese Seko faisait venir d’Ostende des avions remplis de ce nouveau billet de cinq millions de Zaïre, qu’il faisait descendre dans la population par toutes les personnes complices de son régime corrompu, notablement par la solde des militaires.  La population appelait ce nouveau billet « MOKOMBOSO », qui désigne en lingala un singe de la famille des chimpanzés. Un refus de masse a pu être organisé, notamment au départ à partir de petits groupes engagés dans la désobéissance civile non-violente. Ainsi, après s’être concertées, toutes les mamans d’un même marché adoptaient la même attitude, face aux militaires y venant acheter quelque chose avec ce nouveau billet de banque : « Mon fils, ce billet n’est pas valable, je n’en veux pas. Tiens, prends ces légumes sans payer cette fois, et reviens la prochaine fois avec d’autres moyens de paiement ». Touché dans sa conscience, le soldat revenait à la caserne et touchait à son tour la conscience de son supérieur, qui lui-même faisait remonter le refus de la population d’être payée en monnaie de singe…

Tendre l’autre joue, c’est aimer son prochain ET être lucide sur les injustices du système ET organiser une non-coopération collective mettant efficacement des bâtons dans les roues d’un point précis de ce système injuste.

Solide terre, solidaires

« Cultiver un potager, ce n’est pas seulement produire ses légumes. C’est apprendre à s’émerveiller du mystère de la vie » (Pierre Rabhi).

« Deux biens sont pour nous aussi précieux que l’eau ou la lumière pour les arbres : la solitude et les échanges » (Christian Bobin).

« Il nous faudra sans doute, pour changer jusqu’aux tréfonds de nos consciences, laisser nos arrogances et apprendre avec simplicité les gestes qui nous relient aux évidences » (Pierre Rabhi).

Entrer en société

« Être capable de communier avec les autres êtres par une activité nue et dépouillée qui, en nous arrachant à nous-même, nous donne accès à la totalité du réel, dont l’existence individuelle nous avait d’abord séparés.

Tout homme qui prétend garder quelque chose pour lui seul se forge à lui-même sa propre solitude.

Connaître l’extrémité de la pauvreté, en s’ouvrant sur la totalité du monde avec un cœur pur et des mains libres, pour connaître l’extrémité de la richesse qui nous permet à chaque instant, en abolissant en nous toute arrière-pensée, d’entrer réellement en société avec tous les êtres que Dieu met sur notre chemin » (Louis Lavelle, Tous les êtres séparés et unis, 1940, début de la deuxième guerre mondiale il y a 82 ans).

Le réseau Church and Peace

En tant que membre du CA de Church and Peace, j’interviens dans la conférence internationale « Division. La guerre. Non-violence » qui se tiendra du 20 au 23 octobre à Crikvenica, en Croatie. Nous apprendrons les uns des autres, écouterons notamment les expériences des artisan∙e∙s de paix dans le pays et dans la région, Ce sera un espace pour nommer nos pistes de résolution des conflits, pour partager les expériences de succès ou d’échec et pour travailler à partir d’elles. Comment adhérer à la vision non-violente de l’Évangile dans les temps de guerre actuels ? 
Pour plus d’informations, voir :  www.church-and-peace.org/fr/2022/05/conference-internationale-2022-croatie

Réussir une mobilisation collective est un art qui s’apprend

En cliquant sur le lien ci-dessous, vous accéderez à l’article dans lequel je présente la méthode D-I-A-P-O-S, qui est la suite sociopolitique de la méthode C-R-I-T-E-R-E : après avoir appris à gérer mes conflits intérieurs et mes conflits interpersonnels, comment je peux contribuer efficacement à faire tomber les injustices sociétales ?

Bonne lecture !

Le cercle vicieux de la contre-violence

Au rayon des violences, il en est une particulièrement bien habillée. Elle s’appelle violence légitime, celle que nous pouvons justifier, celle que nous nous autorisons lorsque nous réagissons contre l’agression, celle que nous jugeons efficace et nécessaire pour établir la justice ou défendre la liberté. […] Recevant une gifle, je vais chercher spontanément à la rendre, en plus fort si possible. Cette “contre-violence” est une réaction instinctive. Mais elle enclenche un cercle vicieux : en me défendant par la violence, je deviens à mon tour agresseur. En restant dans le même registre, celui de la violence, je me laisse infecter par le mal contre lequel je réagis. Je veux combattre un mal, une injustice. Mais en me trompant de moyens, je suis ce médecin qui soigne une plaie avec des outils infectés par les mêmes microbes. Résultat : au lieu de réparer le mal, je le redouble, je le renforce un peu plus! Non seulement je rate mon but mais je corromps moi-même ma “juste cause”.

La logique de la violence est circulaire. La violence d’un jeune s’enracine dans celle de ses parents, de son milieu, et ainsi de suite. Et la violence devient fatalité, occasion idéale pour chacun de légitimer et justifier sa propre violence. Car, nous le savons, plus on laisse dégénérer la spirale de la violence, plus il est difficile de s’en sortir…

Notre violence s’enracine dans nos peurs de l’autre. Martin Luther King a parlé avec clarté de la “spirale de la violence” : peur => violence  => haine. Ainsi, dans l’insécurité grandissante de leur quartier, à Philadelphia, aux USA, beaucoup de personnes se sont procurées des armes, pour se sentir plus en sécurité. Mais les études de sociologie ont montré que c’est en fait le contraire qui s’est produit. Les gens se sont enfermés dans une psychose collective de peur, jusqu’à ce drame malheureux du père de famille croyant abattre un cambrioleur en pleine nuit et tuant en fait son fils, qui s’était lever pour boire un verre d’eau à la cuisine.

Martin Luther King a dit : “L’ultime faiblesse de la violence est qu’elle est une spirale descendante, engendrant la chose même qu’elle cherche à détruire. Au lieu de diminuer le mal, elle le multiplie. Par la violence, vous tuez le haineux, mais vous ne tuez pas la haine. En réalité, la violence ne fait qu’augmenter la haine… La contre-violence multiplie la violence, ajoutant une plus grande obscurité à une nuit déjà dépourvue d’étoiles. L’obscurité ne peut chasser l’obscurité; seule la lumière le peut. La haine ne peut éliminer la haine; seul l’amour le peut” (extraits d’Étienne Chomé, Le cercle vicieux de la contre-violence, article paru à l’île Maurice le 11 février 2000 et repris complètement ici, au n° 4 :

http://etiennechome.site/outils-pour-de-meilleures-relations-humaines/.

Maternité éternité humanité

Chez les Himbas de Namibie, en Afrique australe, la date de naissance d’un enfant est fixée bien avant sa venue au monde, avant même sa conception : au jour où l’enfant est accueilli dans l’esprit de sa mère.

Quand une femme souhaite un enfant, elle s’installe sous un arbre et écoute jusqu’à ce que monte en elle la chanson de l’enfant qui veut naître. Elle va alors à l’homme qui sera le père de l’enfant pour lui enseigner la chanson de l’enfant, qu’ils chantent pendant qu’ils font l’amour, avec l’intention de l’inviter.

Une fois enceinte, la maman enseigne le chant de cet enfant aux sage-femmes et aux femmes aînées du village. Ainsi, en naissant, l’enfant est accueilli par elles chantant sa chanson.

Au fur et à mesure que l’enfant grandit, les autres villageois apprennent sa chanson. Si bien que quand l’enfant tombe, il se trouve toujours quelqu’un pour le relever et lui chanter sa chanson. De même, si l’enfant fait quelque chose de merveilleux, par exemple traverse avec succès les rites de passage, les gens du village l’honorent par son chant.

De même, plus tard, s’il commet un crime ou un acte social déplacé, il sera appelé au centre du village et tous, en cercle autour de lui, chanteront sa chanson. La tribu reconnaît ainsi que la correction d’un comportement antisocial ne passe pas par la punition mais par l’amour et le rappel de l’identité profonde, qui nous gardent de nuire aux autres.

De même, sur son lit vers la mort, tous les villageois connaissant sa chanson, la lui chanteront, pour la dernière fois.

Sauvage est l’âme où résident passion et créativité

« Être pleinement humain, c’est être sauvage.
La sauvagerie, c’est l’étrange attraction et
le murmure de la sagesse.
C’est le doux coup de pouce et la douleur intense.
C’est ta vérité, transmise par tes anciens,
et le courant de vie dans ton sang.
Sauvage est l’âme où résident passion et créativité,
sauvage est le battement de ton cœur.
Sauvage est ce qui est réel.
La sauvagerie est ta maison »
(Victoria Erickson).