L’assertivité : dire quand je suis blessé sans blesser à mon tour,apporter dans l’espace commun toute la consistance de mes élans de vie, tout en offrant ma profonde curiosité aux tiens, exprimer mes besoins et écouter les tiens, dans une relation d’égale à égale. En analyse transactionnelle, l’assertif déploie le top relationnel : je suis OK ET tu es OK ET personne n’est toqué ! OK (0 killed) ?
Depuis le ive siècle, l’Évangile de la joue tendue a été unanimement reçu comme un appel à ne pas résister, à renoncer à ses droits propres, à supporter patiemment l’injustice. Depuis 70 ans, des groupes de chrétiens utilisant la non-violence en politique proposent une autre interprétation. « On vous a dit : Œil anti œil et dent anti dent. Moi, je dis : Ne vous anti-posez pas » (Mt 5, 38-39a) ; ἀντιστῆναι / antistènai est un terme militaire : se placer en face pour lutter, se dresser contre, s’opposer à, comme deux fronts d’armées se faisant face. Moi, je vous dis de ne pas jouer le jeu du méchant, de ne pas le laisser vous enfermer dans ce face-à-face. Moi, je vous dis de résister mais sans riposter, sans rendre coup pour coup, sans utiliser les mêmes armes que celui qui vous fait du mal. Suivent en Mt 5, 39b-41 trois exemples incisifs qui mélangent subtilement bon droit et abus de pouvoir. À chaque fois, Jésus propose une initiative déroutante qui retourne le système injuste contre lui-même, ce qui a pour effet de le subvertir de l’intérieur. En bref, tendre la joue signifie pour le subalterne non pas laisser faire mais au contraire empêcher une deuxième gifle du même ordre (le revers de la main droite sur une joue droite désigne au temps de Jésus le soufflet qui rabaisse l’esclave à son rang). Devant un visage qui se tourne à droite, le supérieur est contraint pour gifler à nouveau, d’employer l’intérieur de sa main et non plus son revers ; sur le plan social, l’effet est de reconnaître l’inférieur comme son égal ; sur le plan religieux, l’effet – rédhibitoire – est de se rendre soi-même impur. Giflé pendant son procès devant Pilate, Jésus montre comment tendre l’autre joue (le mot employé est alloset noneteros) : il établit une altérité qui touche la conscience du soldat.
Laisser mon manteau, quand je suis un pauvre endetté poursuivi par l’huissier de justice me prenant tout jusqu’aux sous-vêtements, cela revient à me déposséder de la seule chose matérielle que l’on n’a pas le droit de me prendre et aussi à me retrouver nu : retournement de la honte, par lequel se retrouve soudain sur la sellette le riche sans scrupules, qui profite de son bon droit économique de créance.
Faire mille pas de plus au service d’un agent d’occupation qui profite de son bon droit politique de réquisition, c’est une manière originale de contester avec amour ce droit que s’arroge le colon, en opérant un retournement de situation : il peut être mis en tort d’avoir dépassé la borne (plantée tous les mille pas sur les ViaeRomanae) !
Cette interprétation honore le mouvement d’ensemble des « Vous avez entendu qu’il a été dit (aux Anciens)… . Or moi, je vous dis… » ; ce refrain rythme Mt 5, 21-48, avec six couplets, qui disent crescendo : la loi dit non à toutes les formes de violence, du plus proche au plus lointain, de celles que nous faisons subir aux autres (meurtre, mensonge, concupiscence) à celles que nous subissons des autres (5e et 6e antithèses). Jésus accomplit la loi, il la fait tenir debout à partir de sa racine, il l’établit définitivement selon son intention propre : « Il a été dit…, moi je donne le sens fondamental », à partir de la justice du Royaume du Père (ce sont les 3 mots récurrents et centraux de ce Sermon sur la montagne, en Mt 5, 6 et 7). Que nous soyons tous ses filles et fils, donc frères et sœurs, change radicalement nos relations… Les six antithèses / racines fonctionnent toutes selon le même mouvement : pas seulement le meurtre mais déjà les jugements diabolisant l’autre et les paroles de haine qui y conduisent. Pas seulement la finalité de la justice mais encore l’importance de choisir d’autres moyens que la violence. Non seulement un combat juste mais déjà les moyens d’une paix juste.
Au début de sa thèse sur la doctrine de la guerre juste (publiée en 1962), René Coste consacre quelques lignes à l’Évangile, juste le temps nécessaire à justifier qu’un tel amour oblatif nous parle du Royaume et qu’il n’est pas compétent pour cette problématique terre-à-terre. Il explique qu’en cette matière, seules les lumières du droit naturel éclairent. À l’opposé, à la même époque, Martin Luther King et d’autres pasteurs redonnent à l’Évangile un rôle central, en comprenant la non-violence évangélique comme un acte de résistance politique : la vie et la prédication de Jésus sont la source même de leur lutte non-violente pour faire tomber une injustice. Il est au fondement d’un cadre de pensée qui va bientôt engendrer une nouvelle théologie de la paix juste. Jésus n’a pas été un politicien et il refuse tout messianisme politico-religieux. Mais il ne fuit pas le conflit ; il crée même la confrontation. Il est assertif, franc et combatif. Le ferment de l’Évangile a mis quelques générations pour subvertir l’Empire romain mais il l’a révolutionné ! Car Jésus a sapé les fondements mêmes de la domination des uns sur les autres, de l’esclavage, de l’oppression politique et économique. En ce sens, Jésus résolument déterminé est plus révolutionnaire que les révolutionnaires » (Étienne Chomé, Vers une théologie de la paix juste, grâce aux nouvelles pratiques en gestion des conflits, dans Actes du colloque Paix des Églises : paix du monde ?, ISEO, Paris, 2023, p. 205-214).
Extraits du discours du Pape au Palais de la Nation congolais, ce 31 janvier 2023 :
« Chères femmes et chers hommes Congolais, votre pays est vraiment un diamant de la création; mais vous, vous tous, êtes infiniment plus précieux que toutes les choses bonnes qui sortent de ce sol fertile ! Déversez-y vos dons d’intelligence, de sagacité et d’assiduité. Courage, frère et sœur congolais, relève-toi, reprends dans tes mains, comme un diamant très pur, ce que tu es, ta dignité, ta vocation å garder en harmonie et en paix la maison que tu habites. Revis l’esprit de ton hymne national, en rêvant et en mettant en pratique ses paroles: Par le dur labeur, nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix.
Chers amis, les diamants, généralement rares, abondent ici. Si cela vaut pour les richesses matérielles cachées sous la terre, cela vaut à plus forte raison pour les richesses spirituelles enfermées dans vos cœurs. Et c’est précisément à partir des cœurs que la paix et le développement sont possibles car, avec l’aide de Dieu, les êtres humains sont capables de justice et de pardon, de concorde et de réconciliation, d’engagement et de persévérance pour mettre à profit les talents reçus.
Après le colonialisme politique, un « colonialisme économique » tout aussi asservissant s’est déchainé. Ce pays, largement pillé, ne parvient donc pas à profiter suffisamment de ses immenses ressources: on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent « étranger » à ses habitants. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants. C’est un drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche. Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser.
Une diplomatie de l’homme pour l’homme, des peuples pour les peuples, doit se déployer, selon laquelle les opportunités de croissance des personnes soient au centre, et non le contrôle des zones et des ressources, les visées d’expansion et l’augmentation des profits.
Une fois travaillé, la beauté du diamant. provient également de sa forme, de ses nombreuses facettes harmonieusement disposées. Ce pays, riche de son pluralisme typique, a lui aussi un caractère polyédrique. C’est une richesse qui doit être conservée, en évitant de glisser dans le tribalisme et la confrontation, en ne bloquant pas la nécessaire « chimie de l’ensemble ». À propos de chimie, il est intéressant de noter que les diamants sont constitués des seuls atomes de carbone, lesquels, s’ils étaient reliés différemment, formeraient du graphite. La différence entre la luminosité d’un diamant et l’obscurité du graphite provient de la manière dont les atomes individuels sont disposés dans le réseau cristallin. Cette métaphore exprime le fait que le problème n’est pas la nature des hommes ou des groupes ethniques et sociaux, mais la manière dont on décide d’être ensemble. La volonté ou non de se rencontrer, de se réconcilier et de recommencer fait la différence entre l’obscurité du conflit et un avenir lumineux de paix et de prospérité.
Chers amis, le Père céleste veut que nous sachions nous accueillir comme les frères et sœurs d’une même famille, et travailler à un avenir qui soit avec les autres et non contre les autres. « Bintu bantu »: c’est ainsi que l’un de vos proverbes rappelle très bien que, la vraie richesse, ce sont les personnes et les bonnes relations entre elles.
Le diamant, dans sa transparence, réfracte admirablement la lumière qu’il reçoit. Beaucoup d’entre vous brillent par le rôle qu’ils jouent. Celui qui détient des responsabilités civiles et gouvernementales est appelé à agir avec une clarté cristalline, en vivant la fonction reçue comme un moyen de servir la société. Le pouvoir n’a de sens en effet que s’il devient service. Combien il est important d’agir dans cet esprit, en fuyant l’autoritarisme, la recherche de gains faciles et la soif d’argent que l’apôtre Paul désigne comme la racine de tous les maux (1 Tm 6,10). Et en même temps, favoriser des élections libres, transparentes et crédibles; étendre davantage aux femmes, aux jeunes et aux groupes marginalisés, la participation aux processus de paix; rechercher le bien commun et la sécurité des personnes plutôt que les intérêts personnels ou de groupes; renforcer la présence de l’État partout sur le territoire. Que l’on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l’exploiter et de faire des affaires honteuses: cela n’apporte que discrédit et honte, avec la mort et la misère. Au contraire, il est bon de se rapprocher des personnes pour se rendre compte de la manière dont ils vivent. Elles font confiance lorsqu’elles sentent que les gouvernants sont réellement proches, non pas par calcul ou par exhibition, mais par service.
Dans la société, ce sont souvent les ténèbres de l’injustice et de la corruption qui obscurcissent la lumière du bien. Il y a des siècles, saint Augustin, né sur ce continent, se demandait déjà: « Si la justice n’est pas respectée, que sont les États, sinon des bandes de voleurs ?. (De civ. Dei, IV, 4). Dieu est du côté de ceux qui ont faim et soif de justice (cf. Mt 5, 6). Il ne faut pas se lasser de promouvoir dans tous les domaines le droit et l’équité, en luttant contre l’impunité et la manipulation des lois et de l’information.
Un diamant sort de la terre authentique mais brut, nécessitant un travail. De même, les diamants les plus précieux de la terre congolaise que sont les enfants de cette nation doivent pouvoir bénéficier de véritables opportunités éducatives qui leur permettent de mettre pleinement à profit leurs brillants talents. L’éducation est fondamentale: elle est la voie de l’avenir, la route à emprunter pour atteindre la pleine liberté de ce pays comme du continent africain.
Le diamant, don de la terre, appelle à la sauvegarde de la création, à la protection de l’environnement.
Enfin, le diamant est le minéral d’origine naturelle qui présente la plus grande dureté. Sa résistance aux produits chimiques est très grande. La répétition continuelle des attaques violentes ainsi que les nombreuses situations de détresse pourraient affaiblir la résistance des Congolais, miner leur force d’âme, les conduire à se décourager et à s’enfermer dans la résignation. Mais, au nom du Christ qui est le Dieu de l’espérance, le Dieu de toute possibilité qui donne toujours la force de recommencer, au nom de la dignité et de la valeur des diamants les plus précieux de cette terre splendide que sont ses habitants, je voudrais inviter chacun à un nouveau départ social courageux et inclusif. »
Aujourd’hui, c’est jour férié à l’île Maurice, pour célébrer ensemble l’abolition de l’esclavage.
Les Mauriciens ont un rythme de fêtes familiales et sociales nul autre pareil (je le dis sur base de la cinquantaine de pays où je me suis déchainé ; merci à chaque peuple de m’avoir fait avancer sur ma conscience de mes propres chaînes, en fer / enfers qui commencent par des préjugés).
Leur grand danger : l’alcool… Bon jour férié, vou zot tou… Bonnes libérations !
« Si, comme le disent les colons, on ne peut cultiver les Antilles qu’avec des esclaves, il faut renoncer aux Antilles. La raison d’utilité de la servitude pour la conservation des colonies est de la politique de brigands. Une chose criminelle ne doit pas être nécessaire. Périssent les colonies, plutôt qu’un principe » (Victor Schoelcher en 1842).
« La sortie de crise est très, très lointaine. Elle nécessiterait une stabilité militaire sur le terrain afin de permettre aux Ukrainiens d’être en position de force pour envisager de s’asseoir à la table des négociations » (Simon Schlegel, International Crisis Group).
« Nous voulons la paix et pas seulement un armistice qui ne sert qu’à réarmer. Une paix véritable est le fruit d’un dialogue, elle ne s’obtient pas par les armes, lesquelles ne vainquent pas la haine et la volonté de domination, qui réapparaîtront, peut-être d’une autre manière, mais elles réapparaîtront. Chacun doit travailler à démilitariser les cœurs, à commencer par le sien, et ensuite à désamorcer la violence, à désarmer. Nous devons tous être pacifistes. […] Le Saint-Siège essaie de construire un réseau de relations qui favorise un rapprochement entre les parties pour trouver des solutions. En outre, nous faisons tout ce que nous pouvons faire pour aider les prisonniers » (Pape François, interrogé sur la Russie et l’Ukraine dans une interview accordée au quotidien italien La Stampa mi-novembre 22).
Démilitariser l’écœure… Démilitariser les cœurs… Oser sortir des corps-à-corps pour en venir à des accords ! Aller des désaccords au chœur en passant par des cœur à cœur !
Voci des extraits de mon livre Le nouveau paradigme de non-violence, p 241-242 et p. 304-35 :
Le caractère inacceptable des horreurs de la guerre fait consensus. Ceci dit, pour ne pas les revivre, il ne suffit pas de « dessiner des pigeons et signer des appels », comme dit Gaston Bouthoul, dans sa Lettre ouverte aux pacifistes. Le défi est de mettre en place des alternatives crédibles de défense efficace nous permettant effectivement de désamorcer les violences. « Supprimer les guerres, c’est résoudre les conflits autrement que par l’usage des armes. Il s’agit donc bien d’imaginer d’autres moyens que les armes de la violence pour résoudre humainement les inévitables conflits humains » (Jean-Marie Muller, Vous avez dit : « Pacifisme ? »).
Traditionnellement, la défense se résumait à des dispositifs militaires. Avec l’essor de la résolution des conflits, une défense globale donne beaucoup plus de place à la défense civile citoyenne. La composante armée est insérée dans une mobilisation de toutes les forces économiques, sociales et culturelles. Traditionnellement, la doctrine de la guerre/paix juste stipule que « le dernier recours » de la violence n’est moralement autorisé qu’en cas d’échec durable des stratégies non-violentes. Mais quelle chance un pays donne-t-il à celles-ci lorsque plus de 99 % de son budget de défense est alloué à l’armée, largement dépendant du lobby militaro-industriel ? Dans divers pays, des citoyens osent faire objection de conscience précise : ils paient leurs impôts sauf +/- 2 % (l’équivalent de leur participation au budget militaire national), en expliquant à leur gouvernement leur refus de coopérer à sa politique militariste et en affectant ces +/- 2 % au financement d’expériences novatrices de défense civile citoyenne et des programmes de paix constructive. L’union fait la force : si une masse critique de citoyens bouge, toute la Nation bougera.
Les acteurs engagés dans des interventions civiles de paix revendiquent un statut d’acteurs à part entière dans les conflits de ce monde et dans la construction de la paix véritable, au moyen d’une politique multidimensionnelle, active et crédible, de promotion de la paix. Des statuts juridiques ont encore à être pensés pour ceux qui ne réclament pas un droit d’objection de conscience absolue mais qui contestent aussi l’obligation d’enrôlement militaire automatique sous les drapeaux. En 1994, les évêques américains disaient : « Le besoin se fait sentir de mieux définir les relations justes entre l’autorité de l’État et la conscience de l’individu sur les questions de la guerre et de la paix », invitant à réfléchir à « l’objection de conscience sélective » (Conférence épiscopale des États-Unis, Le fruit de la justice est semé dans la paix).
Bienheureux les leaders comme Gandhi montrant au plus grand nombre de leurs concitoyens comment prendre toute leur place dans la construction d’une paix juste.
Voici quelques morceaux extraits du message du pape François célébrant la journée mondiale de la paix, en ce 1er janvier 2023 :
Personne ne peut se sauver tout seul. […] Il a résulté de l’expérience de la Covid-19 une conscience plus forte qui invite chacun, peuples et nations, à remettre au centre le mot « ensemble ». En effet, c’est ensemble, dans la fraternité et la solidarité, que nous construisons la paix, que nous garantissons la justice et que nous surmontons les événements les plus douloureux. […] L’autre fléau : le virus de la guerre est certainement plus difficile à vaincre que ceux qui affectent l’organisme humain, car il ne vient pas de l’extérieur mais de l’intérieur, du cœur humain, corrompu par le péché (cf. Évangile de Marc 7, 17-23). […] Pensons à la lumière du bien commun, avec un sens communautaire c’est-à-dire comme un « nous » ouvert à la fraternité universelle. Nous ne pouvons pas continuer à nous protéger seulement nous-mêmes, mais il est temps de nous engager tous pour guérir notre société et notre planète, en créant les bases d’un monde plus juste et plus pacifique, effectivement engagé dans la poursuite d’un bien qui soit vraiment commun. […] Les nombreuses crises morales, sociales, politiques et économiques que nous vivons sont toutes interconnectées. Nous sommes appelés à relever les défis de notre monde, avec responsabilité et compassion, pour mettre fin aux conflits et aux guerres qui continuent à faire des victimes et à engendrer la pauvreté ; prendre soin, de manière concertée, de notre maison commune et mettre en œuvre des mesures claires et efficaces pour lutter contre le changement climatique ; combattre le virus des inégalités et garantir l’alimentation ainsi qu’un travail décent pour tous, en soutenant ceux qui n’ont pas même un salaire minimum et se trouvent en grande difficulté. Le scandale des peuples affamés nous blesse. Nous devons développer, avec des politiques appropriées, l’accueil et l’intégration, en particulier des migrants et de ceux qui vivent comme des rejetés dans nos sociétés. Ce n’est qu’en nous dépensant dans ces situations, avec un désir altruiste inspiré par l’amour infini et miséricordieux de Dieu, que nous pourrons construire un monde nouveau et contribuer à édifier le Royaume de Dieu qui est un Royaume d’amour, de justice et de paix. […] À tous les hommes et femmes de bonne volonté, je vous souhaite de construire, jour après jour en artisans de la paix, une bonne année !
Voici ce qu’écrit un Qatari (né en 613 à Beit Qatrayé, situé dans l’actuel Qatar) : « La miséricorde est une flamme qui embrase le cœur pour toute la création, pour les hommes, pour les oiseaux, pour les animaux, pour les démons et pour tout être créé. Quand le miséricordieux les voit, ses yeux répandent des larmes, à cause de l’intense miséricorde qui étreint son cœur. Son cœur devient humble et il ne peut plus supporter de voir la plus petite offense, fait à une créature » (le moine Isaac de Ninive, connu aussi sous le nom de Saint Isaac le Syrien).
« Notre plus grand défi du jour : trouver les moyens de provoquer une révolution du cœur, une révolution qui démarre avec chacun.e de nous » (Dorothy Day).
« Quelques milliards de crève-la-faim Et moi, et moi, et moi Avec mon régime végétarien Et tout le whisky que je m’envoie J’y pense et puis j’oublie C’est la vie, c’est la vie » (Jacques Dutronc).
Des migrants qui viennent du sud et de l’est de l’Europe frappent à sa porte pour s’y réfugier. Les pays européens situés confortablement loin de ces frontières sud-est se réfugient, eux, derrière le règlement européen selon lequel tout demandeur d’asile doit déposer sa demande de reconnaissance du statut de réfugié dans le pays par lequel il entre sur le territoire de l’Union. Ils s’arcboutent sur leur bon droit qu’ils ont en fait subtilement imposé, à partir d’une Convention vieille de 32 ans (signée le 15 juin 1990 par les représentants des Douze à Dublin) et qui a mis en place la procédure dite de Dublin. Cette signature s’est faite dans un autre monde, bien avant l’Union européenne des 27 et bien avant que le verrou Khadafi (cynique protecteur des frontières extérieures de la forteresse) se fasse explosé par Sarko et autres Rambos complices : -fi –zy : si !…
À quand des règles du jeu mises à jour, sur base d’une véritable solidarité équitable face à ces défis migratoires post-coloniaux ? Une solidarité volontaire ne suffit pas. La justice s’obtient dans la justesse, dans l’ajustement : s’ajuster ensemble avec courage et lucidité, dans l’ici et maintenant, sur base de l’équité. Fermeté dure de l’équité ET NON fermeture aux personnes. Doux du cœur pour les personnes ET NON mous des couilles dans le cadre du droit = dures durent les règles du jeu justes et ajustées ! Seule la justice-justesse nous sauvera des actes-réflexes et propos-réflexes extrémistes de tout bord.
Discours en janvier 2018 de Giorgia Meloni, plus de 4 ans avant de devenir la Première ministre d’Italie : « Ne viens pas nous faire la leçon, Macron. Les irresponsables sont ceux qui ont bombardé la Libye parce que ça les dérangeait que l’Italie ait un rapport privilégié avec Kadhafi dans le domaine de l’énergie. Au moment où nous sommes exposés aux champs migratoires, la France continue d’exploiter l’Afrique en imprimant la monnaie de 14 pays africains sur lesquels elle met sa signature, en faisant travailler des enfants dans les mines. Au Niger, la France extrait 30 % de l’uranium qui sert à faire fonctionner les centrales nucléaires alors que 90 % des Nigériens vivent sans électricité. Ne viens pas nous faire de leçon, Macron, parce que les Africains quittent leur continent à cause de votre politique en Afrique. Et la solution n’est pas de déplacer les Africains vers l’Europe, mais de libérer l’Afrique de ceux qui l’exploitent. Nous n’acceptons pas de leçon venant de vous. C’est clair ? »
Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a assuré la leçon inaugurale du cours de sciences politiques de l’UCLouvain, à la rentrée académique 2022. Il a souligné l’importance d’une société organisée solidement de bas en haut, capable ainsi d’assumer ses désaccords organisés : « Plus jeune, on m’a toujours dit que la diversité de la Belgique était un fardeau. C’est juste le contraire ! La démocratie, c’est quelque chose de compliqué, parce que c’est de l’humain, parce qu’il y a des opinions différentes, ce qui est normal. […] On entend souvent : en temps de crise, il faut un leader fort, capable de prendre des décisions et d’avancer. Je suis en désaccord complet avec cette idée. Regardez quel pays est la Russie aujourd’hui : un million de Russes ont essayé de fuir le pays, l’espérance de vie est de dix ans inférieure à la nôtre, le Benelux a un PIB supérieur au sien. […] Aucun grand enjeu ne peut être résolu seul·e ». En démocratie, nous construisons ensemble une société forte, des collectivités locales jusqu’aux institutions européennes, où chacun peut s’accomplir dans le respect de l’autre, où la richesse se bâtit sur la diversité. « Ne vous laissez pas convaincre par cette histoire de simplicité. Un leader fort a comme conséquence une société faible. »
La petite Belgique (11 millions d’habitants sur 32.000 kms2) vit au quotidien avec 7 gouvernements et a vécu sans gouvernement fédéral de plein exercice pendant 541 jours, en 2010-2011 !