Dans mon livre Le nouveau paradigme de non-violence, je consacre 80 pages à la stratégie non-violente du faible au fort pour mettre fin à une injustice et à la stratégie non-violente du fort au faible pour mettre fin à une agression.
J’y soutiens que plus le rapport de forces est inégal, plus il est dans l’intérêt du faible de recourir à des moyens non-violents pour obtenir justice, en impliquant l’ensemble de la Communauté internationale. Et plus on regarde à long terme tous les effets de l’option armée, plus apparaît la pertinence d’un tel choix politique, tenant compte de tous les pièges de la violence qui engendre encore davantage de violences… Plus l’injustice est nette et la domination est abjecte, plus la pertinence d’une telle stratégie se comprend facilement à court terme.
Une telle pertinence peut se montrer même dans les cas ukrainiens et palestiniens. Les peuples ukrainien et palestinien ont besoin de leaders formés aux techniques non-violentes et de soutiens de la part d’acteurs aguerris dans ce domaine.
Dans l’image, devinez ce que c’est ? Ma réponse : voir tout en bas… Indice : manger avec des baguettes et se soigner avec l’acuponcture !
Sous la houlette d’un pape qui cherche à décléricaliser l’Église, le synode sur la synodalité s’est ouvert à un nombre croissant de laïcs (dont 40 femmes), à la recherche ensemble de modes de gouvernance davantage partagée. Les Églises protestantes ont des expériences intéressantes à partager en la matière… Cf. Ludovic Lado sj, Du synode des évêques au synode de l’Église : une révolution ecclésiologique ? (https://www.la-croix.com/debat/synode-eveques-synode-lEglise-revolution-ecclesiologique-2023-11-01-1201289031 ) & mon collègue Stijn Van den Bossche, La soutane, Satan du synode (https://www.cathobel.be/2023/11/la-soutane-satan-du-synode/).
Dans un petit café belge, deux personnes s’approchent du comptoir : « Cinq cafés, s’il vous plaît, deux pour nous et trois suspendus. » Elles paient, prennent leurs deux cafés et partent. Plus tard, un homme habillé avec des vêtements usés arrive au comptoir et demande cordialement : « Avez-vous un café suspendu ? » Et le serveur lui sert un café…
Précieuse pour les personnes qui ne peuvent pas se payer une boisson chaude, cette tradition des « cafés suspendus » , qui peut aussi servir pour un repas…
Pour Gandhi, choisir un chemin de non-violence, c’est fermement s’accrocher – s’agripper même – à la force de la Vérité. « La démarche fondamentale de Jean et Hildegard Goss-Mayr est d’aller trouver l’autre et désirer qu’à travers l’échange, la vérité se fasse. Dans une telle rencontre, il n’y a pas que mon interlocuteur et moi. Nous ne sommes pas seuls. Il y a entre nous deux la Vérité qui va faire son œuvre dans les consciences. Mon rôle à moi, c’est de dire la vérité avec courage, quoi que cela me coûte. Je ne la possède pas, elle ne m’appartient pas. Mais tu ne la possèdes pas davantage, elle ne t’appartient pas non plus. La vérité est comme un espace sacré entre nous deux et elle va nous faire faire un chemin ensemble qui part de nos vérités subjectives et qui aboutit à la « vérité de la situation », dépolarisée. L’épée est certes tranchante, le glaive de la vérité a lui aussi son tranchant ! En voici un exemple saisissant : alors que Mgr Romero hésitait à dénoncer les injustices dans son pays, Goss vient à lui en simplifiant tout, c’est-à-dire en allant à l’essentiel. Il dit : « Monseigneur, vous n’avez qu’une seule chose à faire, c’est de dire la vérité, simplement, que tout le monde connaît mais que personne n’ose dire, par peur d’être éliminé. Si vous dites la vérité, certes, vous serez tué, mais seulement après avoir dit la vérité. » Et c’est ce qui s’est passé » (Chomé Étienne, Jean Goss (1912-1991) et Hildegard Goss-Mayr, au service de la non-violence évangélique active : engagement, impact et influence, dans Actes du colloque du M.I.R., juin 2023).
Moins je me comporte en proie apeurée, moins je risque de finir en chair à pâtée dans la gueule du lion !
Plus je brouille le modèle de relation duale prédateur / proie, moins le molosse qui court vers moi fera son métier.
Moins je donne les réponses attendues d’une proie, plus je fais dérailler le scénario classique.
Personnellement, j’adore avancer résolument vers le molosse, en poussant les cris tonitruants de ma ménagerie intérieure (éléphant, singe et le plus efficace étant le coq)…
Pour approfondir la corrélation entre passivité et violence et ce qui permet de sortir d’une relation victime / agresseur, lire mon article :
Et voici quelques extraits de mon article sur Élie, écrit il y a 16 ans, …pour aujourd’hui encore : « Élie dit au peuple : « saisissez les prophètes de Baal et égorgeons-les. Que pas un ne s’échappe ! » » (1 R 18,40). Il s’est trouvé à toutes les époques des hommes pour légitimer à partir de ce verset biblique les moyens violents de leur bonne cause. Aujourd’hui encore, en Israël, ce passage est cité par des militaires juifs qui trouvent dans leur ancêtre le modèle d’une foi virile, courageuse et ferme dans le combat contre l’ennemi d’Israël. Aujourd’hui encore, sur une des hauteurs du Mont Carmel, en Israël, le prophète Élie est représenté une épée à la main, les têtes de ses ennemis, les prophètes de Baal, à ses pieds. Pour comprendre la présence et l’action de Dieu dans ce verset, il faut lire et bien comprendre sa présence et son action dans les chapitres 17 à 19 qui forment un tout structuré en trois parties.
[…] Accusé par le roi, Élie retrouve sa logique d’affrontement et lance un défi. Il relance sa guerre sainte… Il se met au centre. Dans son ardeur, il tend à caricaturer et à diaboliser les autres. […] Non seulement Élie n’obéit pas à Dieu qui lui a demandé en 18,1 de transmettre au roi Sa promesse de vie, mais en plus il exploite l’information reçue, pour orchestrer une éclatante victoire contre ses adversaires adeptes de Baal. […] Plus grave, Élie tire à nouveau la couverture à lui au moment-clé de son holocauste, […] comme le souligne l’exégète André Wenin : « Contrairement à ce qu’il dit, ce n’est pas par la parole du Seigneur qu’il a fait toutes ces choses. Ni le déclenchement de la famine, ni l’agression du roi aux abois, ni encore ce rassemblement au Carmel ne lui ont été suggérés par la parole divine ».
[…] Par sa malédiction (au chap. 17,1) et par sa logique de puissance (dès le début du chap. 18), Élie a contribué à l’envenimement du conflit, à son escalade. La violence engendrant la violence, Élie perd le contrôle de la situation qu’il avait jusque-là bien en mains. L’entrée en scène de la reine Jézabel renverse les données. Et au jeu de la force, c`est elle qui va avoir le dernier mot. Élie se retrouve en danger de mort, il prend peur et fuit pour sauver sa vie. « C’est ainsi qu’Élie découvre à quoi mène la logique de puissance dont il n’a pu se défaire : la violence de l’orgueil qui cherche à dominer l’autre –le roi–, violence de l’élimination de l’autre –les prophètes de Baal–, violence de la preuve assénée qui prive l’autre –Dieu– à fournir un signe indubitable de puissance » (Wénin). Dans l’impasse, Élie s’écrie : « Seigneur, prends ma vie car je ne vaux pas mieux que mes pères » (1 R 19,4). Sa vulnérabilité et sa faiblesse vont à nouveau être l’occasion pour Dieu de se faire mieux connaître : Il est le Seigneur de la Vie, pas de la mort, Seigneur du don de soi, pas de la violence, qui va accompagner Élie avec douceur, sagesse, patience, jusqu’à la renonciation de la violence ».
Chamarel, ce beau coin de l’île Maurice, avec sa terre aux 7 couleurs, du rouge au brun à cause des oxydes de fer et du bleu au violet à cause des oxydes d’aluminium. Comme les particules de fer et d’aluminium sont répulsives, les 7 sables colorés même mélangés se réarrangent et se remettent à côté de ceux qui ont la même couleur : qui se ressemble, s’assemble ? Qu’en est-il des 7 couleurs de l’arc-en-ciel et de nos communautés / communes ôtées ?-
« Il faut lire ‘La Tactique du diable’ de l’écrivain anglais Lewis. L’éducation d’un élève démon par le grand Lucifer » (Stan Rougier).
« On ne peut affronter le scandale de la pauvreté en promouvant des stratégies de contrôle qui ne font que tranquilliser et transformer les pauvres en des êtres apprivoisés et inoffensifs. Qu’il est triste de voir que, derrière de présumées œuvres altruistes, on réduit l’autre à la passivité, on le nie ou, pire encore, se cachent des affaires et des ambitions personnelles : Jésus les définirait hypocrites. Qu’il est beau en revanche lorsque nous voyons en mouvement des peuples et surtout leurs membres plus pauvres et jeunes. Là, on sent vraiment le vent de la promesse qui ravive l’espérance d’un monde meilleur. Que ce vent se transforme en ouragan d’espérance. Tel est mon désir » (Pape François, à la rencontre mondiale des mouvements populaires, 28 octobre 2014).
Des amis qui ont du fuir leur pays après avoir échappé à la mort à cause de leurs engagements de Peacebuilders ont trouvé refuge au nord de la Finlande. Ils m’envoient les images de leurs paysages déjà habillés du manteau de neige : incomparable beauté.
Ici, par contre, à Maurice, c’est le ‘printemps’ : la floraison magnifique des jacarandas et autres membres de la Cour royale annonce celle de sa Majesté, Sire Flamboyant, qui sera le dernier des arbres à éclater de ses mille feux…
De l’extrême nord et de l’extrême sud de la planète, nous voyons la même lune mais elle nous apparaît inversée. Il est bon d’honorer nos contextes culturels si différents. Blaise Pascal disait : « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Le rapport à la vie et à la loi se vivent si différemment ici et là-bas…
Bons baisers de l’île arc-en-ciel. Vers vous, chers amis, j’envoie une pluie de cœurs douce et chaude. Elle vous parviendra au travers d’un arc-en-ciel à la fois lumineux et pluvieux : qu’il colore nos vies et abreuve notre amitié…